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Chronique Le Jardin sans pétrole #16

Les orvets sont une bénédiction pour le jardin


Jardiner dans la grande ville ? Difficile. Alors, Christine s’échappe toutes les fins de semaine, pour maraîcher et observer la nature. Médiatrice, écrivaine et journaliste, Christine écrit et expérimente autour des plantes, des jardins et de l’écologie, à Reporterre, où elle tient la chronique hebdomadaire du "Jardin sans pétrole" depuis cinq ans, mais aussi pour les éditions Belin, avec L’herbier Vilmorin (2015).


Article publié le 8 avril 2017

Au milieu des plantes en fleurs et dans les chants d’oiseaux, deux orvets ont investi le Jardin sans pétrole. Quand ils abandonneront la chaleur du tas de compost, ils feront un festin des limaces !


La pluie annoncée pour samedi après midi, qui nous a fait sortir du lit de bon matin pour aller au jardin avant les ondées, n’est pas venue. On entend les mésanges, les pinsons et un rouge-gorge, que je repère sur la branche d’un arbre de la lisière forestière. Le très discret loriot, qui porte le nom de son chant, et plus lointain dans le bois, le pffft pffft pffft ! du pic noir. Un premier cerisier est en fleurs, plus abrité que le second, qui fleurira la semaine prochaine. Les premières abeilles ont rejoint le bourdon à la recherche de nectar et de pollen. Autour de nous, nombre de plantes sont en fleurs : la stellaire, la violette, l’alliaire, le pissenlit, la pâquerette, la petite pervenche, la jacinthe des bois et le coucou. C’est la première fois que je vois passer ce papillon blanc au bout des ailes orangé. L’aurore (Anthocharis cardamines) est attirée par la floraison de la cardamine hirsute, mais il pourrait aussi s’intéresser à la roquette et aux divers cressons que nous cultivons. Quand il se pose, il est bien difficile de le voir dans sa tenue de camouflage vert gris moucheté de jaune.

Le cerisier en fleurs.

Il est encore temps de préparer les planches, de remonter la terre qui s’est affaissée dans les allées, de semer de la moutarde comme engrais vert sur l’ancien carré occupé par l’oseille, de semer les premières carottes, d’apporter du compost au pied des fraisiers, des groseilliers et cassissiers, de la rhubarbe.

En soulevant la bâche qui protège ce dernier, nous avons découvert un orvet, puis un deuxième dans le tas en cours de remplissage.

Les orvets sont tout à fait inoffensifs. Ils ressemblent à des serpents, mais leurs écailles, toutes les mêmes, et leur paupière mobile les rapprochent des lézards… Ce sont des lézards sans pattes qui glissent sur le sol avec vélocité et abandonnent leur queue si besoin pour sauver leur peau. Leur présence est une bénédiction, car ils se nourrissent de lombrics, d’insectes, et de limaces.

Il serait temps que nos amis les orvets sortent de leur léthargie et quittent les tas de compost chauds, humides et pleins de vers pour aller s’occuper du jardin. S’ils restent à cocooner dans les débris végétaux, les limaces pourront continuer leurs festins nocturnes !



Source Photos : © Christine Laurent/Reporterre

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