Découvrez comment danser permet de résister aux discours de haine. C’est ce que vous propose le Mouvement Colibris au cours d’un webinaire apprenant pour les bénévoles de nos groupes locaux.
La danse, un second souffle pour s’engager
Découvrez comment danser permet de résister aux discours de haine. C’est ce que vous propose le Mouvement Colibris au cours d’un webinaire apprenant pour les bénévoles de nos groupes locaux.
Le 19 mai, de 19h à 20h30, le Mouvement Colibris invite ses bénévoles et ses groupes locaux à un webinaire apprenant en partenariat avec le collectif Corps & Graphie. Au programme : du mouvement, des débats culturels, un quiz participatif, un arpentage critique de ressources engagées… et surtout, une plongée vivante dans l’activisme chorégraphique. Un moment pour danser, réfléchir, déconstruire… et pourquoi pas semer l’envie d’organiser à votre tour des actions joyeusement militantes ?
Mais comment en est-on arrivé là ?
Dans une société saturée de discours anxiogènes, de peur, division et contrôle, une autre manière de s’engager gagne du terrain : celle de la joie. Une joie lucide, déterminée, profondément ancrée dans le désir de transformation. Une joie qui se vit dans les corps, dans les rues, dans les collectifs. Ce qu’on pourrait appeler la joie militante, c’est une réponse à la morosité ambiante des moyens d’engagements traditionnels. Parce que, soyons honnêtes, les manifestations classiques peuvent parfois sembler austères, codifiées, peu engageantes. Et aujourd’hui, beaucoup se désengagent justement parce qu’ils ne s’y retrouvent plus.
Le Mouvement Colibris défend depuis longtemps des formes d’action positives, créatives, ancrées dans le « faire ensemble ». L’idée n’est pas d’abandonner les manières traditionnelles de s’exprimer mais de les réinventer et d’amener du vivant là où l’engagement peut parfois s’essouffler. L’activisme festif et chorégraphique va dans ce sens. Il fait le pari qu’on peut à la fois revendiquer… et célébrer. Il transforme l’espace public en une scène joyeuse et porteuse de valeurs Et surtout, il attire. Il rassemble. Il touche. Parce qu’on a tous un corps, un rythme, un besoin de lien. Et qu’il y a quelque chose de puissant dans le fait de bouger ensemble pour porter un message.
Danse et engagement, une longue histoire
Bien que de nombreux collectifs actuels se réapproprient cet activisme festif, cette stratégie de danse n’est pas nouvelle : partout dans le monde, la danse a souvent été une arme des peuples opprimés. En Afrique du Sud notamment, durant l’apartheid, une danse de marche rythmée appelée toyi-toyi était pratiquée lors des manifestations. Portée par l’ANC (le parti de Nelson Mandela), cette danse servait à porter les foules, à impressionner l’adversaire, à affirmer une présence collective. Le toyi-toyi n’était pas une simple performance : c’était un cri du corps, une force qui ne passait pas par les mots.
Comme Nelson Mandela, beaucoup ont compris que la libération ne viendrait pas seulement par la confrontation directe ou les outils du pouvoir dominant, mais aussi par des formes d’expression qui nous échappent, qui nous élèvent, qui réhumanisent. Des formes qui ne reproduisent pas les schémas de domination, mais les transforment.
Beaucoup d’autres danses sont nées dans des contextes de lutte. Le waacking, danse née dans les clubs de Los Angeles dans les années 70, fut créée par des minorités homosexuelles afro et latino. Le voguing, qui pastiche les défilés de mode et les magazines de luxe, est apparu à New York dans les années 80 au sein des communautés trans et queer afro-latino-américaines (voir le documentaire Paris is Burning). Le Krump, plus brut, a émergé dans les quartiers défavorisés de Los Angeles comme une réponse à la violence systémique et une alternative expressive au hip-hop commercial. La capoeira, de son côté, mêle danse et art martial et est imaginée par des esclaves brésiliens comme un outil de résistance masqué. Ces danses racontent des histoires de survie, d’identité, de résistance. Elles sont nées d’un besoin urgent de s’exprimer autrement, de transformer la douleur en mouvement, la colère en création.
« Les outils du maître ne démoliront jamais la maison du maître », Audre Lorde
Danse c’est donner de la joie là où on attend de la colère. C’est déplacer les lignes et ouvrir d’autres voies de résistance. C’est militer autrement, mais avec autant de force. Parce que cela’il permet de reprendre possession de son corps dans l’espace public de manière collective et non violente. Danser collectivement c’est donc bien plus qu’un symbole. C’est incarner un autre rapport au pouvoir.
« Les outils du maître ne démoliront jamais la maison du maître », écrivait Audre Lorde (essayiste et poétesse afro-américaine). À sa manière, la danse réinvente nos façons de nous engager. Plutôt que d’adopter les codes classiques de la confrontation ou de la virilité militante, elle propose autre chose : une action qui part du corps, du lien, du vivant.
Des collectifs qui se mobilisent
Aujourd’hui, plusieurs collectifs s’engagent à travers la danse pour faire passer des messages forts, autrement. C’est le cas de Corps & Graphie, MC Danse pour le Climat, Planète Boom Boom ou encore Le Bruit qui Court. Tous revendiquent une forme d’activisme ancrée dans les corps et dans la joie. Zoé, qui fait partie de Corps & Graphie depuis sa création, témoigne : « Ce n’est pas nouveau de chanter, de danser en manif. Ça a toujours existé, et ça a porté des luttes victorieuses. Ce qu’on fait, c’est se réapproprier cette mémoire collective. »
Photo : Corps et graphie
Face aux potentiels critiques qui qualifieraient parfois leur démarche de simple animation, elle répond : « La danse, ce n’est pas qu’un divertissement. C’est du lien, c’est de l’espoir. Et sans espoir, comment tu continues à militer ? »
Ces collectifs offrent aussi une autre porte d’entrée vers l’engagement, notamment à celles et ceux qui ne se reconnaissent pas dans les formes de luttes plus traditionnelles : « Ce n’est pas forcément une question de légitimité, mais l’approche du corps et de la danse me parle davantage. Elle m’a permis de m’investir à ma manière. En manifestation, je ressens un fort sentiment d’appartenance, mais ce lien peut se tisser ailleurs aussi : en soirée, en atelier… Il y a quelque chose de très puissant dans le fait de se relier aux autres par le mouvement. »
Les actions de Corps & Graphie prennent souvent la forme d’ateliers participatifs, organisés dans des festivals, des MJC (Maisons des Jeunes et de la Culture) ou même dans des bals de villages : « Ce sont souvent des gens qui ne seraient pas venus en manif, mais après un atelier dansé, peut-être qu’ils se sentent un peu plus proches d’une cause, un peu plus prêts à se mobiliser. On crée un sentiment d’appartenance, on redonne du souffle. Parfois, juste danser ensemble, c’est déjà une forme d’action. »
Parmi les souvenirs marquants de Zoé, elle évoque la première édition des Assises Debout, un événement mêlant danse et réflexion politique, organisé en décembre 2023. « La plupart d’entre nous ne s’étaient jamais rencontrés avant, raconte Zoé, Tout s’est fait à distance avec une énergie commune et l’envie de créer quelque chose ensemble. Et quand on s’est rencontré la force du collectif et du mouvement commun était là .»
Une preuve de plus que la danse peut rassembler, éveiller et faire vibrer les luttes.
N’hésitez pas à rejoindre le mouvement pour pouvoir participer à notre webinaire apprenant le 19 mai prochain. Au plaisir de danser, réfléchir et agir ensemble,
Pour devenir bénévole, rejoindre un groupe local, et profitez des formations de Colibris gratuitement, rien de plus simple : il suffit de cliquer sur ce lien
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