Découvrez le MOOC (R)évolutions Locales pour s'engager collectivement sur son territoire
Recevoir des infos
Le MagDes idées pour construire demain
Mode d'emploi

Les Colibris portent le Pacte pour la Transition


LACT, le Lobby d'Actions Citoyennes de Toulon - ©LolaDiligent

De nombreux groupes locaux Colibris sont engagés dans le Pacte pour la Transition. Nous avons rencontré Pierre, du groupe local Colibris Narbonne, Daniele et Noëlle à Bordeaux, Philippe à Toulon, Laetitia en Pays agathois, et Jean-Jacques, du groupe local Provence Verdon. Ils nous livrent leurs retours d'expériences. Comment participent-ils au débat public ? Comment organisent-ils le dialogue avec les habitants, les élus, les candidats ? Comment réussissent-ils, à leur échelle, à transformer leur territoire ?


Pour le groupe local Colibris Provence Verdon (Var), l'adhésion au Pacte pour la Transition a été rapide, dès mars 2019, comme une "révélation" ! Même si ça n'a pas été facile. "Dans nos petites communes rurales, arriver avec des idées différentes, c'est souvent incompréhensible ! nous dit Jean-Jacques, membre du GL. On ne parle pas le même langage, et on semble parfois à cent lieues du quotidien des gens". Alors le groupe a lancé, en mai 2019, les Rencontres des Inspir'acteurs, un rendez-vous avec les habitants, tous les mois dans une commune différente, de préférence chez un paysan bio. "Pour rendre le pacte compréhensible au plus grand nombre, il faut s'adapter ! raconte Jean-Jacques. On essaie donc de relier les propositions avec la vie des gens".

En août 2019, le groupe envoie une enquête à 7500 personnes sur leurs besoins, composée de quatre questions simples : 

  •  Qu’est-ce qui vous plaît dans l’endroit où vous vivez actuellement (votre commune)?
  • A quelles activités (loisirs, sociales, culturelles, éducatives, sportives, militantes, etc) aimez-vous participer dans votre commune ou en Provence Verdon ?
  • Quelles autres activités souhaiteriez-vous dans votre commune ?
  • Qu'est-ce-qui n'a pas encore été fait pour améliorer la qualité de vie dans votre commune ?

Les retours sont plutôt nombreux - 300 réponses -, les gens en parlent et des candidats aux municipales contactent le groupe local. En septembre, le GL organise une Fête des Possibles, pour communiquer sur le Pacte, créer des liens et organiser des actions concrètes régulières : atelier "Faire soi-même", groupe de réflexion sur le covoiturage et la mobilité, Groupe "Le Jardin nourricier", Groupe "vers le Zéro Déchet", TROC aux PLANTS, atelier Autonomie alimentaire...

Depuis novembre 2019, le groupe local organise des Rencontres Citoyennes du Pacte, avec des projections de films (démocratie, participation citoyenne), et du travail en intelligence collective par petits groupes sur le choix des mesures du Pacte à appliquer sur chaque commune. Les Rencontres réunissent entre 40 et 70 personnes, dont plusieurs candidats, qui participent en tant que "simples citoyens". 

À l'heure où sont écrites ces lignes, six pactes ont finalement été signés, et quelques autres doivent l'être dans les prochains jours !

Démarche similaire à Ginestas (Aude), où le groupe local Colibris Narbonne a organisé, fin janvier, avec le collectif local du Pacte, la "Nuit des Idées". L'évènement a réuni une quarantaine d'habitants d’une vingtaine de communes, autour de la thématique « Vivons la Transition ». Au programme, projection du film "Démocratie(s)" de Henri Poulain, puis des temps de travail sur les conditions pour "vivre localement en démocratie". Là aussi, parmi les participants, deux maires et d’anciens élus, qui témoignent de leur expérience... 

En outre, le groupe local Narbonne a lancé une série d'émissions radiophoniques pour sensibiliser le public sur la démarche du Pacte, dans le cadre du Mag de l'environnement, diffusée sur les ondes de cinq radio locales. 

Non loin de là, le groupe local Pays Agathois a décidé aussi de s'inscrire dans la démarche du Pacte pour la Transition. Il a sélectionné 13 mesures pertinentes sur leur territoire, et même ajouté une mesure sur le tourisme. "C'est un enjeu essentiel dans notre commune : Agde, c'est 27 000 habitants l'hiver, et 200 000 l'été !", nous dit Laetitia. "Suite à l'envoi d'un questionnaire à nos 400 sympathisants, deux mesures sont en tête : appuyer la structuration des filières paysannes bio et locales ; protéger et nettoyer les espaces naturels.

"Avant, on n’avait jamais vu de politiques dans nos soirées. Mais après l'article du Midi Libre ["Les Colibris agathois veulent agir dans le cadre des municipales", le 9 janvier dernier, NDLR], les candidats étaient presque tous à la dernière !", se félicite Laetitia.

L'accueil du Pacte par les candidats est très divers, de l'incompréhension totale à l'adhésion enthousiaste

"Dans ma commune, Ginestas (1400 hab.), nous dit Pierre, le maire a abordé la question du Pacte avant même que j'en parle ! D'après lui, il y a au moins dix mesures qu'il pourrait signer ! "

"Chez nous, se désole Jean-Jacques, les candidats, à part quelques-uns, manquent de perspectives à long terme. Ils ne veulent pas parler de climat, pour ne pas faire peur aux gens !"

La relation avec les politiques est une question délicate. "On essaie de ne pas être récupérés par des listes. Parfois la presse nous colle l'étiquette verte, mais c'est pas notre souhait.", précise Laetitia.

LACT, le Lobby d'Actions Citoyennes de Toulon- ©LolaDiligent

La question est d'autant plus délicate quand certains colibris se sentent pousser des ailes, et se lancent dans l'aventure politique. À Bordeaux, plusieurs sympathisants colibris (hors "cercle coeur" du groupe local) se sont rassemblés sur la liste "Bordeaux respire" [qui rassemble la Gauche, du PCF aux Verts]. 

À Toulon, Philippe a quitté le "cercle coeur" du groupe local, pour s'investir dans le LACT, Lobby d'Actions Citoyennes, où il a pu apporté ce qu'il avait appris à Colibris, en intelligence collective, prise de décision par consentement, animation de forum ouvert… Finalement, le LACT a décidé de se retirer, et Philippe est aujourd'hui sur la liste citoyenne Toulon en Commun

Les municipales, une occasion de se relier aux autres organisations

Les groupes locaux agissent rarement seuls sur le terrain. Souvent, ils unissent leurs forces avec d'autres organisations. Par exemple, le groupe local Provence-Verdon s'est rapproché d'associations sociales, culturelles, de collectifs citoyens, de Gilets Jaunes, pour rassembler autour du Pacte. Ils ont créé une association collégiale, à vocation intercommunale, "l’InterCollectif Graines de Transition Rurale", pour mutualiser leurs moyens, leurs outils, et leurs actions de Transition. "Nous sommes portés par des valeurs communes, et cela produit une convergence intéressante d'horizons pourtant différents !", s'enthousiasme Jean-Jacques.

LACT, le Lobby d'Actions Citoyennes de Toulon- ©LolaDiligent

Sur le Narbonnais, le groupe local fonctionne en étroite collaboration avec Alternatiba, après une conférence de presse commune en janvier. Il travaille également avec Ecolocal, dans le cadre de son projet "Futur Narbona", d'appropriation du territoire et de son devenir par ses habitants.

Non loin de Bordeaux, le groupe local Colibris a animé le Forum ouvert organisé par les Amis de la Terre Val de l’Eyre, sur la question : "Comment imaginer la vie de nos territoires dès 2020 ? L’urgence climatique et sociale, c’est maintenant !" Des citoyens ont travaillé à des préconisations pour les candidats, et réalisé un questionnaire à destination des candidats. Leurs réponses (ou non réponses !) seront communiquées par voie de presse, sur les réseaux sociaux…

À Créon, une soirée co-organisée par Entre-Deux-Mers en Transition et les Colibris de Bordeaux a rassemblé 70 personnes, citoyens, candidats, et membres d’un collectif local du Pacte. Le premier objectif était de faire connaître - et de faire signer !- le Pacte Pour la Transition. "Mais nous souhaitions aussi, nous dit Noëlle du groupe local de Bordeaux, permettre aux participants d’expérimenter la démarche de démocratie contributive, en utilisant nos outils d’animation : world café, cercle samoan, cadre de confiance… A priori, expérience réussie avec une participation active et bienveillante !

Une prise de conscience toujours plus large, mais des obstacles encore immenses

Depuis des années, les groupes locaux Colibris déploient leur énergie à sensibiliser, relier, et apporter leur aide aux citoyens qui veulent agir pour leur territoire. Partout, ils sentent que les choses changent. Comme Laetitia, à Agde : "L'état d'esprit des politiques a changé. Ils sont plus réceptifs, presque en demande d'idées pour agir ! Notre groupe local porte la thématique "stop plastique" sur les plages et les marchés. On devrait voir prochainement une interdiction. Mais on reste vigilants là-dessus !"

Colibris… et la politique

La position de Colibris est claire : toute personne membre d’un cercle-cœur ne doit pas être dans un rôle d’élue ou inscrite sur une liste de candidats à des élections publiques. Cela, afin de garantir l’indépendance des membres d’un cercle-cœur, et d’éviter toute confusion ou étiquetage politique. Être élu est un rôle à part entière !
Plus d'infos

Autre son de cloche pour Jean-Jacques : "Sur le territoire, la population est vieillissante, et plus de 60% des habitants ne paie pas l'impôt sur le revenu. Les gens ont souvent une attitude de consommation de la politique, ils ne se sentent pas acteurs. Alors on fait de la sensibilisation, par des films, des formations sur l'intelligence collective, sur la citoyenneté... de l'éducation populaire, quoi ! Et même si nos rencontres citoyennes ne touchent souvent qu'un public déjà sensibilisé, on avance ! Aujourd'hui, avec les 9 rencontres du Pacte, on a touché 500 personnes (sur les 22 000 habitants des 16 communes), on est content !"

"Parfois, les obstacles résident dans des appréhensions sur la liberté de paroles et ses conséquences. On peut avoir peur d'apparaître dans une opposition à un pouvoir dont on pourrait un jour être redevable, nous dit Pierre. Avancer en pleine lumière, devant ses voisins, sa famille, pour entrer dans une logique de proposition et de dialogue auprès d'élus est encore perçu comme un risque trop grand de mise au ban du troupeau."



Pour en savoir plus

Commentaires

Cet article vous a donné envie de réagir ?

Laissez un commentaire !