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Agora : renforçons le réseau d'éducation à la nature !


À l’issue de ces huit mois d’Agora des Colibris, consacrés à « la (re)connexion à la nature, un défi pour l’éducation du XXIème siècle », une étape importante a été franchie. Du moins nous l’espérons...


La dernière rencontre sur Paris, les 15 et 16 juin 2019, dans le superbe centre Pan Piper mis à disposition par Béatrice et son équipe, a été un réel succès. Et d’abord grâce à l’énergie et à l’enthousiasme de plus de 70 citoyens. Des curieux, des enseignants, des éducateurs à la nature, des élues parisiennes - Célia Blauel, adjointe à l’environnement de la maire de Paris, Florence Herrero, élue à la mairie du 20ème arrondissement - des journalistes, et deux fondations qui nous ont accompagné durant cet atelier - Fondation Nature et Découverte, Terra Symbiosis [1]. 

La plupart des réseaux et des structures d’éducation à la nature [2] qui suivent cet atelier depuis le début, mais aussi l’Agence française pour la biodiversité (AFB), ont su se relier pour préparer un mouvement de connexion plus fort et plus durable en France. Trois groupes de travail ont ainsi précisé cette aspiration commune. 

UN INVENTAIRE POUR AIDER PLUS DE CITOYENS À SE RELIER À LA NATURE

Le premier groupe s'est penché sur la question de la réalisation d'un inventaire des actions existantes. Ce recensement sera très large : projets, structures, réseaux collectifs, mais aussi outils, formations, postures, approches pédagogiques, recherches, expériences, méthodes, rituels... 

« Il est apparu nécessaire, rapporte Raphaël Mellado (Printemps de l’Éducation), de matérialiser, de compiler, de rendre disponible tous les moyens pratiqués pour se connecter à la nature. L'idée n'est cependant pas de tomber dans une démarche injonctive. Il s'agit de proposer des solutions, en toute humilité, pour que les gens se les approprient ou pas. En ce sens, il sera utile de recenser aussi les limites, les échecs, les pièges et les écueils, qui nous détournent parfois de l’intention de départ. »

Et pour donner à voir cet inventaire, tous les moyens de communication sont envisagés : films, tutos, rencontres, expérimentations et expériences, cartographie, sites Web, témoignages, formations… « Cette tâche suppose en outre un travail de définition ou de clarification de ce que peut signifier pour chacun cette “connexion” qui ne semble être qu’un moyen, une voie possible vers un équilibre, une harmonie entre l’homme et la nature. »

Illustration réalisée par la facilitatrice graphique Gabriela Fabryova

COOPÉRER POUR ÊTRE PLUS PERCUTANT

Au-delà de ce nécessaire état des lieux, un deuxième groupe de travail s’est attaché à préciser les contours d’une future coopération au long cours des réseaux et structures d’éducation, d'études et de protection de la nature. Avec l’appui précieux des fondations présentes : « Cela fait des années que notre fondation et d’autres accompagnent des structures d’éducation à la nature sur tels ou tels projets, constate David Sève, directeur de la Fondation Nature & Découvertes. Nous avons tous besoin aujourd’hui d’évaluer l’impact de cet accompagnement et des actions menées sur le terrain, mais aussi de favoriser la coopération entre structures et réseaux pour gagner en efficacité, visibilité et impact. »

Un comité de coordination a ainsi été proposé à toutes les structures présentes – sans oublier celles qui n’ont pu être à Paris. Ce comité se réunira dans les semaines à venir, afin de définir collectivement ses missions et sa gouvernance. Et parce que se coordonner exige du temps, de l’énergie et une véritable animation, ces structures reliées réfléchiront aussi aux moyens humains pour faire avancer ce travail collectif – avec l’aide notamment des fondations.

LE TEMPS DU PLAIDOYER

Le dernier groupe de travail s’est attaché, quant à lui, à réfléchir à la dimension du plaidoyer. Tout en mettant en valeur les expériences et les études montrant les nombreux bénéfices pour la santé et le développement des jeunes (et des adultes !) à mieux se connecter à la nature, la journaliste du Monde Moïna Faucher Delavigne [3] a souligné que « cette démonstration a besoin de s’intégrer à un nouveau récit afin de toucher au cœur l’opinion et les décideurs. Ce récit à écrire doit être choral, riche de toutes nos expériences de nature personnelles et des propositions d’immersion en son sein portées par les diverses structures d’éducation à la nature existant en France. »

L’une des premières pages de ce récit pourrait s’écrire à l’occasion de l’élection municipale de 2020. Quel meilleur espace, en effet, que ces bassins de vie pour remettre les citoyens au cœur de la nature ? Plusieurs participants ont estimé que cette échéance, de même que le Congrès mondial de la nature, organisé par l’UICN à Marseille en juin 2020, seront deux bonnes occasions pour mettre au centre des agendas politiques la relation humain-nature. Ce plaidoyer pourrait prendre la forme d’un appel signé par les principales structures d’éducation à la nature, proposant des pistes d’actions concrètes.

Voilà, grâce au travail fécond que nous avons pu développer avec le Printemps de l’Éducation, cette Agora nous permet aujourd’hui d’aller plus loin tous ensemble. En effet, se connecter à la nature est une expérience intime, puissante, qui permet de retrouver du sens à sa propre vie, en sentant puis en comprenant que nous sommes la nature, que nous en faisons partie, que nous nous développons en interdépendance avec elle. Mais ce chemin du vie au cœur du vivant, « entre humains et non-humains » comme l’écrit l’anthropologue Philippe Descola, dépasse la sphère de l’intime. Il constitue en réalité un véritable projet de société. Une société mieux reliée au vivant, plus résiliente aussi en ce qu’elle s’appuie sur les ressources et sur l’intelligence de la nature.



POUR ALLER + LOIN


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  1.  La MAIF, présente à la précédente rencontre nationale à Montauban, a également soutenu efficacement cette Agora. 
  2.  Étaient présents les réseaux Sortir, École et Nature, Fédération Connaître et Protéger la Nature - CPN, Collectif Eduquer à la Nature (76), FEPAP (77), Le grand secret du Lien, Association Régionale pour l'initiation à l'environnement et à la nature en Alsace, associations Mésange & Libellule (72), Les Piverts (67), L’Oasis du Dragon (45), Nord Nature Chico Mendes (59), Éveil & Nature (26), Mountain Riders (73), Terre et Cité (91), Écologistes de l’Euzière (34), Le Lieu Utile (44), Institut des Milieux Aquatiques (64), ASPAS (26), Graines de Troc (17).
  3.  Moïna Faucher Delavigne et son collègue Matthieu Cherreau publieront en septembre prochain, aux éditions Fayard, une enquête conduite sur les pratiques de connexion à la nature dans les systèmes éducatifs en France et en Europe : L’enfant dans la nature. Pour une révolution verte dans l’éducation.

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Dans une conception élargie (se relier à soi même comme étape pour se relier à la nature) je vous signale un petit ouvrage intitulé "Trouve le verbe de ta vie" (éd. "La Nage de l'Ourse) d'une jeune auteure nommée Sarah Roubato. J'ai accueilli Sarah pour une soirée-rencontre étonnante, toujours dans un esprit proche de votre revue. Le fascicule est une lettre à un adolescent dans ce moment crucial où il va devoir savoir qui il est et décider qui il sera et comment. Je crois qu'il pourrait intéresser vos lecteurs. Le film qui s'en est inspiré, réalisé par des lycéens de la Réunion, a reçu le 1er prix du "Clap Diamant" 2018. N'hésitez pas à voir son site (www.sarahroubato.com) ou sa page facebook.

Merci de cette mention au nom des éditions la Nage de l'ourse. Notre démarche éditoriale s'inscrit pleinement dans ce mouvement de vie. Le livre de Sarah Roubato est le premier ouvrage que nous avons publié, c'est une belle aventure qui se poursuit.