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Rediffusion de la webconférence "Comment engager une décroissance répondant à nos besoins essentiels et à ceux des territoires ?"

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  • Économie
Résumé La décroissance oui, mais comment ? Avec quelles conséquences pour l'emploi ? Des pistes, avec Timothée Parrique et Eva Sadoun.
Billet Alors que le gouvernement invite les Français·es à faire preuve de sobriété, il est temps de repenser nos modes de production et de consommation pour les mettre au service des besoins essentiels de chacun·e, dans le respect des limites écologiques.
Alors que les études empiriques montrent qu’il est difficile de faire croître le PIB tout en diminuant l’empreinte écologique de l’économie, il est tout aussi illusoire de croire qu’il est possible de verdir la croissance en recyclant plus, en développant les énergies bas-carbone ou en « tertiarisant » l’économie.
Il est nécessaire de penser un projet qui « déséconomise » son rapport au monde et respecte ses principes de fonctionnement biophysiques, un régime de décroissance avec un rapport différent à l’économie, à la nature, et à la démocratie. Mais comment ? Et avec quelles conséquences pour nos emplois ? Et pour les secteurs de l’éducation, de la santé ou pour la gestion des ressources naturelles ?


Cette webconférence s'est tenue le 10 novembre dernier avec :

- Timothée Parrique, chercheur à l’école d’économie et de management de Lund University (Suède). Docteur en économie du Centre d’Études et de Recherches sur le Développement (Université de Clermont Auvergne, France) et du Stockholm Resilience Centre (Stockholm University, Suède). Auteur de Ralentir ou périr. L’économie de la décroissance, aux éditions du Seuil.
- Eva Sadoun, entrepreneure, activiste et auteure du livre Une économie à nous. Cofondatrice de la plateforme d'investissement dans des entreprises à impact social et environnemental Lita.co, coprésidente du Mouvement Impact France.
Elle était animée par Anne-Sophie Novel, journaliste.

En bref


Sur le fonctionnement actuel de l’économie


Associer économie avec croissance et PIB est révélateur d’un dysfonctionnement. Le rôle de l’économie est de satisfaire les besoins, en garantissant les conditions d’habitabilité de la planète et en minimisant l’impact sur les ressources. Aujourd’hui l’économie n’est pas du tout parcimonieuse, au contraire elle permet la démultiplication de productions et de consommations de façon complètement décorrélée du bien-être de tous.

Sur la décroissance


Il ne faut pas tout faire décroître : le secteur de la santé, de la culture, l’éducation... doivent croître.
Ne pas opposer l’innovation et la sobriété : il faut à la fois inventer des nouvelles manière de faire (production d’énergie propre, agriculture saine...) et réduire notre consommation.
Il faut garantir l’équité, ne pas accroître la précarité et les inégalités.

Par où commencer ?


La première des urgences, c’est d’arrêter d’encourager la croissance. Tout ce qu’on observe aujourd’hui est la résultante de choix historiques d’architecture économique. Si on n’est plus satisfait des conséquence de ces politiques — le PIB qui grimpe sans que cela augmente le bien-être, tout en alourdissant l’impact écologique — il va falloir changer d’architecture.

Comment procéder ?


Il est important que la sphère politique reste hermétique à la sphère économique, afin que les règles du jeu ne bénéficient pas uniquement aux plus riches. Actuellement les décisions sont fortement influencées par les lobbys et la représentation patronale. Il faut créer de nouveaux organismes qui représentent la population, pour dessiner un avenir écologique différent.

Il faut également mieux éduquer les populations par rapport à cet avenir économique, les faire participer au débat économique.

Nous allons avoir besoin de réglementations, au niveau national comme européen, de propositions politiques fortes pour pouvoir adapter le système dans lequel on vit à cette nécessité de la sobriété : interdiction de la publicité, de la fast fashion, de certains véhicules polluants. L’État doit subventionner les usages les moins carbonés. Cela nécessite une révolution de nos institutions, qui n’est pas vraiment en marche aujourd’hui.

Il va falloir réduire les inégalités de richesse et pas uniquement de revenu, avec par exemple l’imposition de seuil maximum de richesse, de la même manière qu’on a défini un revenu minimum.

Dépasser les freins économiques, démocratiques, psychologiques


Il faut sortir de la logique de domination de la nature, et débattre d’un nouveau contrat social et naturel.

Plus personne n’arrive à légitimer le modèle capitaliste, obsédé par la croissance, les profits, au dépend de la santé sociale et de la résilience écologique. De l’autre côté, il y a une popularité croissante de l’écoféminisme, de la décroissance, de la pensée convivialiste, de l’écosocialisme. Les imaginaires sont en train de changer, mais il faut est accélérer ce changement.

Il va falloir planifier une transition écologique, ainsi qu’un atterrissage d’urgence du modèle capitaliste qui ne va pas tarder à se crasher.

Malgré l’enrichissement de nos sociétés, on se rend compte qu’on n’a pas assez de temps pour faire toutes choses qu’on a envie de faire. Le temps est la question la plus fondamentale de l’économie : le temps passé au travail, pour produire quoi, le temps avec nos enfants, etc. La décroissance serait non pas un appauvrissement mais plutôt comme un transfert de temps à faire d’autres choses, plus créatrices de richesse sociale et écologique.