Comment assurer à chacun⋅e un toit
et repenser notre façon d’habiter la Terre ?

Changement climatique, destruction accélérée de la biodiversité, raréfaction de ressources, pollution de l’air, de la terre et de l’eau, inégalités criantes… Notre façon d’habiter la Terre pose problème à de nombreux égards.

Le secteur de la construction, ainsi que l’État et les gouvernements successifs, responsables de l’aménagement du territoire, ne peuvent se soustraire à leur responsabilité.

La faiblesse de l’action publique sur la rénovation énergétique du bâti existant, et sur la sobriété énergétique dans son ensemble, atteste d’une imprévoyance coupable – voir les appels frénétiques de la classe dirigeante à la sobriété ces dernières semaines. Les "passoires thermiques" entraînent des surconsommations énergétiques et des conditions déplorables de logement pour un grand nombre de personnes.

La mise à mal du financement du logement social, ainsi que le nombre de personnes sans domicile, témoignent d’un mépris pour des plus fragiles, et d’une absence de volonté d’offrir un logement décent pour toutes et tous, pourtant un droit fondamental. Rappelons qu’en France, 3,6 millions de personnes sont mal-logées, et près de 150 000 sont sans domicile...

De plus, les coûts exorbitants des logements dans les grandes villes participent à l’exclusion des plus défavorisés, les éloignent de leurs lieux de travail, augmentent le temps passé dans les transports, le coût, le stress, diminuent la qualité de vie.

Enfin, le domaine de la construction contribue à l’émission d’au moins 40 % des gaz à effet de serre pour les bâtiments, et bien plus avec les émissions induites par les choix urbanistiques, telle la forte préférence pour la construction neuve plutôt que la réhabilitation, l’extension péri-urbaine, avec ses zones industrielles, ses hypermarchés... Choix qui suppriment, tous les dix ans, l’équivalent de la surface d’un département en terres agricoles.

Des alternatives, toutefois, se développent. Sur l’habitat, d’abord. Des édifices bioclimatiques sortent de terre, sains et agréables à vivre, parfois sans besoin de chauffage, pas plus cher que les constructions classiques. La construction en bois progresse, même dans des bâtiment d’envergure. L’usage de la terre crue, de la paille, du chanvre, retrouvent leurs lettres de noblesse. Toutes ces avancées consolident le développement de filières et de savoir-faire locaux à l’échelle des territoires.

La sobriété en énergie, en matières premières, en entretien induit des approches « low tech », des techniques pertinentes, adaptées, non polluantes ni gaspilleuses, des appareils faciles à réparer, à recycler. La sobriété refuse l’hégémonie de la vision techniciste du bâtiment et souhaite impliquer les occupant·es. Les oasis, ces habitats participatifs et écologiques, sont l’incarnation de cette recherche de réduction des nuisances et d’augmentation de la convivialité, du partage, du bien-vivre ensemble.
À l’échelle du territoire, ensuite. Urbain ou rural, il importe également de refuser l’uniformisation d’un aménagement aveugle au contexte, aux cultures, aux lieux. Et d’employer l’espace et les ressources avec attention, en respectant au maximum les équilibres naturels, et les autres vivants.
Quels défis – immenses ! – que de faire primer l’intérêt général – des communautés humaines, de la grande communauté des vivants – dans un domaine où les intérêts économiques sont énormes, et la vision politique d’hier, techniciste et matérialiste, est encore dominante. Et de (ré)inventer d’autres manières d’habiter la Terre, plus conviviales, en adéquation avec les ressources disponibles, avec l’impact le plus faible possible sur les écosystèmes, et en laissant de la place aux millions d’autres espèces !


Une consultation pour construire les défis de l’avenir

Depuis dix ans, le Mouvement Colibris s’est mobilisé, aux côtés d’autres réseaux, sur ce défi de « l’habiter autrement » : à travers des centaines d’actions de terrain avec les groupes locaux ; par un Mooc « concevoir son oasis », suivi par des dizaines de milliers de personnes ; en soutenant la création d’écolieux – plus de 1200 aujourd’hui en France ! –, à travers la Coopérative Oasis et le réseau des Oasis…

Notre consultation citoyenne est la première étape d’une campagne visant à élaborer ensemble d’ambitieux « défis de territoire » au niveau l’habitat et de l’aménagement du territoire, et de les expérimenter collectivement avec tous les acteurs locaux.


Sources



Les ressources liées