Notre commune idéale
Cet article a été publié dans la revue 90° "Faire face ensemble à l'effondrement", juin 2021
À quoi ressemblerait un territoire capable de traverser les catastrophes écologiques, économiques et sociales ? Comment devraient être nos lieux de vie et d’activités pour nous permettre d’assurer nos besoins en tant que groupes humains ? Comment produire sans détruire, en régénérant même les systèmes naturels ?
Nous pensons que libérer nos imaginaires, nous désintoxiquer en somme des modèles dominants, est le premier pas nécessaire pour ensuite élaborer collectivement de nouveaux modes et lieux de vie, et de nouveaux modèles de développement local.
C’est l’exercice auquel s’est livrée, à sa modeste échelle, l’équipe de Colibris, accompagné de Jeanne Macaigne, l’illustratrice qui a mis en images l’ensemble de ce numéro, avec son trait alerte et son imagination féconde. Les idées ont fusé pendant cette session de travail !
Mais ce que vous ne voyez pas ici, ce sont les nombreux débats que nous avons eus ! Garde-t-on des rues bitumées ? Y a-t-il une place pour la voiture ? Dans la commune idéale, mange-t-on encore des animaux ? Y a-t-il donc des élevages, un abattoir ? Quels biens continuons-nous de produire ? Comment les produit-on ? Quand on se met à réfléchir aux aménagements nécessaires, cela devient abyssal, tant nos sociétés aujourd’hui sont devenues complexes et nos désirs illimités…
Les imaginaires convoqués ici sont — nous le savions — bien loin de ceux qui colonisent notre culture. Ici, pas de voitures volantes ou autonomes — ni de voitures tout court, d’ailleurs ! —, pas de smart cities ni d’agriculture connectée, pas d’humains augmentés…
À la place, nous voulions du lien, de la solidarité, de la convivialité, de la sobriété, le plus d’autonomie possible, des techniques appropriables par tous et peu coûteuses en énergie et en ressources.
Dans cette commune utopique, les citoyens se réapproprient l’espace. On occupe la rue, avec du spectacle vivant, du débat, de la délibération.
Ici, la démocratie participative n’est pas un vain mot : elle trouve sa place partout où le pouvoir était, hier, la propriété de quelques-uns — à la mairie, à l’usine, dans les bureaux…
On répare aussi, on recycle, on mutualise, afin de réduire au maximum la production d’objets neufs. La ville redevient un territoire vivrier et les frontières avec la campagne sont d’ailleurs très floues. La mobilité — ogresse dévoreuse d’espace lorsqu’il s’agit de la voiture individuelle — est enfin repensée : on vit, on travaille au même endroit, et la ville est assez sereine pour qu’on ne cherche pas à la fuir chaque week-end.
La rivière retrouve la place centrale qu’elle a eu pendant des millénaires : transport de personnes et de marchandises, production d’énergie, source de nourriture, loisirs...
Cette utopie est peut-être la vôtre, peut-être pas ! Alors, à vous aussi de rêver ! Dans votre commune, rassemblez-vous pour réaliser ce genre d’atelier ! Libérer les imaginaires, c’est souvent partir de nos besoins essentiels, de nos désirs aussi. Et cela nous amène, inévitablement, à déconstruire le système dans lequel on se trouve, pour tenter d’en reconstruire un, différent, sur des bases communes.
C’est en proposant un autre regard, un autre projet de société que nous pourrons être présents et audibles dans la confrontation démocratique. Utopiques ? Sans doute, mais pas autant que les zélateurs de la société technologique et de la croissance illimitée !
« Les utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain », disait Victor Hugo.
Envoyez-nous vos idées de commune idéale, nous les partagerons sur Colibris le Mag !
revue90@colibris-lemouvement.org
Pour aller plus loin
- Revue 90° "Faire face ensemble à l'effondrement", juin 2021. Disponible sur papier, au prix de 8€, et gratuitement au format numérique.
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