Ma thèse en 180 secondes : l'écologie n'est pas un problème de riches !
Damien Deville travaille actuellement à l'INRA SAD (Sciences pour l'Action et le Développement), sur les pratiques agricoles urbaines de jardiniers en situation de précarité ou engagés dans la cause environnementale. Auprès d’eux, il a appris que l'écologie n'était pas qu'un problème de riche et qu'elle participait essentiellement à l'émancipation des populations les plus modestes.
À travers sa thèse, à la croisée de la géographie sociale et de l’anthropologie de la nature, Damien Deville a en outre été amené à se demander comment rassembler les hommes et la nature dans des espaces de développement commun. Il a reçu le premier prix du jury au concours “Ma thèse en 180 secondes”.
Une urbanisation des cartes territoriales... et mentales
Depuis plusieurs décennies, l’Occident est entré dans l’ère des sociétés urbaines, opérant ainsi un divorce de plus en plus prononcé entre les espaces de développement et les espaces de nature. En France plus de 80% de la population vit dans les villes ou dans les territoires limitrophes des villes. Si cette accroissement de l’urbain marque les espaces et les paysages, il serait dangereux d’en oublier les profonds changements sociaux qui sont à l’œuvre : en ville comme en campagne, nos esprits s’urbanisent également, standardisant ainsi les façons d’être et de penser, les façons d’habiter et de coexister.
Ces évolutions sociales créent des précarités écologiques et sociales. D’un côté l’urbanisation croissante fait perdre diversité paysagère et biodiversité. De l’autre les inégalités territoriales se creusent. Alors que les métropoles ont aujourd’hui une bonne croissance, les villes petites et moyennes - pris dans l’étau d’une concurrence exacerbée à l’internationale et d’un relatif enclavement géographique - se voient sujettes à d’importants processus de pauvreté. Néanmoins, loin de se laisser sombrer, des citadins en situation de précarité s’adaptent à la crise et portent des projets pour améliorer leurs conditions de vie. Parmi ces projets, des jardins poussent partout dans les espaces vacants.
La nature vecteur d’émancipation sociale et économique
Depuis deux ans, Damien Deville sillonne l’Europe à la recherche de ces citadins pauvres qui œuvrent par la pratique agricole à améliorer leurs conditions de vie. En écoutant ces personnes au parcours de vie difficile, le jeune chercheur s’est rendu compte quel point la nature était indispensable à l’émancipation de tous. Si ces jardiniers retournent à la terre majoritairement pour des raisons économiques, un apprentissage se structure au contact de la nature, et au fil du temps cette motivation économique devient indissociable de toute une série d’autres motivations, d’ordre sociales, paysagères ou écologiques. C’est cette multifonctionnalité du jardinage - y compris pour les populations les plus pauvres – qui permet de penser des liens nouveaux entre les humains et la nature dans les sociétés urbaines d’aujourd’hui et de demain.
En présentant ses recherches auprès du jury scientifique de la finale du concours « Ma thèse en 180 secondes » Occitanie, Damien Deville rend hommage, dans une vidéo de trois minutes, à tous ces jardiniers qui s’engagent, malgré des conditions de vie difficile, à inventer de nouvelle façons de penser et de vivre la ville.
Pour aller + loin
Damien a cofondé l’association Ayya, qui œuvre pour l’émergence de coexistences harmonieuses entre nature et culture : www.ayyamouvement.org
Commentaires
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Salut, il devient usant d'écouter tous ces intellectuels aux mains douces et aux ongles bien propres avec des idées pas trop débordantes mais reprises auprès des autres qui veulent expliquer comment devrait être la vie et la nature selon eux.
Bonjour,
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Bonjour,
Merci pour votre retour. Je comprends également votre démarche. La position de chercheur est souvent difficile à expliquer, beaucoup n'en voit pas la pertinence ou l'interêt. Lorsque qu'on expose des théories de notre coté, il y a un fin dialogue à trouver pour exposer ses thèses sans non plus se positionner en donneur de leçon. Peut être que ma présentation n'a pas réellement trouvé le juste le milieu dans ce cadre.
Par contre sur le fond, je ne comprends pas réellement le lien entre votre commentaire et ma présentation : je ne parle pas d'une "vision" de ce que doit être la nature, mais simplement de ce qu'une forme de nature particulière (les jardins) peut apporter à des populations en situation de précarité.
Sinon je jardine aussi beaucoup :-)