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Confinement, les groupes locaux s'organisent

Ça se passe sur notre territoire ! - Avril 2020

Face au confinement, dans le pôle Relier de Colibris nous avons éprouvé le besoin de nous connecter aux bénévoles de l'association. Nous leur avons donc proposé des cercles de parole. L'intention de ces temps était de leur offrir la possibilité de partager leurs ressentis face à cette situation exceptionnelle, et aussi savoir de quelle manière ils s'organisaient dans leur vie personnelle, dans leurs engagements bénévoles, et éventuellement sur ce qu'ils envisagaient pour la suite. Une quarantaine de membres de cercles cœur*  nous ont rejoint à distance.

D'abord la sidération, puis la prise de recul

Pour certains "un repli sur soi", "un retour à soi", pour d'autres "un effondrement personnel", les premiers jours du confinement ont fait état d'une sidération largement partagée au sein des bénévoles des cercles cœur. Puis globalement, ils ont rapidement perçu ça comme une invitation à prendre soin de soi en pratiquant yoga, qi gong, méditation, lectures... Ces témoignages nous ont été riches en trucs, astuces, liens internet et bonnes pratiques pour améliorer nos conditions personnelles de confinement !

Un grand besoin de prendre soin de soi se fait sentir, comme a pu nous en faire part Raphaele (Pays Cœur d'Hérault) pour qui "le pire serait d'être confinée à l'intérieur de moi même... Le meilleur étant d'être libre dans mon intériorité."

Maryannick (Alès) l'appréhende aussi un peu comme une expérience d'évolution personnelle en nous témoignant "beaucoup de gratitude pour l'exercice d'alignement avec le vivant que m'apporte ce petit machin (virus...)" et David (Bourg-en-Bresse), thérapeute, nous dit faire un travail sur lui plus que sur les autres en ce moment.

Le sens donné à cet événement des plus inhabituels n'est pas toujours le même, bien que très compatibles. Pour Isabelle (Toulouse) c'est "une pause pour tout le monde, pour l'humanité" qui s'impose, alors que pour Dominique (Château Gontier) "ça nous dit que l'humanité doit changer, que l'effondrement va se précipiter et que la résilience se met en place et qu'il faut travailler."  

Peu importe, une fois les émotions des premiers jours un peu atténuées, le quotidien personnel et professionnel s'organise : enseignement à la maison pour qui a des enfant, télétravail pour qui c'est possible et engagement bénévole.

©Unsplash

Un confinement très inégal

Tout semble plutôt bien se dérouler pour les bénévoles. En tout cas pour celles et ceux qui ont pu se connecter, celles et ceux qui ont du temps libre. Nous n'oublions pas non plus celles et ceux qui continuent de travailler et qui n'ont pas pu se joindre à nous. 

En ce sens, un témoignage nous ramène à la réalité, celui de Gaëlle (Terres du Lez) pour qui le quotidien actuellement n'est pas du tout le même que ce que nous avions pu entendre jusque là. En effet, elle travaille dans l'agroalimentaire bio, où aucune mesure d'hygiène n'est respectée, aucune sécurité... Depuis le début du confinement, "j'ai l'impression de vivre dans un monde irréel" nous confie-t-elle. Elle nous invite à penser aux gens qui nous nourrissent, qui ramassent nos poubelles, et qui seront certainement malades eux aussi car ils n'ont aucune protection, pour subvenir à nos besoins fondamentaux...

Elle arrive à trouver du réconfort dans le lien qu'elle a avec son cercle cœur qui lui offre une bouffée d'oxygène.

Des boucles d'entraide locales

L'entraide et la solidarité se mettent en place globalement et surtout localement. Dans les témoignages que nous avons pu recueillir parmi les personnes présentes, l'envie de "faire sa part" est bien présente.

Anne-Marie à Toulon a besoin de faire des choses concrètes pour rendre service comme faire des courses pour les personnes âgées, donner des cours d'anglais à distance... 

À Alès, Maryannick continue de s'investir dans une épicerie associative dans un quartier défavorisé, avec la complicité d'une quinzaine de bénévoles, qui ont décidé à l'unanimité d'en maintenir l'ouverture durant toute la période du confinement. 

Anne-Marie est musicienne à Montpellier et joue beaucoup pour la rue en ce moment en ouvrant ses fenêtres. Elle a également proposé ses services auprès de la mairie et aide une personne âgée.

©Patrick Lazic

Des groupes locaux en introspection

En effet, le temps est assez propice aussi dans les cercles cœur pour faire les choses qu'ils ne prennent pas le temps de faire normalement comme trier leurs boîtes mail, peaufiner ou faire évoluer leur site internet...  Mais aussi faire un travail plus en profondeur sur leur raison d'être, sur le sens qui les anime dans leur cercle cœur. 

Certains revoient et revisitent le rôle de chacun dans ce cercle afin de le consolider, et assurer une pérennité à leur groupe local.

Ce temps leur permet aussi de travailler sur des sujets de fond comme en témoigne Valérie (Paris 15ème) avec un projet de l'ADEME dans laquelle leur groupe local est impliqué, qui vise à booster la transition citoyenne et qui cherche en ce moment à poser des intentions sur ce qui peut être fait pendant le confinement.


©Eleonore Henry de Frahan

Quels espoirs encore ?

Car oui, il y a bien un espoir d'autre chose. C'est bien ce qui nous anime à Colibris. Une certaine lucidité face à la gravité de la situation, suivi du "comment agir pour changer et améliorer les choses". 

C'est bien ce dont nous fait part Laurence (Massy Palaiseau) : "on espère des prises de conscience et des changements. si on ne reste pas tous mobilisés face au système actuel, ça risque de repartir de plus belle...La vie ne s’arrête pas.

François est content que son envie de relancer une dynamique de groupe local à Montpellier tombe dans ce "bon timing", après avoir attendu des années "ce moment de redémarrage et de basculement". 

Les questions qui traversent les membres de cercles cœur sont multiples :

  • Comment trouver des solutions pour tous car "tout le monde ne va pas pouvoir être en habitat partagé... Comment aider à construire un autre avenir tout en ayant des problèmes de fin de mois ?" s'inquiète Emma (Collines d'Azur)
  • Comment ne pas retomber dans les travers qu'on connait du néolibéralisme ? 
  • Comment sensibiliser et faire de cette crise sanitaire une aubaine qui permet de mettre en place un monde plus écologique, plus humain et plus respectueux du vivant ? 
  • Comment mobiliser les jeunes sur ces sujets ? 

Observer, regarder ce qui est en place, ce qui se met en place, ce qui est proposé pour créer et façonner un après.



Construire l'après

"Il faut que quelque chose reste après ça. Il faut réfléchir à un contre pouvoir" nous affirme Muriel (Pays Cœur d'Hérault) qui pense à la suite. 

Éric (Terres Briardes) de son côté est attentif à tout ce qui se passe comme les différentes tribunes à signer comme celle de Mathilde Imer, le "docu du dimanche soir" sur Imago TV*, le campus de la transition*, ainsi que des développeurs informatiques qui s'organisent pour monter des projets numérique d'entre aide*, ou encore Viral Open Space*.

Yvonne (Orléans) réfléchit à une action qui pourrait être organisée, et pour qui le nombre ferait le poids face à l'Élysée et au gouvernement. Une sorte de "prise de la Bastille cybernétique", pour aboutir à une convention citoyenne chargée de définir comment "trouver un équilibre entre respect de nos ressources, de notre environnement vital et une vie socialement confortable" en abordant les questions de la monnaie, des biens communs, des circuits courts...* 

Ces deux temps étaient chargés en émotions : positives, bienveillantes, tristes aussi parfois... Nous avons reçu plus d'une trentaine de témoignages au cours de ces temps de paroles. Nous n'avons pas pu citer tout le monde, bien que chaque prise de parole ait été un vrai enrichissement, et nous a fait du bien. Nous nous sommes sentis connectés à un réseau de personnes prêtes à penser, construire et à agir pour la suite !

D'autres temps de ce genre vont leur être proposés, en essayant de trouver un moment plus incluant pour tout le monde. Nous avons eu une profonde pensée de soutien pour celles et ceux qui nous permettent de continuer à répondre à nos besoins élémentaires et pour toutes celles et ceux qui vivent cette crise dans des conditions difficiles. 


©Pexel



Pour aller plus loin

* Le cercle cœur est l'organe de coordination d'un groupe local 

* Imago TV

* Campus de la transition 

* GSCN 

* Viralopenspace 

* Colibris Orleans 45 




Commentaires

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ça fait du bien de vous lire, réconfortant toutes ces bonnes volontés et actions, j ai revu hier soir à la grande librairie la re
diffusion de l émission avec Pierre Rabhi et Cyril Dion tellement intéressant et tellement parlant sur ce qui est en train de se passer.
bon courage à tous.

Je souhaite réfléchir avec des groupes locaux. Merci de me mettre en contact. Je réside entre Nîmes et Montpellier. Ghislaine