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Pourquoi la faim dans le monde ?

Selon le rapport de la FAO de 2000, au stade atteint par ses moyens de production agricole, la terre peut nourrir 12 milliards d’êtres humains. Pourtant, chaque jour sur la planète, environ 100.000 personnes meurent de faim et 826 millions d’individus sont actuellement gravement sous-alimentés.
Comment se fait-il qu’en dépit de nos prouesses technologiques nous ne soyons pas en mesure de répondre à notre besoin le plus vital ? Pourquoi à l’ère de la surconsommation et du superflu, la perspective d’une pénurie alimentaire mondiale n’a-t-elle jamais été aussi proche ? Que faire pour reconquérir notre sécurité alimentaire ?

Le libéralisme économique et la concurrence internationale

La faim n’est due ni à une fatalité, ni à une situation géographique ni à un phénomène climatologique. Elle est avant tout une conséquence des politiques économiques imposées par les pays développés et leur aspiration à accroître leur hégémonie.
Les subventions à la production et aux exportations des pays du Nord leur permettent d’inonder les marchés du Sud de produits à bas prix, concurrençant les produits locaux.
Les pays du Sud abandonnent leur diversité et leur souveraineté alimentaires pour se tourner à leur tour vers des cultures d’exportation plus compétitives.
Le résultat fait que ni le Sud ni le Nord ne sont plus capables de répondre à leurs propres besoins alimentaires.
L’U.E. ne produit que 25% de ses besoins alimentaires en protéines végétales et demeure totalement dépendante du commerce extérieur pour les 75% restants.

La privatisation du Vivant

Les denrées agricoles sont considérées comme de simples marchandises susceptibles d’accroître les profits des entreprises et le PNB de la nation. Les semences sont modifiées afin de répondre à des critères de rentabilité maximale. Rendues volontairement stériles ou dégénérescentes, elles sont brevetées, obligeant les paysans, qui se transmettaient ce patrimoine de génération en génération depuis des millénaires, à les racheter chaque année. Aujourd’hui, cinq multinationales contrôlent près de 75% de la semence potagère au niveau mondial. 96% des tomates inscrites au catalogue officiel sont des hybrides F1 (non reproductibles). 80% des variétés potagères cultivées il y a 50 ans ont disparu.

La dépendance pétrolière

L’agriculture intensive est la plus dispendieuse que l’humanité n’est jamais pratiquée. Entièrement dépendante des engrais chimiques, elle l’est de fait à l’égard du pétrole, trois tonnes de pétrole étant nécessaires pour fabriquer une tonne d’engrais. La dépendance pétrolière est renforcée par le transport incessant des marchandises. Plus de 2000 millions de d’euros de produits agroalimentaires sont importés chaque année en France. De quoi nous interpeller sur l’avenir de notre alimentation devant les prévisibles pénuries de pétrole…

Insalubrité alimentaire

S’il est nécessaire de manger pour survivre, il est indispensable de bien manger pour être en bonne santé. Grippe aviaire, vaches folles, poulets aux hormones ou à la dioxine, porcs aux antibiotiques, salmonelles dans les produits laitiers, etc., avec l’agriculture productiviste, la nourriture qui a toujours été source de vie devient risque de mort. 4% de la nourriture en Europe contiendrait plus de résidus de pesticides que le maximum autorisé. L’absorption de ces produits chimiques (même à faible dose mais de manière répétitive) est susceptible de provoquer divers troubles et maladies (baisse du système immunitaire, fatigues chroniques, pertes de mémoires, grippes persistantes, perturbations du système endocrinien, baisse de la fertilité, cancers, etc.).

La mainmise des multinationales

Le marché agricole mondial est désormais concentré entre les mains de quelques multinationales privées, plongeant dans la dépendance et l’insécurité alimentaire la quasi-totalité des peuples de la planète.
 
Le modèle alimentaire encouragé par les gouvernements les plus puissants et par les organismes internationaux est celui de l’agriculture intensive, productiviste et à grande échelle, considérée comme étant la seule viable et adaptée à un monde globalisé.
 
Les agricultures paysannes et vivrières sont éradiquées et avec elles 10 000 ans de cultures et de savoir-faire traditionnels.
 
Une exploitation agricole disparaît toutes les vingt minutes en France et en moins d’un siècle, 3% d’exploitants agricoles ont remplacé 50% de paysans.

La terre arable mal-traitée et désertifiée

Plus de 90% de la surface agricole du monde industriel est aujourd’hui inondée de pesticides. La France en est le premier consommateur européen et un fruit peut subir jusqu’à 50 traitements. Les pesticides sont en partie responsables de la disparition des abeilles qui assurent 80% de la pollinisation des plantes. Sans elles, ni fruits, ni légumes ! Ces pratiques désastreuses épuisent la terre et la rendent stérile. Depuis 1945, 540 millions d’hectares de terres, l’équivalent de 38% de la surface cultivée actuellement sur la planète, ont été dégradés par des pratiques agricoles non viables et ont du être abandonnés. Au total, 700 tonnes de sols fertiles disparaissent chaque seconde de la surface du globe alors qu’il faut environ 500 ans pour que se constituent 2,5 cm de terre arable.

La menace des agrocarburants

Le développement des agrocarburants comme nouvelle politique énergétique pour le monde risque d’avoir de graves répercussions sur l’environnement et d’accroître le fléau de la faim.
Ces cultures intensives s’implantent en ayant recours à la déforestation, à l’expropriation de petits paysans, aux OGM et à de nombreux pesticides, mettant à mal la préservation des dernières terres fertiles du globe. Il semble aberrant que dans un monde où chacun ne mange pas à sa faim, on puisse attendre de la terre de "nourrir" nos voitures. Dopés par la demande croissante d’agrocarburants, les cours du maïs sont en train de flamber, rendant difficile son accès au plus grand nombre. Enfin, la production d’un litre d’agrocarburant requiert 1000 à 3000 litres d’eau, ajoutant une menace supplémentaire sur la ressource en eau déjà rare.

Que faire ? Réhabiliter la souveraineté alimentaire des populations

La souveraineté alimentaire des populations sur leurs territoires est la voie à suivre pour éliminer la faim et la malnutrition. La priorité de l’agriculture doit être la satisfaction des marchés locaux et nationaux. Une agriculture naturelle, économe et respectueuse des écosystèmes, doit remplacer impérativement l’agriculture productiviste chimique. La place des paysans dans la société, comme gardiens de l’équilibre de la terre, doit être revalorisée. De multiples petites structures à taille humaine produisant une alimentation diversifiée de qualité doivent être privilégiées. Cultiver soi-même son potager ou acheter des aliments locaux, biologiques et de saison sont des alternatives d’avenir.

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