Emmanuelle Boggio-Pola, une cerise sur le vélo à Marseille
par Elodie Lucy (Marseille) pour Colibris
© Elodie Lucy
Bientôt, Emmanuelle sillonnera les rues de Marseille sur un triporteur électrique, proposant des petits plats sains, savoureux et locaux, concoctés avec amour dans une cuisine associative du centre-ville. Portée par la philosophie du colibri, en quête de sens, elle nous raconte les prémices de son projet, la Cerise sur le vélo.
" Quand j’avais 15 ans, j’ai vu un film qui m’a bouleversée : the Constant Gardener. L’histoire dénonce l’exploitation inacceptable de la misère africaine par les occidentaux, au nom du profit. Je suis rentrée en me disant “comment est-ce possible que cela existe ?” Je crois que c’est là que tout a commencé ! Je voulais sauver le monde, mettre fin à la pauvreté, à l’injustice.
" En sortant du lycée, j’ai fait une prépa puis une école de commerce. J’étais un peu un ovni dans ce système hyper élitiste, très éloigné de l’économie sociale et solidaire. Mais ça m’a permis de partir en mission pour des associations. À ce moment-là, je ne savais pas encore ce que je voulais faire. Mais je me sentais déjà portée par quelque chose, en quête permanente de sens.
" Après l’école, une naturopathe m’a raconté la légende du colibri. J’ai trouvé ça génial ! Ça a fait son chemin tout doucement. J’ai fini par accepter qu’il y ait des choses sur lesquelles je n’ai pas de prise évidente. Rester dans la révolte, la colère ne sert à rien… Aujourd’hui, je veux agir à mon échelle, me concentrer sur le positif, les sourires, le partage et l’enthousiasme !
" L’idée de faire quelque chose autour de l’alimentation remonte à 4 ans. J’étais bénévole à Disco Soupe. Au départ, j’ai pensé à un food truck à partir de légumes invendus. Mais très vite j’ai réalisé que les paysans qui travaillent comme je l’entends n’ont pas d’invendus... Ce qui reste, ça va aux poules ! Puis je suis partie quatre semaines avec Greenpeace à vélo sur la côte atlantique. J’ai vraiment eu une révélation. J’ai trouvé que le vélo, ça n’était pas si dur et très plaisant. C’était la solution pour être moins dépendante du pétrole. Le food bike a fait sens, et la Cerise sur le vélo est née.
" Ce projet, c’est d’aller à la rencontre des Marseillais pour les sensibiliser à une alimentation plus saine et plus éthique, de façon conviviale. Je veux faire en sorte qu’ils se réapproprient ce qu’ils mangent, recréent des liens entre le monde de la production et celui de la consommation. Concrètement, c’est un service de restauration rapide le midi, de bons petits plats cuisinés vendus dans la rue avec un triporteur électrique. C’est aussi proposer des ateliers ludiques et originaux aux salariés et étudiants dans des entreprises, universités et grandes écoles, autour de l’alimentation, la santé, le bio, le métier de paysans, la déconstruction des idées reçues.
" Pour le food bike, je préparerai les plats le matin avec une cuisinière au Funiculaire, un bar à vin à Marseille qui nous sous-loue sa cuisine. Ensuite, je les transporterai sur le vélo, jusqu’à des emplacements privés prédéfinis. L’intégralité des produits viendra des marchés paysans marseillais, de magasins bios et d’une coopérative de produits équitables. Au menu : des gratins, lasagnes, soupes, poêlées… des saveurs insoupçonnées mais pas trop étranges non plus ! Chaque jour, nous proposerons un plat et un dessert, ainsi qu’un choix de boisson bio, à un prix juste et accessible.
" Aujourd’hui, le montage du projet est terminé. J’ai récolté l’argent nécessaire à la fabrication du triporteur grâce au crowfunding. Une construction sur-mesure, à partir de matériaux de récupération, avec un four norvégien pour maintenir les plats au chaud sans avoir besoin d’énergie. Je continue à démarcher les propriétaires d’emplacements, avec pour objectif d’arpenter les rues de Marseille dès la rentrée ! "
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