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Édito

Promenons-nous dans les bois, pendant que l’abatteuse n'y est pas…


Forêt domaniale de Roumare, © Sylvain Duffard

« Que vient faire aujourd’hui l’homme en forêt ? » C’est par cette interrogation, posée par le photographe Sylvain Duffard dont nous présentons le superbe travail, que nous ouvrons cet ensemble sur les forêts françaises. En guise d’interpellation. D’invitation aussi, chers lecteurs et lectrices, à rejoindre ce royaume ligneux, herbacé et feuillu.  

Un royaume inouï, en vérité. Pensez, avec 16,5 millions d’hectares, soit 30 % du territoire, le massif métropolitain est l’un des plus vastes d’Europe – le plus diversifié en essences et paysages, en tout cas. Et pourtant, nous demeurons des nains en matière d’exploitation. Ou plus exactement si nous produisons beaucoup, et de plus en plus (de bois bruts), nous continuons à importer chaque année davantage (de bois transformés), comme l’analyse fort bien le forestier Christophe Deschamps dans l’entretien qu’il nous a accordé. Cherchez l’erreur ! 

Entre ces deux dynamiques commerciales apparemment contradictoires se loge une réalité politique et économique consternante : celle d’une industrialisation accélérée de la forêt française. C’est la sonnette d’alarme du film coup de poing de François-Xavier Drouet, Le Temps des Forêts, dont Colibris accompagne la diffusion. Et encore, nous ne parlons ici que de la métropole, mais la gestion sylvicole Outre-Mer n’est guère plus reluisante, avec des coupes claires dans l’immense manteau forestier de la Guyane, voire sur les pentes de La Réunion. « On demande aux forêts et aux forestiers de s'adapter à la finance et à l'industrie au détriment de la biodiversité, se désole Christophe Deschamps. Pour beaucoup de mes collègues, le métier a perdu tout son sens ! » Et la douleur transpire de ses propos pudiques. C’est la même douleur qui a nourrit le collectif SOS Forêt pour lancer une grande marche à travers la France afin d’associer les citoyens à ce "sauvetage de la forêt", à préserver sa biodiversité et les parcours sylvicoles respectueux de cet écosystème.

Car des alternatives existent, partout sur le territoire, mais pas assez nombreuses. Ces nouveaux modes de gestion des forêts françaises, suivis par des équipes de forestiers à l’ONF, par quelques scieries privées ou communales, par plusieurs collectifs citoyens, sont à soutenir. Ne serait-ce parce qu’ils redonnent un espoir à ses massifs somptueux, en conciliant une durabilité économique, sociale et des ressources naturelles (arbres, sols, climat, eau, biodiversité…). 

Alors, que venons-nous faire en forêt ? D’abord, constatons que nous y allons peu, ou que nous n’y allons plus. Parfois parce que des propriétaires privés, des forestiers publics, mais encore des chasseurs se sont appropriés les lieux. Aussi, parce qu’une partie des massifs sont devenus impénétrables, du fait même de la désertion des hommes, des parcours pastoraux notamment, et des collecteurs de bois. Enfin, parce qu’il y a un vrai enjeu à se reconnecter à la nature. C’est d’ailleurs le défi pour l’éducation du XXIème siècle que l’Agora des colibris et le Printemps de l’Éducation vous lancent dès ce mois de novembre. Car à l’horizon réside la forêt, ses milles facettes et paysages, ses arbres cathédrales : une aventure inoubliable, à portée de jambes. Un voyage vers l’apaisement, vers la diversité du vivant – mousses, plantes, champignons, insectes sous l’écorce, rongeurs, oiseaux ou encore chevreuils, dont nos amis de La Salamandre nous apprennent à découvrir le cycle des brocards. 

Allez, trop parler ! Fermez votre écran et courrez au bois ! Inspirez le parfum de l’humus et de la résine, parcourez les sentes moussues, cherchez le cèpe et la girolle. Et surtout, savourez ce jeu d’ombre et de lumière qui ondoie sur le sol. Belles balades d’automne !

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Si vous vous intéressez aux forêts, venez au colloque Pro Silva à Strasbourg les 11 (conférences) et 12 (sorties sur le terrain) octobre ! Des alternatives et plein de choses à découvrir ou à apprendre.

les arbres sont des êtres vivants ils communiquent entre eux se sacrifient les uns pour les autres..........quel exemple; chez nous nous protégeons nos montagnes qui en plus d'être belles elles sont le poumon de notre île; venez nous voir non pas comme des touristes mais des invités; il y a tellement de CAUSES pour se battre mon âge avance et je m'inquiète.......... A PRESTU et merci à COMIBRIS

Je veux aller vivre près d'une forêt naturelle,dans un endroit où la Nature Sauvage vibre de toutes ses énergies.Je veux que cette forêts ne soit surtout pas traversée par une route goudronnée.

Bonjour,
Je suis Jean PORRET, j'ai eu 50 ans il y a peu.
J'ai fait le choix de quitter la Haute-Savoie et ses attraits touristiques, financiers et urbanistiques.
Je suis actuellement en Hautes-Pyrénées, à la recherche d'un espace naturel préservé pour construire un projet innovant en milieu rural pour permettre à des enfants de découvrir et apprécier les mécanismes du vivant à l'oeuvre encore un peu ici. Je recherche des partenaires juristes, une commune suffisamment ouverte, un propriétaire privé sensible à la démarche reste difficile à rencontrer. Actuellement, pour faire découvrir le simple processus de création du jus de pommes, il a été nécessaire d'acheter des fruits à un industriel. Il est grand temps de prendre soin de nos forêts, de nos fruitiers.

En ce moment sont en cours d’élaboration les programmes régionaux de gestion des forêts et bois des grandes régions. PRFB.
Les documents sont visibles sur les sites de la DRAAF. Ces plans sont une vision purement productiviste des forêts.

Les commissions sont nommées par le préfet. Y siègent en gros 1/3 d'élus, 1/3 de fonctionnaires (qui votent pour leurs élus) et 1/3 d'acteurs de l'industrie forestière (en conflit d’intérêt direct et qui de plus dictent aux élus leurs revendications) Y siègent 2 à 3 associations de protection de l'environnement qui n'ont pas de poids face ces 60 lobbies et politiques.

Si vous souhaitez avoir le texte de mon intervention,voir plus d'infos.
pat2k@orange.fr

La forêt j'en ai fait mon métier , et j'y suis très souvent. A la différence de beaucoup, j'y suis toujours allé et ce depuis le plus jeune âge où j'ai dégagé les plantations de douglas faites par mon père avec une faucille. J'ai vendu ces bois il y a peu pour faire un complément de retraite à ma mère.
Ne nous laissons pas attirer par tous ces mouvements, gardons notre capacité de réflexion. Suivant que vous regardiez une parcelle, une forêt ou un massif forestier, vous verrez la bio-diversité différemment; et le morcellement tant décrié des politiques et gros utilisateurs est un garant de cette bio-diversité.

J'habite un petit village près de la forêt de Mormal dans le Nord. C'est un vrai crève cœur de voir l'état de la forêt. Certains endroits sont complétement dévastés. Et maintenant, le long de certaines allées il y a des petits miradors tous les 50 mètres. Pour le confort des chasseurs??

merci à vous pour vos commentaires qui prouvent encore que dans ce monde il y ait des personnes qui soient sensibles à tout ce qui nous entoure ! Alors oui, merci une fois encore ;)

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