Comment construire partout des territoires nourriciers et gagner en autonomie ?
Il y a dix ans, le Plan des colibris développait 5 axes prioritaires pour engager une mutation du système agricole et alimentaire :
donner à manger à toutes et tous ; relocaliser l’ensemble du système de production, de distribution et de consommation ; engager une agroécologie sans chimie ; produire sans hydrocarbures ni émissions de gaz à effet de serre ; libérer les semences et favoriser la biodiversité dans l’espace rural.
L’évolution en dix ans
Aujourd’hui, nous pourrions formuler les mêmes doléances, hélas ! Pour autant, sur le terrain, tout s’est accéléré. Le pire, et parfois le meilleur. L’agriculture est toujours responsable de 19 % des émissions françaises de gaz à effet de serre (14,5 % à l’échelle planétaire), les usages d’hydrocarbures, de pesticides et d’engrais pour produire notre alimentation n’ont pas cessé de croître tandis que les populations d’oiseaux ou de pollinisateurs s’effondrent, le nombre de paysans décline (- 21 % en dix ans) alors que les grandes exploitations gagnent du terrain, etc.- Durant cette même période, les filières de la bio et les circuits courts ont nettement progressé en France. Depuis un an, le bio ralentit et les circuits de proximité n'empêchent pas l’exportation hors du territoire d’environ 80 % des aliments qui y ont été produits – même en zones agricoles ! – pour les marchés d’exportation ou pour nourrir le bétail.
- Enfin, alors que l’aide alimentaire a explosé ces dernières années – à la faveur, notamment, du Covid – et que 30 % des personnes sont dans l’impossibilité de se procurer une alimentation saine en quantité suffisante pour faire trois repas par jour, le surpoids ou l’obésité touchent 21 % des enfants de 8 à 17 ans et près de 50 % des adultes, surtout parmi les catégories populaires.
Les priorités sont claires
- gagner en résilience alimentaire partout et préserver la biodiversité et la santé ;
- sécuriser les approvisionnements à l’échelle locale ;
- remettre l’alimentation au cœur de notre vie et des politiques publiques dans nos territoires ;
- permettre à chacune et à chacun d’accéder à une alimentation de qualité ;
- permettre aux agriculteurs et agricultrices de tirer un revenu équitable de leurs productions ;
- favoriser l’installation agricole de jeunes dans une voie écologique, alors que 40 % environ des agriculteurs partent à la retraite dans les dix ans.
- Nous sommes convaincus que la condition pour relever ces grands défis alimentaires et agricoles est de construire partout une réelle démocratie alimentaire : des espaces de concertation et de co-construction des politiques alimentaires locales avec toutes les mangeuses et mangeurs, notamment les plus précaires.