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« Habiter, c’est bien plus qu’avoir un toit sur sa tête »

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Résumé Notre façon d’habiter la Terre pose problème à de nombreux égards. Comment y remédier ? Des réponses, avec Marion Perret-Blois et Gabrielle Paoli.
Billet
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Changement climatique, destruction du vivant, raréfaction de ressources, pollution, inégalités criantes… Notre façon d’habiter la Terre pose problème à de nombreux égards. Comment y remédier ? Comment les écolieux peuvent-ils apporter des réponses ? L’habitat écologique est-il accessible à toutes et à tous ? Nous avons posé ces questions à nos deux invitées.

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Marion Perret-Blois est à la fois urbaniste, avec une quinzaine d'années d'expériences dans les domaines du projet urbain, du projet paysager, du projet territorial, et écologue, pour une approche cohérente du territoire. Elle est également membre du comité de pilotage du Mouvement pour une frugalité heureuse et créative.

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Gabrielle Paoli a travaillé au Mouvement Colibris au développement du projet Oasis, puis a été directrice adjointe de la Coopérative Oasis pendant un an. Elle fait aujourd’hui partie de son conseil d’administration.


- Le domaine de la construction émet plus de 40 % des gaz à effet de serre pour les bâtiments, et bien plus avec les émissions induites par les choix urbanistiques : construction neuve plutôt que réhabilitation, extension péri-urbaine... Et fait disparaître tous les 10 ans une surface agricole équivalente à un département… Comment dépasser cet aménagement destructeur du territoire ?

Marion Perret-Blois : ça me parait important de reconnaître les désastres auxquels contribuent les politiques d’aménagement actuelles du territoire. Le Manifeste pour une frugalité heureuse et créative, lancé en 2018 par l’ingénieur Alain Bornarel, l’architecte-chercheuse Dominique Gauzin-Müller et l’architecte urbaniste Philippe Madec, cite d’ailleurs « la lourde part des bâtisseurs ». Il appelle à une métamorphose de l’acte de construire, plus qu’une transition en douceur. D’après Alain Bornarel, « nous sommes encore dans le temps de la chenille et celle-ci s’accroche. Il nous faut passer de toute urgence au temps du papillon. »

D’après moi, il s’agit de redécouvrir le territoire vivant, qui accueille nos établissements humains, les écosystèmes dont notre survie dépend. Notre mouvement met en avant ce joli mot de frugalité, dont l’étymologie (du latin frux, frugis, le fruit) parle du rapport aux ressources locales – le philosophe Apulée la définissait comme « la juste récolte des fruits de la terre ». Nous utilisons aussi le terme de ménagement, plutôt que celui d’aménagement du territoire. C’est une véritable révolution dans nos pratiques professionnelles : commençons simplement par chercher à ménager ce qui existe, par prendre soin de l’existant. Cette approche est en fait une redécouverte du bien commun, à partager entre tous les vivants, humains et non humains. Cela permet en outre de relier les luttes sociales et écologiques.
« On est dans une dualité folle, dans laquelle on construit toujours plus alors qu’on laisse du bâti tomber en ruine. »

Gabrielle Paoli : Je reviens d’une grande marche à travers la France et je n’ai pu que constater que le pays est partagé entre des zones absolument vides, avec des bâtiments délabrés entourés de terres agricoles quasi-désertes, et des zones urbaines laides, entourées de pavillons standardisés et de zones commerciales sans vie. On est dans une dualité folle, dans laquelle on construit toujours plus alors qu’on laisse du bâti tomber en ruine.

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Comment on sort de ça ? Comment on arrête d’artificialiser, comment on donne des logements à des gens en essayant de préserver les habitats des autres espèces ? Ce sont des questions complexes. La loi Climat de 2021, sortie suite à la Convention Citoyenne pour le Climat, prévoit de réduire de moitié la bétonisation d’ici 2031, et la réduire d’arriver à zéro artificialisation nette à l’horizon 2050. Et bien en août 2022, il y a eu un moratoire sur les décrets d’application, à cause d’une levée des boucliers des élu·es. Aujourd’hui on est coincé entre un état centralisé qui donne des directives souvent inadaptées, mais ambitieuses, et des résistances de la part des élu·es locaux, souvent aux prises avec des fidélités locales, des gens qui ont des terrains et demandent des faveurs... Il n’y a pas de vision d’ensemble, de prise en compte du bien commun. Cela fait que la situation n’avance pas, et qu’il ne se passe rien de satisfaisant, ni pour la beauté ni pour les animaux de notre territoire…

Je crois que la réponse est démocratique. Il faut impliquer les citoyennes et les citoyens dans l’aménagement. Mettre autour de la table des gens de sensibilités différentes et leur donner les moyens de décider ensemble ce qui est le mieux pour leur territoire. Cela permettrait de contrer les grandes entreprises, qui n’ont que la dimension financière en tête, et qui sont les premiers agents de la bétonisation, parce qu’on leur laisse les mains libres.
« Impliquer les citoyennes et les citoyens dans l’aménagement du territoire permettrait de contrer les grandes entreprises, qui sont les premiers agents de la bétonisation, parce qu’on leur laisse les mains libres. »

MPB : Je crois plus au réveil d’une volonté partagée de sortir des désastres qu’à la loi Climat, qui n’a qu’une ambition lointaine, à l’horizon 2050, et répète en fait beaucoup de dispositions déjà inscrites dans d’autres lois. Par exemple, depuis 1976, le principe ERC : éviter, réduire, compenser, est censé s’appliquer à la fois aux projets, et aux plans d’urbanisme. Ça veut dire que tout projet doit prouver que ses impacts sur la nature sont inévitables, qu’il n’y a pas moyen de faire autrement – et, par extension, que le projet lui même est nécessaire. Ce principe n’a jamais été correctement appliqué et reste insuffisamment connu ; il a été rappelé de nombreuses fois, et depuis 2016 on commence seulement à appliquer le maillon « compenser », alors que c’est bien évidemment le maillon « éviter » qui est important. On parle souvent du droit mou de l’environnement, mou ou mollement appliqué. Sans une volonté commune de rompre avec les facilités de l’étalement urbain, je ne pense pas qu’il y ait de révolution à attendre des lois. D’autant que la façon dont la loi Climat a défini cet objectif d’une diminution par deux du rythme d’artificialisation pose également question : il s’agit de diminuer la consommation des terres naturelles, agricoles ou forestières par deux, mais par rapport à la consommation constatée sur ce même territoire durant des dix années précédentes ; autrement dit, cela continue à donner un avantage aux territoires qui ont le plus artificialisé – les métropoles –, et à défavoriser les territoires ruraux qui sont en déprise.

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- En quoi, Gabrielle, les Oasis portent-elles une vision différente du vivre-ensemble sur un territoire, et pourraient inspirer les collectivités ?

GP : Les habitant·es d’écolieux essaient de penser, non seulement un habitat personnel, mais un habitat avec les autres, un habitat dans le cadre de la commune, un habitat qui s’articule avec des espaces naturels… Ils tentent d’imaginer une autre façon d’habiter ce monde, en intégrant des réflexions sur le travail, l’autonomie, la nourriture, le vieillissement, les enfants... En cela, c’est un prisme extrêmement différent. Ce sont des collectifs qui vivent et qui peuvent travailler sur place. Il y a une hybridation des modes d’utilisation de la maison. Ces habitats ménagent de la place pour les autres vivants. Par exemple, au Moulin Bleu, la maison est pensé de façon dense, avec une vingtaine d’habitants pour une longère qui était à l’origine dédiée à une seule famille. Ils ont replanté des milliers d’arbres pour recréer des haies, ne tondent pas la pelouse, font juste des chemins pour les humains… Le reste, c’est l’espace des sauterelles, des grenouilles, des hérissons… L’habitat est partagé, pas uniquement entre humain, mais entre humains, végétaux, et animaux !

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Plantation de haies au Moulin bleu

Après, l’enjeu n’est pas de remplir la France d’Oasis ! Le principal intérêt est de montrer qu’un autre mode d’habitat, durable et joyeux, est possible. Les oasis tentent d’être exemplaires, et dans l’ouverture des modes de pensées et de cultures. Par exemple, on est dans un pays où la conception de la propriété privée et la liberté individuelle ont une telle prédominance, que les modes d’habitats alternatifs sont considérés comme, au mieux farfelus, au pire sectaires. Aujourd’hui l’enjeu est de faire bouger les mentalités, et permettre à d’autres d’imaginer encore d’autres modes d’habiter durable, pas forcément collectifs.
« Habiter, ça veut dire bien plus que juste avoir un toit sur sa tête »

- Marion, as-tu des exemples de projets remarquables, à l’échelle de communes ?

MPB : L’exemple des oasis est fondamental en tant qu’expérimentation inspirante, même pour celles et ceux qui ne vont pas forcément s’inscrire dans le même modèle. Ce qu’on répète en permanence au sein du Mouvement de la Frugalité, c’est qu’il est nécessaire de passer du logement, comme produit, où l’habitant est un consommateur passif, à l’habitat. Parce qu’habiter, ça veut dire bien plus que juste avoir un toit sur sa tête.
Je voudrais citer comme exemple les coopératives d’habitats suisses, comme Équilibre, à Genève. Ce sont des immeubles associatifs, coopératifs, avec un assainissement complètement autonome avec des toilettes sèches, des composteurs, ainsi que des parcs de voitures partagées. Et ça fonctionne ! Aujourd’hui, ces coopératives changent d’échelle, vers des quartiers coopératifs : une ferme en maraîchage va alimenter la supérette du coin, et l’auberge porteuse d’un projet social, par exemple. À cette échelle, les gens ont des degrés d’investissement très différents, mais vont réussir à trouver leur place dans un ensemble où des germes de coopération sont possibles.

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Immeuble en bois de la coopérative Équilibre, à Genève

Dans les écoquartiers malheureusement, on est encore très souvent sur du neuf, en extension urbaine. C’est plus facile, et dans l’imaginaire de la transition, on doit avoir une esthétique différente de nos centres-villes anciens, du déjà-là. Mais on peut faire autrement. Aurélien Stavy, architecte urbaniste, du groupe Territoires frugaux, a réussi faire bifurquer une commande, à Rozoy-sur-Serre, dans l’Aisne. La Ville voulait un écoquartier exemplaire, qui s’implanterait sur une terre agricole, en périphérie. Aurélien a réussi à transformer la commande initiale en un projet de revitalisation du centre-ville et du territoire. En repérant les logements vacants du centre-bourg, en explorant les possibilités de réhabilitation inventive, sur mesure, de chaque logement… Et il arrive à proposer plus de logements que sur le champs de patates initial, au même prix !
« Faut-il encore construire ? »

Les conséquences positives sont nombreuses. D’abord une réactivation de fillières locales : bois, terre crue, paille, réemploi… Sont également proposées différentes dynamiques participatives, pour que les réhabilitations des bâtiments servent d’exemples et d’appuis pour impulser des projets d’auto-réhabilitation auprès de l’ensemble des habitants. Quant au terrain agricole prévu initialement, finalement préservé, il va pouvoir être reconverti en ferme pour l’alimentation de la cantine locale. « Faut-il encore construire ? », interroge le mouvement de la Frugalité. Ce projet porté par Aurélien répond que la production de mètres carrés en neuf ne peut plus être l’objectif, ni la seule réponse aux défis rencontrés aujourd’hui par nos territoires.

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Le projet d'écobourg a permis de d'éviter l'artificialisation d'une terre agricole par la construction d'un écoquartier neuf.

- Comme il est dit dans l’ouvrage « Commune frugale », du Mouvement pour une frugalité heureuse, les trois quarts des habitats de 2050 sont déjà là.

MPB : En tout cas ça serait bien ! Il y a un énorme chantier pour la réhabilitation, à laquelle les architectes sont encore insuffisamment formés. Là, il y a encore trop souvent un problème de coût, il faut qu’on réussisse à progresser. Cela peut parfois coûter plus cher de réhabiliter, notamment parce que, dans les opérations de constructions neuves ou de démolition-reconstruction, on ne prend pas en compte les externalités négatives : on consomme des ressources nouvelles et on jette à peu de frais, mais avec un coût environnemental énorme. La réhabilitation demande aussi un travail de conception au cas par cas, et aussi pose plus de difficultés à satisfaire aux normes et réglementations standardisées. En réalité, on va être sur des projets plus frugaux mais plus créatifs, et sur des chantiers plus complexes, mais plus intéressants. Car il faut voir aussi à quel prix sociétal on construit en neuf aujourd’hui : des métiers sous qualifiés, peu payés, une exploitation massive de travailleurs sans papier… Revenir à des métiers plus nobles, ça demande de la formation, du temps – et de changer de modèle, de façon globale et systémique.
« Crise du logement pour les humains et perte d’habitats pour la faune et la flore se développent en parallèle. »

- Nous sommes dans un pays riche, et il se trouve néanmoins 3,6 millions de personnes mal logées, près de 150 000 sans domicile... Comment répondre à cette injustice criante ?

MPB : Ce qui me frappe, c’est à quel point les luttes écologistes et les luttes sociales sont liées, alors qu’elles sont trop souvent montées les unes contre les autres. Nous sommes dans un système qui exclut à la fois les plus pauvres et le reste du vivant. Par exemple, on continue de prétendre qu’on bétonne les terres agricoles ou naturelles pour répondre à la crise du logement. Alors que ça devient toujours plus difficile de se loger dans les métropoles. Crise du logement pour les humains et perte d’habitats pour la faune et la flore se développent en parallèle !

Il me semble que certains mécanismes communs, à la crise du logement comme à la destruction des ressources naturelles, sont à l’œuvre : des marchés immobiliers et fonciers hautement spéculatifs, très rentables, très peu régulés et très liés à des dynamiques de métropolisation et de déterritorialisation de l’économie, où la terre et le logement sont des marchandises dont sont exclus ceux qui ne peuvent pas payer. La crise du logement n’est pas seulement une question de quantités de logements, mais une question d’accès financier à ces logements (loyer ou achat), et de proximité des emplois. Ce sont là en fait des questions économiques et politiques globales, sur lesquelles certes nous n’avons pas la main, mais qui doivent nous faire comprendre qu’il ne s’agit pas simplement de construire toujours plus pour résoudre les problèmes.
« Il n’est pas besoin de spéculation pour faire fonctionner un marché immobilier performant et à la hauteur des enjeux écologiques et sociétaux. »

D’ailleurs, il ne faut peut-être pas se contenter de demander toujours plus de logements sociaux pour répondre aux inégalités. Comme pour les destructions d’espaces naturels, pour lesquels on doit mettre en œuvre des compensations, le logement social est certes essentiel pour éviter qu’il y ait une crise majeure, mais c’est un palliatif – au passage payé par les impôts de toutes et de tous – tandis que les dysfonctionnements du système foncier et immobilier ne profitent qu’à quelques-uns… C’est pourquoi je m’intéresse beaucoup à des systèmes alternatifs qui proposent des expérimentations concrètes capables de démontrer la possibilité d’un autre monde, notamment pour créer des logements financièrement accessibles à toutes et à tous. Par exemple, le projet de la foncière citoyenne Communs dans laquelle je me suis investie, qui veut faire de l’habitat écologique, coopératif, mais aussi non spéculatif : les habitant·es n’y seront ni propriétaires, ni locataires, mais seront sociétaires ; ils en acquerront des parts en payant une redevance, calculée de façon à rembourser les emprunts et à entretenir l’immeuble, sur la base d’une propriété collective, détenue par la foncière, qui restera inaliénable et non spéculative par statut. Le modèle cherche ainsi à prouver par l’exemple qu’il n’est pas besoin de spéculation pour faire fonctionner un marché immobilier performant et à la hauteur des enjeux écologiques et sociétaux d’aujourd’hui.

- Vous n’avez pas parlé du coût de l’habitat écologique. Est-ce à la portée des ménages les moins aisés, des offices HLM, des communes ?

GP : Dans le réseau des écolieux, on a tous les prix possibles. Si on prend l’écohameau de Verfeil, dans le Tarn-et-Garonne, on est sur de la construction neuve, des maisons passives, à des coûts défiant toute concurrence, entre 300€ et 1000€ le mètre carré. Après, il y a beaucoup de compétences en interne, d’autoconstruction, de capacité à libérer du temps pour faire soi-même.
« Sur de la construction neuve, des maisons passives, on peut avoir des coûts défiant toute concurrence, entre 300€ et 1000€ le mètre carré ! »

MPB : Le problème n’est pas celui du coût, on peut construire écologique dans des coûts comparables à des constructions classiques. On peut compenser par un programme mieux défini : mutualisation des surfaces, conception plus fine qui permet d’optimiser chaque matériau… Les professionnels engagés dans l’architecture écologique et frugale contemporaine savent faire des projets qui prennent soin du territoire, de la planète, des habitants, et restent abordables. Préservation et cohabitation avec le vivant, priorité à la réhabilitation, bioclimatique poussée au maximum, recours aux matériaux biosourcés locaux – on parle du nouveau BTP : Bois Terre Paille Pierre – ainsi qu’au réemploi, mais aussi frugalité en énergie, en ressources, en technologie, en surfaces… C’est tout l’enjeu des groupes locaux du Mouvement de la Frugalité que de transmettre retours d’expériences et bonnes pratiques, pour aider architectes, urbanistes, paysagistes, ingénieurs à monter en compétences. D’ailleurs plusieurs bailleurs sociaux commencent à s’engager dans des projets écologiques, comme par exemple le bailleur Aquitanis en Nouvelle-Aquitaine.

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L'écohameau de Verfeil

Un des principaux blocages aujourd’hui ce sont les problèmes de norme, d’assurance, de réglementation… et les lobbies. Par exemple, on sait qu’on peut se passer de climatisation, sur tout l’hexagone, voire de chauffage dans le tiers le plus ensoleillé du pays. Mais les réglementations continuent d’imposer un système de chauffage dans les logements ! Il y a ensuite le recours aux matériaux à plus faible impact. Des professionnel·les se battent depuis une quinzaine d’années pour construire en bois sur plusieurs niveaux ; ils ont fait avancer les méthodes de calcul et les réglementations. D’autres ont été les pionniers de la terre crue ou de l’isolation paille ; ils en ont défini les qualités et les règles de mise en œuvre. Et voilà qu’une « doctrine » incendie plus sévère risque de mettre tout par terre. Et aujourd’hui que le réemploi de matériaux de construction, récupérés de démolitions ou de réhabilitations, se développe enfin, avec une créativité exceptionnelle, là encore, ce sont des questions d’assurances qui compliquent les choses, tandis que l’impact environnemental des milliards de tonnes de déchets de démolition n’est toujours pas réellement pris en compte dans les bilans conventionnels.
« Les techniques frugales et écologiques n’ont rien de rétrograde, et n’ont rien à envier aux maisons en parpaings qui ont brusquement recouvert la planète ! »

Il faut maintenant réussir à faire connaître ces alternatives auprès du grand public et des élus, et à dépasser l’imaginaire des trois petits cochons, où les maisons en paille et en bois se cassent la figure au premier coup de vent ! Il faut convaincre que ces techniques frugales et écologiques, si elles retrouvent souvent des logiques à l’œuvre dans l’architecture vernaculaire [architecture « indigène », communément répandue dans un pays, un territoire donnés à une époque donnée, ndlr], n’ont rien de rétrograde, et n’ont rien à envier, bien au contraire, aux maisons en parpaings qui ont brusquement recouvert la planète.

Il y a un formatage, lié à l’idéologie dominante, qui est présent en permanence. Quand on répond à leurs inquiétudes, les gens sont rapidement convaincus.

Pour aller plus loin

Nous invitons chacun·e d’entre vous à participer à la réflexion ! Donnez votre avis sur les grandes orientations à donner à l’habitat , participez à notre grande consultation !
Les réponses à ce questionnaire viendront nourrir la réflexion pour engager une nouvelle politique, des initiatives collectives, et des transformations dans les territoires. Elles alimenteront dès 2023, des propositions de « défis de l’habitat » localement !



Créée par Colibris en 2018, la Coopérative Oasis soutient celles et ceux qui vivent ou souhaitent vivre en écolieux collectifs, par un accompagnement humain et financier. Aujourd’hui, 36 oasis ont été financées, pour un montant de près de cinq millions d’euros, grâce à l’épargne citoyenne. La coopérative a reçu en 2022 le prix de la finance solidaire, catégorie « épargne solidaire ».

Le Mouvement pour une frugalité heureuse et créative a été lancé en 2018 par l’ingénieur Alain Bornarel, l’architecte-chercheuse Dominique Gauzin-Müller et l’architecte urbaniste Philippe Madec. Ce mouvement, partenaire de la campagne Nouvelle (R), qui promeut d’autres façons de construire et d’aménager les établissements humains, rassemble aujourd’hui une quarantaine de groupes locaux et plus de 14 000 signataires.

- Une vidéo sur la coopérative d’habitat genevoise Équilibre

- Le projet d’écobourg d’Aurélien Stavy à Rozoy-sur-Serre :

Sur Colibris le Mag, le dossier « Dessine-moi une maison écolo ! » :
- « Construire frugal en Provence-Alpes-Côte d’Azur : 15 exemples inspirants », de Dominique Gauzin-Müller et EnvirobatBDM 2021, 28 pages, en libre téléchargement.

- «  La frugalité n’est pas la sobriété », par Philippe Madec, Topophile.net, septembre 2022.

Crédits photos :
- Chapô : Oasis des Âges.
- Parking : Agence d'Urbanisme du Territoire de Belfort, licence CC BY-NC-ND.
- Illustration écolieu : tirée du Hors-Série Kaizen / Colibris, Oasis, un nouveau mode de vie.
- Moulin bleu
- Immeuble en bois : Coopérative Équilibre
- Écohameau de Verfeil