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De la culture à l’agriculture : le Domaine du Possible


De gauche à droite : Jean Rakovitch, directeur pédagogique de l'École du Possible, Jean-Paul Capitani président de l'Université Domaine du Possible, Émilie Rousselou, directrice de l'Université Domaine du Possible, Françoise Nyssen directrice d'Actes Sud, Pierre Rabhi


Depuis cinq ans, se développe à quinze minutes d’Arles, sur les 136 ha du Domaine de la Volpelière, un riche écosystème agroécologique et éducatif. Membre du réseau des oasis, c'est dans ce lieu que s'est déroulée la première rencontre de l'Agora des Colibris autour des nouvelles formes d'installation en zone rurale. Au commencement de cette aventure, la volonté de Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen de créer une école suite à l'expérience vécue par leur fils Antoine dans le système traditionnel. Le volet agricole et les liens avec leur maison d’édition Actes Sud se sont naturellement construits par la suite...

Associer la culture de la terre et l’éducation des enfants

 « L’idée de cet endroit a émergé à l’occasion d’une discussion avec Pierre Rabhi. Je ne savais que faire de ce lieu, le Domaine de la Volpelière, raconte Jean-Paul Capitani, Président de l’Université Domaine du Possible et président du directoire d’Actes Sud. Mon grand-père et mon père y cultivaient des vignes et j’y avais, moi, installé en 1972 des moutons, puis des taureaux et des chevaux. En parlant avec Pierre, on est arrivés à la conclusion qu’il fallait que cette terre produise à nouveau.” Très naturellement, s’est vite greffé à cette dimension agricole un volet éducatif. Ainsi est né La Volpelière, Domaine du Possible.

Vue aérienne du cœur agricole de La Volpelière, Domaine du Possible

L’écosystème du Domaine du Possible

21 salariés sont employés par 4 structures distinctes :

** L’École Domaine du Possible – Association créée en 2015
L’enseignement prône à 70 élèves, à travers la pédagogie Montessori, l’expérience, la solidarité, l’échange et la coopération. De nombreuses activités sont proposées dans les journées scolaires, comme l’équitation, le potager, le chant… Une année scolaire représente un coût de 3 000€ par an et par élève.

** Terre et Saveurs – Association créée en 2015
La cantine sert les repas de midi aux enfants à partir de la production agricole du domaine.

** La SCEA agricole fondée en 1972 avec une remise en culture depuis 2017
Maraîchage biologique sur 5000m2, culture de luzerne, sorgho et de foin sur 30ha, blés anciens en agroforesterie sous des oliviers et des amandiers sur 15 ha, pâturage extensif sur 30 ha polyculture élevage, atelier de poules pondeuses et de chair. Le centre équestre “Les chevaux du possible” abrite 50 chevaux qui permettent aux enfants de l’école de pratiquer la médiation animale et l’équitation. Le centre équestre occupe une place fondamentale, en ce qu’il ancre l’école dans le patrimoine et la culture locale de la Camargue.

** L’Université Domaine du Possible - Association dont l’activité a commencé en 2016
Mène un travail de recherche et de formation autour de l’agro-écologie à grande échelle.

Concert donné par les élèves de l'École Domaine du Possible

En 2015, le couple d’éditeurs décide ainsi de créer un fonds de dotation pour financer une école, l’école Domaine du Possible, et de l’installer sur les terres agricoles familiales appartenant anciennement à Jean-Paul Capitani. L’objectif est d’accueillir les élèves en difficulté dans le système classique et de mettre en place un modèle d’établissement qui pourrait être reproductible ailleurs. 

Aux jeunes pousses de l’école s’ajoutent rapidement des pousses de tous types de légumes, avec la création de l’Université du Possible en 2016. « L’objectif de l’Université est bien la « recherche et formation sur l’agroécologie à plus grande échelle ». La parcelle agricole de 136 ha jouxtant l’école Domaine du possible est donc devenue le terrain de cette recherche. » explique Lionel Astruc, co-fondateur de l’Université Domaine du Possible.

Le centre équestre “Les chevaux du possible” abrite 50 chevaux qui permettent aux enfants de l’école de pratiquer la médiation animale et l’équitation. Le centre équestre occupe une place fondamentale, en ce qu’il ancre l’école dans le patrimoine et la culture locale de la Camargue.

L’agroécologie à grande échelle : un domaine de recherche encore pionnier

Dans la lignée de Jean-Paul Capitani, ingénieur agronome de formation et agriculteur bio dès les années 70, l’Université entend redonner à ces terres leur caractère pionnier. En effet, le changement d’échelle en agroécologie est complexe et encore trop peu connu. « Notre enjeu est de voir dans quelles conditions il est possible de transposer le génie de la microferme à l’échelle supérieure. explique Lionel Astruc. On ne peut pas juste copier/coller plein de petites microfermes pour en faire une grosse, il faut enclencher des dynamiques nouvelles, trouver des chemins et des relations inédites… »

Pour encadrer ce travail, un comité scientifique de haut vol est mobilisé. En charge de gérer l’agencement de la ferme et le programme de recherche, il est constitué de personnalités de référence dans leurs domaines : Jacques Caplat, Marc Dufumier, Perrine et Charles Hervé-Gruyer, Francis Hallé…

 L'apiculture faire partie des activités du lieu

D’Actes Sud au Domaine du Possible, une dynamique à la croisée de mondes

À travers ce comité scientifique, c’est bien le réseau d’auteurs d’Actes Sud que l’on voit se profiler. Et pour cause : la maison d’édition s’est, dès ses débuts, attelée à la publication, souvent à perte, de livres sur la nature et l’agriculture biologique par de nombreux experts inaudibles pour le grand public [1]. En outre, Jean-Paul Capitani et Françoise Nyssen ont toujours été portés par une vision holistique des choses. Leur objectif, constant, est bien de tisser des liens entre des mondes - celui de la culture et de l’agriculture, de la ville et de la campagne, des hommes et des animaux…

« Dès lors, mettre le patrimoine d’auteurs, de connaissances, de publications au service de la recherche de l’Université du Possible était une évidence, reprend Lionel Astruc. D’ailleurs, le nom même de l’Université est un écho à la collection « Domaine du Possible » qui donne à voir les solutions pour faire face à la crise écologique [2] ».

Une plantation d'arbres sur le domaine de la Volpelière

Aujourd’hui, l’écosystème rural du Possible s’ajoute et complète l’écosystème urbain d’Actes Sud. Bien plus qu’une maison d’édition, Actes Sud a en effet ouvert à Arles des bureaux, une librairie mais aussi un ensemble culturel constitué d’un restaurant, d’un cinéma, d’un hammam… Ainsi, chaque conférence organisée à Arles associe autant que possible un paysan, un artiste et un scientifique. Quant aux formations agricoles délivrées à la Volpelière, elles sont souvent déclinées en formats pour les enfants ou pour le grand public citadin voisin.  « L’un des enjeux clefs pour les années à venir est de réussir à mettre en place une coordination efficace et un management unifié entre toutes les structures de l’écosystème » explique Émilie Rousselou, directrice de l'Université Domaine du Possible.

 


Crédit photos : La Volpelière, Domaine du possible, libre de droits


[1] Notamment les tout premiers ouvrages de Pierre Rabhi, dont le Manifeste pour la Terre et l'Humanisme

[2] Colibris est co-éditeur sur de nombreux titres de cette collection.


Pour aller plus loin :



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