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Un mois d'actus dans le monde #3

C’est arrivé sur Terre en Octobre 2019

©pixabay


Chaque jour, elles nous inspirent, nous attristent ou nous réconfortent. Parmi les milliers de nouvelles et productions de connaissances qui surgissent dans le monde, Colibris le Mag a effectue une veille afin de vous proposer cette sélection de news, souvent passées sous les radars des grands médias. Et vous pourrez compléter votre découverte en remontant à la source de chaque nouvelle.

Sommaire :

ALERTES DU MOIS
- Les 20 plus gros pourrisseurs de notre planète
- Les terres de Cézanne et de Pessoa sur le grill
- 14 % de nourritures sont perdus avant d’être vendues !
- Entre s’adapter et fuir, il faut choisir…
- Planter des arbres contre le réchauffement : une fausse bonne idée ?
- Alerte rouge sur les vers de terre… et les sols !
- 300 millions de personnes les pieds dans l’eau en 2050

BONNES NOUVELLES
- Fin de partie pour EuropaCity !
- Une ruche humaine au service des pollinisateurs
- Le Parlement européen vole au secours des abeilles !
- La Camargue retrouve sa vigueur sauvage
- Coraux : une renaissance possible
- Montpellier va protéger sa ceinture verte
- Survivre en coopérant, la recette date de 500 millions d’années !
- Ça piaffe dans les réserves naturelles !
- Zéro pesticide en forêts publiques : on y arrive…
- Bientôt la fin du plastique ?
- Un pavé dans la mare agricole pour une PAC plus écologique et sociale

ILS NOUS INSPIRENT
- Bastien Moysan, nouvelle victime de la « guerre des terres »
- Paulo Paulino, l’espérance ensanglantée de l’Amazonie


 - ALERTES DU MOIS -

Les 20 plus gros pourrisseurs de notre planète

17 octobre 2019

L’histoire des hommes les jugera-t-elle un jour ? Vingt sociétés, des compagnies pétrolières ou gazières pour l’essentiel, dont plus de la moitié sont des entreprises d’État, détiennent le triste record d’être, à elles seules, responsables de 35 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre du monde. Parmi elles, le Français Total pointe à la 17ème place de ce podium des plus gros pollueurs.

C’est l’ONG Climate Accountability Institute qui vient de dévoiler cette liste noire des compagnies ayant le plus contribué à la crise climatique depuis 1965. De 1965 à 2018, les émissions mondiales de combustibles fossiles et de ciment ont totalisé 1 354 milliards de tonnes d’équivalent carbone (GtCO2e) – et ces 20 compagnies, 480 GtCO2e.

Dans une autre étude datant de 2017, réalisée par Peter Frumhoff de l’Union of Concerned Scientists aux États-Unis, les émissions de CO2 et de méthane des 90 plus grands producteurs industriels de carbone sont responsables de près de la moitié de l’augmentation de la température mondiale et de près d’un tiers de la hausse du niveau de la mer entre 1880 et 2010. 

Et si l’on veut tenir les températures globales à moins de 2°C, les sept principales compagnies pétrolières privées devraient réduire leurs émissions totales de 40 % et leur production de 35 % d’ici à 2040, souligne ce 1er novembre le think tank financier à but non lucratif Carbon Tracker Initiative.

En savoir +  (la synthèse, en anglais, de ce triste palmarès)

 

Les terres de Cézanne et de Pessoa sur le grill

10 octobre 2019

Sécheresses, incendies et canicules à répétition durant l’été, tempêtes et déluges de pluies en automne, fortes élévations des températures moyennes toute l’année, disparitions ou migrations d’espèces marines et terrestres : en Méditerranée, le climat change 20 % plus vite que n’importe où ailleurs sur Terre ! 

Dans le détail, les 80 scientifiques du réseau Medecc révèlent que sans mesures d’atténuation significatives par rapport aux émissions actuelles, selon les scénarios retenus la température augmentera de 2,2°C (par rapport à la période préindustrielle) dans cette région démographique et écologique clé d’ici 2040. Voire de + 3,8°C dans certaines régions d’ici 2100. « Le mois d’été le plus frais de l’année sera plus chaud que le mois le plus chaud actuellement… », notent les auteurs du réseau. En clair, la canicule sera la norme et les périodes longues de chaleur extrême auront tendance à se généraliser. Le phénomène sera d’autant plus sensible dans les zones urbaines où le phénomène « îlot de chaleur urbaine » exacerbera la fréquence, l’intensité et la durée des vagues de chaleur. 

Avec une augmentation mondiale de 2°C de la température de l’atmosphère, le sud de la France, le nord-ouest de l’Espagne et les Balkans subiront une baisse d’environ 10 à 15 % des précipitations estivales, et la Turquie d’environ 30 %. 

Enfin, le réchauffement des eaux de surface, actuellement estimé à 0,4°C par décennie sur la période 1985-2006, pourrait croître de + 1,8°C à + 3,5°C en moyenne à l’horizon 2100. De quoi entraîner un bouleversement écologique majeur de cet écosystème unique dont le premiers signes apparaissent : quelque 200 espèces tropicales ont déjà envahi la Méditerranée…

En savoir + ( en anglais)


©climateaccountability

14 % de nourritures sont perdus avant d’être vendues !

14 octobre 2019

Jusqu’à présent, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) évaluait qu’un tiers de la nourriture produite dans le monde n’était pas consommée. Après avoir affiné sa méthodologie pour distinguer deux notions (les pertes alimentaires – tout ce qui est perdu entre la récolte et la vente au détail – et le gaspillage – qui intervient lors de la vente aux particuliers et de la consommation),  dans son rapport sur la « Situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture 2019 » la FAO déplore cette fois une perte de près de 14 % de la nourriture mondiale pour les seules étapes de stockage et de transport. Et encore ce chiffre n’englobe pas les produits alimentaires non récoltés, du fait des inondations, du gel et d’autres aléas climatiques. Ainsi, pas moins d’1,3 milliard de tonnes de nourriture sont jetées ou perdues chaque année à l’échelle mondiale, soit 360 milliards d’euros. Dingue !

Sans surprise, c’est au sein des pays à faibles revenus, aux mauvaises infrastructures de stockage et de transports, aux méconnaissances techniques et au manque de moyens financiers que ces pertes sont les plus fortes. À l’inverse, le gaspillage alimentaire concerne, lui, surtout les pays développés et les consommateurs.

En savoir + 


Entre s’adapter et fuir, il faut choisir…

15 octobre 2019

Face au changement climatique les espèces n’ont pas beaucoup d’options : elles peuvent s’adapter de façon génétique aux nouvelles conditions (évolution) ou se déplacer vers des environnements favorables (dispersion). Le modèle de simulation théorique que viennent de présenter deux chercheurs français et canadien dans la revue PNAS d’octobre montre que ces deux stratégies peuvent malheureusement interagir de façon négative. Et conduire à l’arrivée à une perte de biodiversité… 

La raison en est relativement simple : tandis que la dispersion et l’adaptation augmentent chacune indépendamment la persistance de la biodiversité, lorsque les espèces dispersent et s’adaptent en même temps, les espèces qui arrivent à s’adapter plus rapidement que les autres persistent dans leur aire de répartition actuelle, deviennent dominantes, et empêchent les autres espèces de survivre. Si ces résultats se confirment « dans la vraie vie » et à large échelle, ils auront des implications pour la gestion des populations naturelles et d’éventuels plans de colonisations assistées – par exemple, en maintenant une connectivité élevée pour les espèces dans nos paysages.

En savoir + (en anglais)

©mrmondialisation


Planter des arbres contre le réchauffement : une fausse bonne idée ?

18 septembre 2019

Parce que les arbres capturent le carbone grâce à la photosynthèse, on peut penser qu'en planter massivement peut contrer le changement climatique. Un groupe de 46 scientifiques du monde entier nous invite à la prudence. Dans un commentaire technique publié dans la revue Science, il démontre que planter 1 000 milliards d’arbres ne résoudra pas la crise climatique en capturant 205 milliards de tonnes de carbone, malgré les préconisations d’une équipe de chercheurs européen le 5 juillet dernier. En effet ce potentiel prêté aux arbres nouvellement plantés à atténuer le changement climatique aurait été multiplié par cinq... En outre, les forêts de conifères des régions boréales et de hautes montagnes absorbent plus de lumière et émettent plus de chaleur que les zones sans arbres, et exacerbent le réchauffement planétaire plutôt que de l’atténuer. De plus, planter des arbres au mauvais endroit peut détruire certains écosystèmes tels que les prairies, utiles aux hommes et à de nombreuses espèces naturelles, mais aussi augmenter l’intensité des feux et à l’inverse exacerber le réchauffement climatique. 

En résumé, le reboisement fait partie de la solution climatique et constitue une excellente chose dans diverses zones et pour différentes raisons (notamment en apportant de l’ombrage, une reconnexion à la nature en ville ou un habitat à diverses espèces naturelles). Il ne remplace pas pour autant l’effort à consentir pour couper le robinet des émissions de gaz à effet de serre et changer de modèle de développement…

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©pixabay


Alerte rouge sur les vers de terre… et les sols !

24 octobre 2019

Alors que les vers de terre constituent des organismes clés pour les écosystèmes terrestres, personne n'avait réellement évalué les impacts des changements climatiques sur ces organismes du sol. Voilà qui est fait. Une équipe internationale de scientifiques a compilé un ensemble de données sur des échantillons de communautés de vers de terre provenant de 6 928 sites dans 57 pays afin de déterminer les tendances en matière de diversité, abondance et biomasse des vers de terre à l’épreuve des changements climatiques actuels et passés. Leurs résultats, publiés dans la revue Science, confirment que l'abondance des espèces locales atteint généralement un pic dans les régions tempérées (150 individus par mètre carré en moyenne). Cependant, la diversité est plus importante sous les tropiques (60 espèces par site en moyenne contre une quinzaine seulement dans les régions tempérées), en raison d’une plus grande variabilité de la présence des espèces lorsqu’on passe d’un lieu à l’autre. 

Mais l’étude montre surtout que ce sont les variables climatiques (température et humidité) qui influencent le plus fortement l’abondance et la diversité des communautés de vers de terre. Et non les propriétés du sol ou le couvert végétal, comme supposé jusqu’ici. Conséquence, l’évolution actuelle du climat menace certaines communautés de vers de terre et, en chaine, la pérennité des sols et leur capacité à subvenir aux besoins de l’humanité.

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300 millions de personnes les pieds dans l’eau en 2050

29 octobre 2019

Si les projections d’élévation du niveau des mers font l’objet de nombreux débats au sein de la communauté scientifique, selon les scénarios et les modèles retenus, elles demeurent convergentes : ça va grimper plus vite qu’on ne le pensait ! Entre 1,10 et 2 mètres à l’horizon 2100. Le groupe américain Climate Central vient de publier, en libre accès, une simulation détaillée fort instructive sur la montée des mers. Deux scénarios d’élévation du niveau de la mer (optimiste ou pessimiste), en fonction d’une stabilité ou non de la calotte antarctique, et trois scénarios d’émission de gaz à effet de serre (faible, modérée ou soutenue). 

Dans le pire des cas, cette équipe pronostique que 300 millions de personnes seront confrontées à des inondations côtières au moins une fois par an d’ici 2050, dont 1 million de personnes en France métropolitaine. En 2100, ce sont 640 millions qui seraient menacés ! En première ligne : les régions asiatiques du Sud et du Sud-Est. Ces simulations révèlent qu’avec des réductions modérées des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, les côtes de six pays asiatiques peuplées par 237 millions de personnes feraient face à des menaces annuelles d’inondations d’ici 2050. En France métropolitaine, si les émissions poursuivent leur hausse, 1 million de personnes d’ici 2050 et 1,2 million d’ici 2100 connaitraient des inondations annuelles – les régions les plus exposées seraient celles de Loire-Atlantique, Charente-Maritime, Gironde et Hauts-de-France.

En savoir +  (carte évolutive des modifications côtières entre 2030 et 2100, avec accès au rapport et à la publication scientifique)


- BONNE NOUVELLE ! -



Fin de partie pour EuropaCity !

7 novembre 2019

Ce projet de mégacomplexe de loisirs et de commerces censé ouvrir en 2027 à Gonesse (Val-d’Oise), attirer 30 millions de visiteurs par an et créer 10 000 emplois directs, est enterré. Vivement contesté par un large front d’opposants, ce projet était porté par la filiale d’immobilier commercial du groupe Auchan, Ceetrus, et le conglomérat chinois Wanda. « C’est un projet d’une autre époque, fondé sur une consommation de masse d’objets et de loisirs. Ce n’est vraiment pas vers ce modèle que s’oriente le gouvernement. », justifie ce dernier dans Le Monde

Avec son cocktail de parcs de loisirs, d’équipements culturels, d’hôtels et de commerces, pour un coût supérieur à 3 milliards d’euros, EuropaCity promettait de bétoniser 80 hectares de cultures céréalières. Les concessions successives des promoteurs de ce « grand projet inutile », en diversifiant les architectures, réduisant les surface de commerces, promettant une compensation intégrale des terres artificialisées, la neutralité carbone et l’abandon de la piste de ski « indoor », n’auront pas suffit !  

Fin de l’aménagement de la zone ? Pas si sûr ! Une mission sur son développement économique vient d'être relancée. Et le démarrage des travaux d’une gare de la future ligne 17 du Grand Paris Express, censée desservir EuropaCity, est suspendu sans que l'arrêt soit pour l'instant abandonné. Et si les collectivités se mettaient au service du collectif citoyens et paysans qui portent depuis plusieurs années l'ambitieux projet CARMA de développement de cultures maraîchères périurbaines ?

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Une ruche humaine au service des pollinisateurs

27 septembre 2019

Grâce à la mobilisation et les compétences de l’association Arthropologia (Rhône), qui mène depuis quinze ans des actions en faveur des pollinisateurs et de la biodiversité, les 2èmes Assises Nationales des Pollinisateurs à Lyon du 25 au 27 septembre 2019 ont été un réel succès. 

Parmi les 28 mises en œuvre dans  quatre milieux (naturels, agricoles, urbains et voiries) qu’ont fait émerger en ateliers 250 scientifiques, naturalistes, élus et techniciens, on relève, pour les milieux de production, la proposition d’apporter des connaissances à la filière agricole sur les services écosystémiques rendus par les pollinisateurs dans les cursus de formation initiale et continue, mais aussi d’établir plusieurs stratégies de diffusion de plantes sauvages locales auprès des agriculteurs. En milieux urbain, on retiendra en plus de formations des élus aux enjeux de la biodiversité, l’idée d'imposer des groupements mixtes d’écologues et urbanistes afin de concevoir des plans locaux d’urbanisme (PLU-I) favorable à la biodiversité. Notons encore la création d’une plateforme interactive recensant les différentes initiatives pour que les citoyens mettent en place des actions (retours d’expérience, carte de localisation, fiches techniques pour favoriser l’autonomie, etc.). De quoi guider les actions privées comme publiques, en particulier le prochain Plan national d’actions « Abeilles » (PNA). 

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Le Parlement européen vole au secours des abeilles !

23 septembre 2019

Les eurodéputés ont exigé à une écrasante majorité que la Commission européenne revoit sa copie sur l’évaluation des risques environnementaux des pesticides. L’évaluation de la dangerosité des produits chimiques agricoles est une question clé tant pour les abeilles, pour toute la biodiversité, que pour les agriculteurs qui épandent ces toxiques. Et plusieurs équipes de chercheurs réclament depuis dix ans que l’on revoie les tests préalables à l’autorisation de ces produits pour tenir compte des impacts des faibles doses de produits, mais aussi sur des catégories et des âges divers au sein des colonies d’abeilles.

En 2013, l’EFSA a d’ailleurs établi un document-guide destiné à combler ces lacunes, proposant de nouveaux principes d’évaluation du risque. À une trentaine de reprises (!), entre 2013 et l’été 2019, cette réforme a été mise à l’ordre du jour des réunions du comité technique européen ad hoc. En vain, le lobbying industriel la bloqué jusqu’ici, la majorité des États a refusé de revoir ces procédures d’habilitation de mise sur le marché. Si bien que la Commission de Bruxelles a finalement proposé en juillet dernier une refonte partielle des principes d’évaluation, n’incluant que l’estimation de la toxicité aiguë et renvoyant à plus tard l’adoption des autres critères. Ce que le Parlement vient de refuser. La balle est à présent dans le camp des gouvernements européens : seront-ils à la hauteur des attentes citoyennes et de l’urgence des crises écologiques ?

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La Camargue retrouve sa vigueur sauvage

1er octobre 2019

L’or blanc de la Camargue puis le tourisme de masse ont failli avoir la peau des taureaux, des manades de chevaux blancs, des colonies de salicornes et des 11 000 couples de flamants roses (près d’un tiers des effectifs nicheurs européens)… Or, depuis 2014, le Conservatoire du littoral, le Parc naturel régional de Camargue, la Tour du Valat, la Société nationale de protection de la nature et le WWF France, œuvrent à la « renaturation  » de ce site de 6 500 hectares. Les travaux ont principalement consisté à raccorder une partie des anciens salins à un canal d’irrigation, afin de maintenir des niveaux d’eau douce favorables à la reproduction d’oiseaux coloniaux. Un pont a également été construit pour favoriser le passage des civelles – ces petites anguilles dont l’espèce est menacée – vers la mer, où elles se reproduisent. 

Les milliards de litres d’eau douce apportés ont permis de faire progressivement baisser le taux de salinité, entraînant une évolution favorable de l’écosystème. Les sols ont retrouvé des conditions favorables à la réinstallation des végétations à salicornes. Et le site offre à nouveau le gîte à un vaste ensemble d’espèces typiquement lagunaires, qui réalisent l’ensemble de leur cycle de vie en milieu saumâtre (les athérines, les gobies ou les crevettes blanches), mais aussi aux alevins de certaines espèces qui se reproduisent en mer, comme la sole, le mulet porc ou la daurade royale. La Camargue offre aussi à nouveau le couvert à de nombreuses espèces de poissons marins (loup, daurade, sole commune, barbue…) qui viennent s’alimenter dans les étangs.

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Coraux : une renaissance possible

9 octobre 2019

Pour la première fois, des scientifiques ont observé  la repousse d’une partie des 243 colonies de l'espèce de corail Cladocora caespitosa, suivie depuis 2002 près des îles espagnoles de Columbretes et que l'on pensait avoir été tuées par la canicule de 2003. Ces polypes sont de minuscules animaux qui sécrètent un exosquelette en calcaire formant les colonies de corail. Or, les vagues de chaleur tuent ces animaux soit par excès de température, soit en éjectant de leur organisme les algues qui leur procurent des nutriments. On assiste alors au phénomène de blanchissement observé dans le monde entier, notamment dans la Grande barrière australienne.

Dans la revue Science Advances, une équipe des universités de Berlin et de Barcelone explique que chez 38 % des colonies touchées les polypes ont su développer une stratégie de survie : ils ont rétréci, abandonné leurs anciens squelettes puis développé de nouveaux exosquelettes sur une période de plusieurs années. Cette étude fait écho à d’autres travaux menés sur la Grande barrière de corail d’Australie, publiés avril 2018, attestant moins de blanchissement en 2017, alors même que les températures étaient plus extrêmes que celles de l’année précédente. 

Pour autant, cette adaptation n’est apparemment le fait que de certaines espèces. En outre, comme les coraux croissent très lentement, de l'ordre de trois millimètres par an, « si on a ces vagues de chaleur tous les étés, et qu'à chaque fois 10 ou 15 % des colonies sont tuées, on comprend bien que cette stratégie de restauration n'est pas durable. » pointe l'un des auteurs de l'étude espagnole. D’où l’urgence à stopper les dérèglements climatiques.

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Montpellier va protéger sa ceinture verte

9 octobre 2019

La métropole de Montpellier s’est engagée à pérenniser deux tiers de terres agricoles ou espaces naturels sur le territoire de ses 31 communes pour un tiers d’espace résidentiel. Cet engagement a été gravé dans un schéma de cohérence territoriale (SCOT), alors que Montpellier enregistre la plus forte pression démographique des métropoles françaises selon l’Insee. À la clé, l’ambition de son maire « de produire pour les cinquante ans à venir ce dont les habitants de Montpellier ont besoin pour se nourrir ». Gare au fantasme et aux effets d’annonce ! Car la demande alimentaire de la métropole excède très largement les capacités de production du département, rappellent les chercheurs : « Nous travaux montrent qu’on pourrait nourrir à 80 % le grand Montpellier en produits de l’Hérault... à condition de ne pas nourrir le reste du département ! Il faut bien évidemment relocaliser la production, mais il faut surtout des partenariats de solidarité entre les villes et les campagnes. » insiste Nicolas Bricas, chercheur au Cirad. 

L’effort de la collectivité dans la restauration scolaire n’en est pas moins appréciable. En 2014, la tarification, jusque-là unique, a laissé place à des tarifs sociaux, de 4,70 à 1,70 euros le repas. Ce qui a conduit à une hausse des inscriptions de 30 % tout en réduisant le gaspillage de 59 tonnes de nourriture par an. Et 35 % du volume global d’achat est « durable » (bio, local, labellisé, ou en circuit court, selon la définition de la loi Egalim), dont 15 % de bio. En 2020, cette part sera portée à 50 % lors du renouvellement des appels d’offres. Les barquettes en plastiques ont été bannies et la ville a mis en place en 2016 des menus végétariens (4 repas par mois) et végétaliens (sans lait ni œufs). 

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©quomodo


Survivre en coopérant, la recette date de 500 millions d’années !

14 octobre 2019

En chaîne, pour braver les tempêtes ? Ces assemblages en file indienne de fossiles d’Ampyx sont des trilobites marocains (des arthropodes marins) d’environ 480 millions d’années. Une équipe de chercheurs français, marocains et suisses a montré dans la revue Scientific Reports que ces individus, tous orientés vers une même direction, formaient des files régulières en se maintenant reliés par leurs très longues épines, probablement pour faire face à des tempêtes. Des comportements collectifs que l’on retrouve chez des langoustes d’Amérique du Nord pour répondre à des perturbations environnementales cycliques ou des signaux chimiques liés à la reproduction. Cet exemple de comportement collectif, estiment ces mêmes chercheurs, représente un avantage évolutif chez les premiers animaux. De quoi leur permettre d’échapper au stress environnemental et d’augmenter leurs chances de reproduction. Une leçon naturelle à méditer en ces heures d’effondrement écologique…

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Assemblage linéaire d’Ampyx priscus (Ordovicien inférieur, Schistes des Fezouata, Maroc) © Jean Vannier (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1)


Ça piaffe dans les réserves naturelles !

17 octobre 2019

Depuis une trentaine d’années, les naturalistes et scientifiques constatent avec effroi que les populations de très nombreuses espèces d’oiseaux s’écroulent tant en Amérique du Nord qu’en Europe – en France, on enregistre une baisse d’un tiers des populations d’oiseaux communs en zones agricoles. Certains milieux semblent néanmoins épargnés : les réserves naturelles. C’est le résultat encourageant des relevés effectués par les participants au STOC (Suivi Temporel des Oiseaux Communs), un programme de science participative aussi ancien qu’efficace. Ces ornithologues amateurs et professionnels ont pu suivre ces populations depuis 2001 au sein de 94 réserves métropolitaines (sur 342). « Alors que les populations d’oiseaux communs ont baissé en moyenne de 6,6 % sur le territoire métropolitain entre 2004 et 2018, elles augmentent sur la même période de 12,5 % dans les Réserves naturelles » précise l’étudiant en écologie Adrien Gellé qui a procédé aux analyses croisées des données du programme STOC. Les réserves profitent surtout aux espèces forestières qui voient leur population doubler (+ 48 %) en 15 ans alors qu’elles diminuent de 1,2 % dans le reste du pays. 

L’effondrement de la biodiversité n’est donc pas inéluctable. Pour autant, l’ensemble des espaces protégés en France métropolitaine ne couvre qu’1,37 % du territoire. Dès lors si l’on veut sauvegarder notre biodiversité il faut à la fois accroître ces aires protégés – saluons la création le 7 novembre d’un onzième parc national afin de protéger les forêts de Champagne et Bourgogne – et préserver la qualité des sols, des habitats, leur diversité du reste du pays. Et stopper partout les pollutions diverses !

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Bientôt la fin du plastique ?

24 octobre 2019

L'Agence européenne de l'environnement vient de demander dans deux rapports à « L’Union européenne (UE) [de] trouver des manières de traiter ses déchets plastiques respectueuses de l'environnement, par exemple en augmentant la réutilisation et le recyclage ». À peine 17 % des 51 millions de tonnes de produits en plastique sont réutilisés ou recyclés dans l'UE, Suisse et de la Norvège. 

L'Agence semble avoir été entendue par le Parlement européen. En effet, les Eurodéputés ont adopté à une écrasante majorité un projet de réglementation indiquant que les produits plastiques à usage unique, tels que les assiettes, couverts, cotons-tiges, pailles et touillettes seront interdits à partir de 2021 dans l’UE, de même que les produits contenant des plastiques oxo-dégradables, tels que les sacs et les emballages, et les emballages de fast-food en polystyrène expansé. D’autres plastiques, comme les bouteilles, devront être collectés séparément et recyclés à 90 % d’ici 2025. Les députés sont convenus que les mesures de réduction devraient aussi s’appliquer aux filtres à cigarette contenant du plastique – à réduire de 50 % d’ici 2025 et de 80 % d’ici 2030. Le Parlement débutera les négociations avec le Conseil dès que les ministres de l’UE auront adopté leur position sur ce dossier.

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Un pavé dans la mare agricole pour une PAC plus écologique et sociale

28 octobre 2019

Avec 55 milliards d’euros annuels, la politique agricole commune (PAC) représente aujourd’hui 43 % du budget total de l’Union européenne. Bien trop pour la majorité des États des pays de l’Union, qui pointe en plus que, malgré les aides, les agriculteurs peinent à vivre décemment de leur travail. 19 % des agriculteurs français ont déclaré un revenu nul, voire un déficit de leur exploitation, vient de révéler l’Insee. Ainsi, de plus en plus de citoyens (et de paysans !) contestent les finalités d'un énorme budget qui ne soutient pas en priorité une agriculture paysanne, d’emploi local et écologique, ni une alimentation de qualité. 

Alors que l'Union européenne examine déjà les orientations de la future PAC, pour la période 2021-2027, France Stratégie, l'organisme de prospective placé auprès du Premier ministre vient de lancer un sacré pavé dans la mare en proposant de conditionner les aides communautaires au principe du « pollueur payeur » mais aussi de l'emploi, et non plus de la taille de l'exploitation. Cette évolution, souhaitée par les réseaux l’agriculture paysanne, « permettrait de consolider les productions intensives en main-d'œuvre, notamment les exploitations arboricoles, viticoles et maraîchères, ainsi que les exploitations agroécologiques ». 

L'organisme propose aussi que les aides (directes du premier pilier) de la future PAC financent bien mieux les « externalités positives » (haies, prairies permanentes, zones humides…) et la protection des biens publics (eau, climat, biodiversité...). Il conseille pour cela d’instaurer un système de bonus-malus. Ce que les syndicats agricoles dominants (FNSEA-JA) refusent catégoriquement… « En parallèle, les aides couplées qui peuvent subventionner des activités polluantes – notamment les aides à l'élevage de ruminants émetteurs de gaz à effet de serre – seraient supprimées et un système de taxes sur les intrants [pesticides et engrais] serait mis en place », détaille France Stratégie. De même qu'un bonus pourrait être octroyé pour le maintien de surfaces d'intérêt écologique, associé à un malus en cas de destruction de ces surfaces. Espérons que ce rapport guide les débats de la prochaine PAC !

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©pexels


Ils nous inspirent !

Bastien Moysan, nouvelle victime de la « guerre des terres » 

octobre 2019

Ils ont tenté de lui « piquer » les 30 hectares de terres labourables, bois et zones humides qu’il cultive en partie depuis 2004 à Daoulas (Finistère). « Ils », ce sont ses voisins et familiers, qui ont profité d’une vente aux enchères le 21 mai dernier pour tenter d’agrandir leurs exploitations déjà fort imposantes. Bastien Moysan, ce paysan de 39 ans en conversion biologique s'est fait déposséder en toute légalité de son outil de travail, à la faveur d'une vente aux enchères. Actuellement, il élève seul (sa compagne travaille à l’extérieur) une vingtaine de vaches et autant de porcs de races rustiques. Il cultive aussi des variétés anciennes de blé et pratique la pêche à pied professionnelle sur les estrans finistériens.

Sa mésaventure témoigne des dissensions familiales autour de la succession de ces terres. Rien d’exceptionnel lorsque les approches agricoles et syndicales s’opposent… Au-delà, elle illustre les grandes difficultés d’accès des petits paysans aux terres (et aux fermes). Surtout lorsqu’on est sur un modèle peu intensif et avec des capacités d’investissement limitées. 

La situation de Bastien Moysan a suscité un formidable élan de solidarité : un comité de soutien s’est constitué, une pétition en ligne a déjà recueilli plus de 80 000 signatures et la participation de citoyens au groupement foncier agricole (GFA) monté avec l’aide de Terre de Liens Bretagne, qui deviennent « co-actionnaires » d’un ensemble de parcelles. Son dernier espoir : la Safer a finalement préempté ses 30 ha. Il pourra éventuellement les acquérir au prix fort (environ 130 000 €), si elles lui sont réattribuées. Décision attendue avant la fin janvier 2020.

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Paulo Paulino, l’espérance ensanglantée de l’Amazonie 

1er novembre 2019

À la tête des “Gardiens de la forêt”, il transmettait à l’administration les données GPS de zones jonchées de troncs fraîchement coupés et venait en aide aux pompiers lors des incendies de forêt. Il détruisait également les campements illégaux des bûcherons qui exploitent abusivement les forêts de l’Etat amazonien du Maranhao, l’un des plus touchés par les feux et l’exploitation forestière illicite. Le 1er novembre, Paulo Paulino, membre de la tribu des Guajajara et leader de ce groupe de défense de l’Amazonie, a été tué d’une balle dans la tête par des trafiquants de bois. Son camarade Laercio, lui, a été blessé dans l’attaque. 

Selon des chiffres du Congrès missionnaire indien, une association liée à l’Eglise catholique, 160 intrusions de trafiquants de bois ou d’orpailleurs illégaux ont été recensées cette année sur les terres des Guajajara, soit une hausse de 44 % par rapport au total de l’année 2018. Les Gardiens de la forêt mènent des patrouilles armées dans la réserve d’Arariboia, où vivent quelque 5 300 Indiens répartis sur 4 130 km2. Régulièrement, Paulo Paulino et ses camarades recevaient des menaces de mort, et plusieurs d’entre eux ont été tués. Malgré les diverses plaintes déposées par les Guajajara, l’État fédéral n’a jamais pris les mesures nécessaires pour protéger les Amérindiens ni le massif amazonien. 

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