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Ramin, ou l'école démocratique

L’École Dynamique de Paris a ouvert ses portes en septembre 2015. Inspirée de la pédagogie Sudbury, cette école abolit les notions de réussite ou d’échec, donne à ses "membres" une autonomie sur leur devenir, et replace la motivation au cœur de l’apprentissage. Rencontre avec Ramin Farhangi, fondateur de l’école.

Interview réalisée par Ayanna Mouflet

 

Comment s’est faite ta rencontre avec Colibris ?

J’avais déjà entendu parler du mouvement, je partageais les mêmes valeurs, quand j'ai rencontré Yann, qui coordonne actuellement le MOOC Éducation. C’était à une journée portes ouvertes de l’École Dynamique.


Comment fais-tu ta part en tant que Colibris ?

Ma part, je suis en train de l’apporter clairement en tant que créateur de cadres permettant l’épanouissement individuel, et en tant que créateur de l’École Dynamique. J’espère que ça pourra inspirer d’autres petits colibris ! C’est déjà en train de se passer : il y a une quinzaine d’écoles similaires à la nôtre qui sont en train de se créer en France. Et ça ne cesse de se développer, il y a beaucoup de projets en cours.  Au-delà de l’école, je me suis dit : pourquoi ne pas créer quelque chose de beaucoup plus global ? Et on s’est mis à chercher l’autonomie non seulement en matière d’éducation, mais vraiment dans tous les domaines. On s’est dit qu’être libre jusqu’au bout, cela nécessite de se réapproprier des terres, de les cultiver, de construire nous-mêmes nos maisons, et de faire tout ça en harmonie avec la nature. D’où l’idée d'un écovillage, autonome et intergénérationnel, que je suis en train de créer avec un groupe en Ariège. Nous sommes assez confiants qu’il verra le jour au printemps.


Comment t’es-tu tourné vers ce modèle d’éducation inspiré des Écoles Sudbury ?

Le premier angle sous lequel j’ai abordé cette question était quand j’étais prof au lycée, et que je voyais que plus je permettais aux élèves d’être responsables d’eux-mêmes, plus ils arrivaient à accomplir leurs objectifs. À un moment donné, ça questionne le fait même de donner des objectifs pour être efficace dans ses apprentissages ! Et puis j’ai découvert ces gens qui ne vont pas à l’école et qui sont hyper compétents dans ce qu’ils font. Qui n’ont jamais touché à un manuel scolaire de leur vie, et qui n’en n’ont jamais eu besoin. Je pense à André Stern, c’est un exemple parmi d’autres, mais c’est un exemple assez fort. Ça m’a questionné sur ce qui est efficace pour permettre l’acquisition de savoirs, de compétences et l’acquisition de choses dont on a besoin pour être un adulte effectif dans la société. Et j’en suis arrivé à la conclusion que ce dont on a besoin c’est vraiment qu’on nous laisse tranquille. C’est qu’on permette à chacun de développer des compétences dans ses centres d’intérêts réels, et que la source soit une motivation intrinsèque. À l’École Dynamique, on est un collectif de personnes libres. Tous les âges sont mélangés, chacun fait ce qu’il veut de ses journées. La seule limite à l’exercice est quand nos actions ne permettent pas aux autres d’être libres.

Quelles sont les limites d’âges à l’École Dynamique de Paris ?

Actuellement à l’École Dynamique le plus petit des membres à 4 ans et le plus grand à 18 ans. Mais il n’y a pas de limite. La limite basse c’est quand la personne a suffisamment d’autonomie pour vivre en collectif et s’occuper de ses besoins primaires. Qu’il a la capacité de communiquer, de comprendre ce qu’est une règle. Sinon on est obligée là effectivement d’exercer une sorte d’éducation de proximité pour que la personne devienne suffisamment autonome et ce n’est pas notre rôle. Or entre 3 et 5 ans on voit qu’il y a un moment donné où la personne est capable de cette autonomie. Et il n’y a pas de limite haute. Dans la société on considère qu’à partir de 18 ans une personne doit passer à autre chose et doit faire des études ou avoir un job. Nous on n’a pas de dogme par rapport à ça. On ne pense pas qu’à 18 ans il se passe quelque chose de particulier. On pourrait imaginer qu’à 20, 25, pourquoi pas 80 ans, des personnes viennent et vivent leur expérience à l’École Dynamique. Moi j’ai 31 ans, et cette année à l’École Dynamique a été l’année la plus enrichissante pour moi.

Les parents gardent souvent l’inquiétude du devenir de leurs enfants et de leur capacité à se confronter au monde réel… Quelle réponse apporte l’École Dynamique à cette inquiétude ? 

Justement je pense que c’est une de nos forces par rapport à l’école conventionnelle, parce qu’on est déjà dans le monde réel. On est beaucoup plus connectés au monde réel que l’est une école conventionnelle qui met des enfants derrière un pupitre et qui leur dit quoi faire.  Et les enfants ne sont pas idiots, ils connaissent le monde, ils savent qu’à un moment donné ils vont gagner de l’argent, qu’ils vont fonder une famille. Ils savent qu’ils vont faire quelque chose de leur vie, qu’ils vont avoir besoin d’être autonome, et qu’on ne va pas s’occuper d’eux éternellement. Justement, ils ont tout le temps pour réfléchir et développer leur centre d’intérêt. Puis à un moment donné leur centre d’intérêt se transforme en quelque chose de sérieux qui devient une activité lucrative. Il y a cinquante ans de recul sur les écoles démocratiques qui démontrent qu’il n’y a pas à s’inquiéter. Ces jeunes sont responsables d’eux-mêmes et ils savent quoi faire pour devenir ce qu’ils veulent devenir.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur : www.ecole-dynamique.org

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