Décrypter le pouvoir des images

Vincent Tardieu / Colibris - 6 avril 2017

© Lu Guang / Greenpeace

Et si l'ours polaire coincé sur son glaçon à la dérive n'était pas la meilleure image pour nous faire agir contre la fonte des glaces de l’Arctique ? Pas plus que cette cheminée qui, dans le ciel chinois de Hebei, crache sa suie à la face du vent, pour comprendre la menace des énergies fossiles. Et si la photo de cette Américaine équipée d'un masque pour se protéger des émissions d’un puit de forage de gaz de schiste nous émeut davantage, déclenche-t-elle pour autant un engagement de notre part ?

Voilà les points de départ visuels, pour nos amis de Place to B, d’une belle enquête scientifico-médiatique. Conduite il y a un an, avec l'Ademe, l'institut de sondage BVA, le psycho-sociologue Mickaël Dupré et le site d’information Qu'est-ce qu'on fait ?, elle prolonge l'étude initialement menée par le laboratoire anglo-saxon Climate Outreach.

© Les Stone / Greenpeace

Objectif : étudier les émotions véhiculées par certains types de photographie, et les incitations à l'action qu'elles peuvent engendrer. Parce que le cerveau humain analyse 60 000 fois plus vite une image que des mots, médias, agences publiques, compagnies privées et campagners tentent de parler à nos émotions plus qu’à notre raison. Sans toujours induire un message éclairant, nous amener à comprendre ou à agir… 

« Ces images peuvent être aussi révélatrices que trompeuses… », met en garde Anne-Sophie Novel de Place to B qui présentait les résultats de cette enquête le 24 mars dernier à Paris : « L'étude complète sera mise en ligne d'ici début mai, il s'agira d'une plateforme qui permettra de faire un choix d'image éclairé par les conclusions de notre travail, car si certaines images fonctionnent auprès de publics avertis, elles sont totalement inefficaces sur des publics plus novices » rappelle également la fondatrice de Place to B.