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Hommage à Alain Aubry



Colibris aujourd’hui est en deuil. Alain Aubry, qui fut notre collègue pendant près de sept ans, nous a quittés dimanche. Toutes nos pensées vont à son épouse, Nathalie, et à sa famille.

Par-delà la tristesse qui nous inonde, nous gardons le souvenir d’un grand colibri.

Rochelais, ancien professeur de guitare, Alain participe en 2003, dès sa création, au MAPIC, le Mouvement pour l'Appel à l'Insurrection des Consciences, parti politique créé après la candidature de Pierre Rabhi à l'élection présidentielle de 2002.

De 2005 à 2007, il co-organise le Festival de la Terre à La Rochelle, et travaille à la synergie de nombreuses associations locales. En 2008, il est appelé par Cyril Dion pour participer à l'aventure de la toute jeune association Colibris, appelée à l'époque "Mouvement pour la Terre et l'Humanisme".

Pendant sept années, il œuvre, sur le terrain, à rassembler les énergies de centaines de bénévoles, et de bâtir les fondations de notre réseau. Il est l'organisateur des tournées de Pierre Rabhi partout en France, en Suisse, en Belgique, faisant toujours salle comble. En permanence, il a pour objectif de mettre en lien les acteurs locaux et ceux qui se retrouvent dans les valeurs de la Charte pour la Terre et l'Humanisme, et qui veulent agir. Véritable artisan de la coopération, Alain aide à l'éclosion des collectifs, en particulier dans leur gestion du PFH, ce "putain facteur humain" qui peut devenir, si on le cultive avec attention et empathie, un "précieux facteur humain".

Alain Aubry (au centre), lors du Forum ouvert "Transformons nos territoires", en novembre 2011, à la Ferme du Buisson (77)

Très vite, naissent des dizaines de groupes locaux, qui se font les relais de la démarche de Colibris, en offrant localement des espaces de rencontres, d’échanges et d’actions.

Infatigable tisseur de lien, Alain travaille au développement de la coopération entre les structures de la société civile, à travers par exemple l'Alliance pour la Planète, l'Alliance Civique pour l’Humanité, Beïja Flor, La Grande Pause, Libérons les élections, Les États Généraux du Renouveau, Les États Généraux du Pouvoir Citoyen, le Collectif pour une Transition Citoyenne, ou encore Montreuil en Transition, où il habitait alors.

Alain quitte Colibris au début de l'année 2014, à cause de profondes divergences avec la direction, sur l'approche jugée trop descendante, le manque d'écoute des groupes locaux, ou les difficultés de coopération avec d'autres organisations…

Il poursuivra sa route en Drôme, toujours pétri des mêmes valeurs, avec notamment avec les projets du Printemps de l'Éducation, les Agoras de la Démocratie Intérieure, ou Additionnons nos Forces, constatant que "la coopération entre les acteurs du changement n'est pas à la hauteur de ce qu'elle devrait être, face à la gravité de la situation climatique, économique et sociale."

Il s'est éteint dimanche 26 avril, à l'hôpital de Crest.


Nous laissons ici la parole à d'anciens collègues, amis, et partenaires.


Certains sont phares, d’autres piliers, certains vivent pour leurs structures, d’autres les dissolvent en archipels, certains sont top down, d’autres sont bottom up, certains sont Putain de Facteur Humain, d’autres Précieux Facteur Humain, certains sont fédération, d’autres sont réseaux, certains sont lumière, d’autres plutôt ombre, certains sont intention, d’autres, attention, certains parlent, d’autres écoutent, certains sont religieux, d’autres spirituels.

Il a joué sa partition au grand jazz de la vie, ses coups de gueules et colères entraient en rythme avec ses sourires, voix légèrement vibrante du sax soprano.

Alain est un tisseur, un homme de lien, de réseau, il cherchait ce qui permet à l’Homme de révéler son Précieux Facteur Humain. Avec encore récemment Additionnons Nos Forces, et en ce début d’année le retour d’expérience des grands réseaux… Il est, jusqu’au bout, au charbon pour toujours grandir nos Humanités.

L’histoire retient surtout les premiers, mais sans les seconds, il n’y aurait simplement pas d’histoire.

Merci grand musicien tisseur, on va continuer à relier, additionner, réseauter, archipeliser.

On va poursuivre tout ça l’Ami !

Laurent Marseault


Alain a été un compagnon de route pendant sept ans dans la création du Mouvement Colibris auquel il a énormément donné pour construire le réseau, pour faciliter les relations humaines entre des gens qui n’étaient pas toujours d’accord, pas toujours du même monde, et il l’a fait sans jamais compter son temps ni son énergie, et avec une très grande intelligence et humilité. 

Cyril Dion


Alain anime l'Université d'été des colibris, aux Amanins (26), en juillet 2012

Je me souviens de son sourire quand, en réunion, je levais les yeux au ciel parce que la réunion durait des heures et que j’en avais marre. Jamais je ne l’ai entendu dire du mal sur quelqu’un, jamais de jugement. Il restait toujours positif. Si une personne dans ce monde qui me semble tout gris aujourd’hui avait compris l’importance et le sens de ce Putain de Facteur Humain, c’était bien Alain.

Caroline Bourret


Ce fut un compagnon de route de mes débuts chez Colibris. Par la suite même si nous n'étions pas toujours d'accord, loin de là, cette route que nous tracions ensemble m'a fait grandir. Merci pour ça.

Marianne Mamou


Cher Alain,

Je te revois encore lors de notre premier entretien dans un TGV, lieu à l’image de la mission qui allait être la tienne pour le mouvement : rencontrer les colibris sur le terrain, accompagner, tisser des liens, soutenir l’émergence des groupes locaux du mouvement à travers toute la France... Avec ton enthousiasme, ton énergie communicative et ta pédagogie, le prof de musique humaniste que tu étais a fait merveille, ça t’allait comme un gant !

De toi je garde le sourire des yeux, la générosité du cœur, l’engagement pour vivre et partager tes valeurs de coopération, d’écoute, de dialogue, inlassablement, même quand c’était difficile.

Le mouvement te doit beaucoup, Alain ! Mon cœur te rend hommage avec gratitude et affection.

Isabelle Desplats


Dès la première fois que j’ai rencontré Alain, en 2011 lors d’un Forum ouvert, son discours a résonné en moi et m’a conforté dans mon envie de me reconvertir et mettre toute mon énergie à œuvrer pour transformer ce qu’il nommait le PFH, le Putain de facteur humain, en Précieux facteur humain. Ces mots, ce leitmotiv, continuent de me porter au quotidien. C’est, je pense, LE défi du changement de cap que nous avons à relever pour construire cette société que nous souhaitons plus humaine et écologique, et il l’avait bien compris. Permettre la coopération, la reliance entre les individus, revenir dans l’Être plutôt que l’Avoir, afin que les individus et les collectifs retrouvent leur pleine puissance. Alain incarnait cette posture au quotidien. C’était un ouvrier du lien au service de la coopération pour une montée en puissance de la société civile.

Un grand merci à cet homme authentique et généreux qui a su donner sans compter pour défendre et essaimer des valeurs qui étaient chères à son coeur. Il a su transmettre cet amour de l’humain que nous mettons parfois, souvent, en doute... À nous de continuer à arroser et nourrir toutes ces graines qu’il a semées, pour qu’elles deviennent de magnifiques fleurs épanouies et donnent d’autres graines à leur tour.

Merci à toi Alain. Cette aventure continue !! Paix à ton âme.

Marie-Hélène Pillot


Que de moments partagés, de rencontres réseau aux Amanins, de forums ouverts à travers la France...

Alain a façonné le réseau des groupes locaux Colibris, et bien d'autres, avec l'humain au cœur du changement comme boussole. Sa croyance en la coopération était sans faille, exigeante, formatrice.

Merci pour tous ces apprentissages que j'ai compris par la suite, et qui continueront de m'accompagner.

Anne-Laure Charrier


Mon ami,

Depuis que ton combat contre la maladie a été connu d’un plus grand nombre ces dix derniers jours, je vois, j’entends, partout aux quatre coins de France, et par-delà sans doute, se multiplier des pensées, des soutiens, de la reconnaissance. Je sais que cela t’a profondément touché, fait du bien, apporté une énergie de réalisation, un petit quelque chose que tu attendais.

Toi l’ouvrier du lien, tu n'as eu de cesse de chercher le bon ouvrage et la meilleure façon pour faire avancer la société et l’humain, à ton échelle.

De La Rochelle à toutes les routes de France, tu as sillonné sans relâche, pour diffuser ce en quoi tu croyais, un champ des possibles à mettre en oeuvre. Tu as finis par poser ton bâton de marche auprès de Nathalie, la femme de ta vie. Tu as continué alors sur des chemins plus intérieurs, en faisant même au passage des « agoras de la démocratie » :o)

Nous sommes un grand nombre à garder une trace de toi. Toutes celles et ceux chez qui tu auras impulsé des élans et de nouvelles énergies ; chez qui tu auras pollinisé des savoir-faire et des actions. Toutes ces organisations en quête de coopération auxquelles tu auras amené ton regard et tes interpellations. Colibris dont tu as été un des acteurs clefs tant dans sa construction et son histoire que dans sa gouvernance et son réseau.

Coopérer pour changer ? Changer pour coopérer ? Cette conversation nous animait encore et toujours il y a un mois à peine.

Le temps a passé vite mon ami. Je te sais parti en paix, léger, et j’en suis sûr toujours engagé, prêt à continuer là où tu es maintenant.

Cyrille Bombard


Alain est à l'origine du réseau des groupes locaux de Colibris. Il portait une magnifique vision de décentralisation, de montée en puissance des citoyens et de fonctionnement en archipel. Il a toujours été à l'écoute, prêt à découvrir de nouvelles choses et à débattre sur plein de sujets, à offrir son beau sourire et son rire communicatif. Je me rappelle de beaucoup de beaux échanges avec lui, sur des sujets très variés. C'était vraiment un tisseur de liens et un défricheur sans relâche des chemins de transition. Tout l'écosystème de Colibris est triste de ce départ. À nous d'honorer sa mémoire en continuant son œuvre.

Mathieu Labonne


Alain est parti, dans son sommeil et accompagné des siens... un peu à l'image de sa vie, entouré et aimé.

Alain a tellement donné pour les autres et l'engagement citoyen, il faisait le lien, il rassemblait, il donnait, recevait aussi et râlait de temps en temps. Un sacré compagnon de route pour Colibris à qui il a donné sans compter pendant de nombreuses années.

Merci pour tout, tes sourires, ton sens de l'action à mener et tes magnifiques photos que je garde précieusement. Tu ne pourras pas lire ces mots, d'autres le feront, d'autres se rassembleront en ton nom et pour de belles causes, d'autres feront lien grâce à toi, bref, nous serons toujours unis quelque part. Bien à toi avec énormément de gratitude. 

Flore Cercellier


Alain,

Tu t’en es allé…
Et pourtant j’entends encore tes conseils, nos échanges, je vois encore nos rires, nos coups de gueules, nos discussions enflammées, nos regards de cœur.
Merci à la vie de t’avoir connu et d’avoir fait ce bout de chemin avec toi, depuis le MAPIC à Colibris.
Tu m’as appris à cultiver le lien, le lien à soi, le lien aux autres, le lien de la coopération, le lien de l’intériorité ... pour transformer ce Putain de Facteur Humain en Précieux !
Tu m’as enjointe à être vigilante à l’ego des structures, quand nous commençons à croire nous sommes LA structure, LE groupe qui va tout changer, qui détient LA vérité… nous nous fourvoyons.
Tu as été la pierre angulaire des groupes locaux Colibris pour que le nouveau récit se vive dans l’action sur les territoires, puis pour qu’ils forment un réseau pour donner à voir la diversité, la complémentarité, la richesse de local.
Tu nous as montré la voie de la coopération notamment avec le Collectif pour une Transition Citoyenne et avec le Printemps de l'éducation.
Je me revois lors de mes premières animations autour de « Solutions locales pour un désordre global », devant demander à une salle entière de sauter en disant : « vous venez de faire un Sursaut de Conscience »… et je riais en pensant :  « mais quel est le fou qui me fait faire ça ! »
Et je me souviens de ton immense joie à partager que tu étais amoureux. C’était du bonheur en barre.
Tu nous laisses un bel héritage, nous en prendrons soin, nous le cultiverons.

Vivons Grand, Vivons Beau, Vivons Joyeux !

Emma Ribes


Alain, je replonge dans ce que fût notre présent pendant plus de dix ans : le plaisir de se voir, d'échanger. De se demander comment on pourrait bien apporter notre petite touche pour que notre société se porte un peu mieux ; faire cela à la mesure de nos moyens....

Ce fût d'abord des coups de fil. Certains aisés : "Claude, voudrais-tu bien accepter de faire partie du CP de Colibris ?" ; "je viens à Paris tel jour ; peux-tu m'accueillir chez toi ?" ; "j'ai un petit conseil informatique à te demander". D'autres plus difficiles, comme celui m'annonçant ta détermination de quitter Colibris, où j'essayais de te retenir...

Dans chacun de ces échanges, c'est la question de comment mieux faire, comment chacun à notre place être au plus juste de soi-même, que nous partagions. Et le fil rouge de l'amitié courait dans ces échanges, avec nos différences, toi souhaitant du concret, moi trop facilement convaincu que ce sont les idées qui mènent le monde. Toi toujours dans la volonté de l'émergence du réseau, moi soucieux de la réussite de chaque collectif.

Quand tu venais au Kremlin-Bicêtre, j'aimais t'accueillir. J'admirais tes cahiers, comment tu préparais tes réunions. Je t'accompagnais le mieux possible dans tes coups de gueule, dans tes colères ; sur la nécessité d'unir nos forces, contre le "blabla".

Tu t’es beaucoup donné ; tu as beaucoup donné. Maintenant que tu as rejoint la Lumière, tu restes un repère, l’ami.

Claude Henry


Crédits photos : Fanny Dion et Patrick Lazic


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Pendant le colloque "Quels chemins pour une économie non-violente ? " à St Antoine l'Abbaye en juin 2011, Alain a présenté la campagne "Transformons nos territoires" et la campagne citoyenne "Tous candidats en 2012". Il a également appelé à rejoindre le mouvement des "villes et communautés en transition". Il n'a pas manqué de nous dire que le PFH, précieux facteur humain, peut être également, quand il y a de la crise dans l'air, le putain de facteur humain.
Adieu, Alain, envoie-nous de bonne ondes depuis là où tu es maintenant !
Etienne Godinot