Notre manifeste
« En créant le Mouvement Colibris, nous avons voulu donner un espace où les consciences puissent se fédérer, se relier, pour augmenter la force de leurs démarches individuelles et en faire un mouvement collectif. Il s’agit bien d’un ralliement que les dérives et les incertitudes que produit notre société contemporaine justifient pleinement. Ce que nous faisons, nous le faisons pour être cohérents avec les valeurs qui nous habitent et pour les générations à venir auxquelles nous devons transmettre une planète vivante et viable. » Pierre Rabhi
Le Manifeste du Mouvement Colibris
Depuis ses débuts, le Mouvement Colibris dénonce l’incendie qui se propage partout et qui est de plus en plus visible. Les pleins pouvoirs de l’argent et une vision utilitariste du vivant, incluant l’exploitation de l’humain par l’humain, ont déclenché une prédation des ressources naturelles qui met aujourd’hui en danger la vie sous toutes ses formes. L’incendie se propage très vite, notamment à cause de l’uniformisation des espaces, des cultures et du vivant, mais aussi des bouleversements climatiques.
Transformer nos modes de vie pour éteindre l’incendie
Face à cet incendie, nous dénonçons le solutionnisme technologique, c’est-à-dire la croyance que les solutions sont à chercher d’abord dans la croissance économique et technologique, car il déresponsabilise et illusionne. Nous avons la conviction que c’est dans l’engagement de chacune et chacun et dans une organisation différente de la société que s’inventeront des modes de vie et de travail plus sobres, écologiques et solidaires.
Nous assumons une posture radicale : nous cherchons à aller à la source du problème. Parce que nous sommes convaincu·es que la transformation de la société se nourrit de la transformation individuelle, le changement humain est au cœur de notre raison d’être. « Faire sa part », c’est cultiver en nous, et autour de nous, la bienveillance, la générosité, l’empathie, la solidarité ; c’est s’engager dans une remise en question de nos modes de vie ; c’est, enfin, se relier aux autres et participer à transformer collectivement notre quartier, notre commune et notre territoire.
L’avenir de l’humanité passe par des solutions basées sur le vivant
C’est grâce à la diversité que les êtres vivants ont su élaborer au cours des millénaires des stratégies efficientes face aux bouleversements de l’environnement. La transition doit s’appuyer sur cette richesse des liens et des interdépendances entre les populations avec leurs milieux et les ressources naturelles. En conséquence, nous œuvrons avec d’autres à promouvoir un mode de vie plus sobre qui satisfait les besoins essentiels de toutes et tous, sans hypothéquer ceux des générations à venir.
Nous bâtissons de nouveaux communs, et contribuons à d’autres. Nous répondons à nos besoins de base en cherchant un équilibre avec le reste du vivant, et là où nous le pouvons, nous utilisons nos compétences humaines pour réparer et reconstruire ce qui a été détruit ou endommagé. Dans ces espaces, nous nous rassemblons autour d’une ressource, qu’elle soit matérielle ou immatérielle, pour partager son usage, garantir sa pérennité et ainsi soutenir son existence comme nos projets. Nous le faisons avec l’envie de renforcer le pouvoir d’agir, au lieu de penser ou de faire à la place.
L’action locale comme source d’un changement global
Si les crises climatiques, écologiques et sociales, rendent nos défis immenses, agir en faisant sa part permet à chacun·e d’être acteur·rice des mutations globales. C’est à l’échelle du bassin de vie que les citoyennes et citoyens et les collectifs ont la plus grande chance d’interagir et de maîtriser les processus initiés sans attendre le « grand soir ». Nous pensons donc que l’échelle locale est celle qui permet d’initier de profondes transformations pour protéger les territoires, les écosystèmes, les cultures et favoriser une bascule de notre société. De plus, ces actions locales nourrissent et aiguillonnent les grandes mutations à engager dans le pays, en Europe et dans le monde.
La légende du colibri a encouragé des millions de personnes à s’engager, à « faire leur part », dans des actions qui sont essentiellement collectives et locales. Nous veillons à n’oublier personne sur ce chemin de transformation, notamment les plus précaires d’entre nous, afin que les transitions écologiques et sociales se conjuguent. Nous souhaitons que l’avenir s’écrive avec chacune et chacun.
Respecter la diversité humaine et préserver les liens collectifs
Parce que nous sommes convaincu·es que nous faisons toutes et tous partie de la solution, nous expérimentons quotidiennement de nouveaux chemins grâce à l’intelligence collective. Notre posture est d’accueillir les différences et mêmes les divergences, de veiller au maintien des liens humains ou à leur restauration. Nous veillons au respect de la singularité des êtres vivants, pour que cette reliance soit source d’enrichissement et de justice sociale.
Nous croyons qu’il faut inviter chacune et chacun à s’engager à son niveau et à construire sa propre vision du monde, nourrie d’espaces collectifs de réflexion et de coopération. Nous cultivons une réponse non violente face aux crises et nous réfutons le prosélytisme, les visions unilatérales et le prêt-à-penser simpliste et manichéen. Nous croyons important d’agir, chaque fois que possible, « avec » plutôt que « contre », même si nous apportons notre soutien à la dénonciation des atteintes aux personnes et au vivant, ainsi qu’à des formes pacifiques et collectives de désobéissance.
Notre interdépendance est parfois notre difficulté, mais elle est assurément notre force.