Développer une ceinture maraîchère autour des villes
En cas de pénurie de pétrole, Paris ne disposerait que de quelques jours d'autonomie alimentaire : en effet, seuls 20% de l'approvisionnement alimentaire en Ile-de-France viennent de la région parisienne. Pourtant, encore au XIXe siècle, l'approvisionnement des villes en denrées alimentaires était assuré par une agriculture de proximité formant une ceinture maraîchère autour des centres urbains. Ces ceintures constituées de maraîchers, de vergers et d'élevage pour le lait, assuraient l'accès aux citadins à ces denrées périssables indispensables. Aujourd'hui ces ceintures ont disparu sous le béton de l'étalement urbain pour être remplacées par un va-et-vient incessant de camions et d'avions venant des quatre coins du monde. Si bien que la frange qui sépare l’espace urbain de l’espace rural a pris des proportions sans commune mesure avec ce qu’étaient les limites urbaines du XIXe siècle.
Face aux dérives de l'agro-industrie, de nombreuses villes réfléchissent à retrouver une agriculture nourricière à proximité de la ville. Déjà, plusieurs villes européennes en ont fait l'expérience : Totnes, Munich.
Quel impact sur le territoire ?
Modèle actuel | Modèle proposé |
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Dépendance vis-à-vis de la grande distribution | Participer à une répartition équitable des richesses |
Interdépendance et mondialisation | Autosuffisance alimentaire |
Destruction d'emploi | Créer et multiplier des emplois |
Pollution | Réduire les transports de produits et minimiser les changements climatiques |
Délocalisation | Relocalisation de l'économie |
En développant une ceinture maraîchère autour de votre ville, vous :
- Participez à une répartition équitable des richesses et encouragez les agriculteurs locaux car vous privilégiez leurs produits plutôt que ceux vendus par l'industrie agro-alimentaire.
- Favorisez l'autosuffisance alimentaire car en mettant en place une ceinture maraîchère vous devenez, dans une certaine mesure, indépendant vis-à-vis de l'industrie agro-alimentaire.
- Maintenez les emplois et favorisez la création de nouveaux car en consommant des produits issus de circuits courts vous dynamisez l'économie locale.
- Proposez un prix juste et sans dépendance vis-à-vis de la grande distribution. En effet, du fait de l'absence d'emballage, de gâchis et d'intermédiaire, l'agriculture peut dégager un revenu décent, tout en appliquant un prix abordable.
- Réduisez votre empreinte écologique car vous valorisez les produits issus de circuits courts et par conséquent diminuez le transport des marchandises.
- Créez un pont, un lien entre les citoyens des villes et ceux des campagnes.
Comment construire une ceinture maraîchère autour des villes ?
Les grandes étapes d’un tel projet sont :
- Identifier, créer une demande
- Stimuler l’offre en accompagnant les producteurs
- Mettre en place la logistique nécessaire pour le lien entre ceinture maraichère, souveraineté alimentaire locale et qualité des produits
- Travailler en partenariat avec le service juridique de la ville et le service des marchés publics
Quelles sont les structures qui peuvent vous aider ?
Terre de liens
Terre de liens encourage l'installation de paysans et le développement d'une agriculture biologique en accompagnant des porteurs de projet pour l’accès au foncier en milieu rural et périurbain. Elle concourt ainsi à la création d’activités écologiquement responsables et socialement solidaires.
http://www.terredeliens.org/
Fédération Nationale des Agriculteurs biologiques
La fédération nationale des agriculteurs biologiques organisées en fédérations régionales peuvent vous mettre en contact avec des agriculteurs bio dans votre région.
http://www.fnab.org/
Quelques lectures :
- « Entre ville et agriculture, une proximité à reconstruire », Roland Vidal, Métropolitiques, avril 2011
- « L’autosuffisance agricole des villes, une vaine utopie ? », André Fleury & Roland Vidal, La Vie des idées, juin 2010
Ils l'ont fait !
Marie-Claude Carlin,élue écologiste adjointe au développement durable à la mairie de Rodez et au Grand-Rodez.
L’introduction du bio dans les cantines a été assez simple à mettre en place. En revanche, mon deuxième engagement de campagne s'est avéré plus compliqué à réaliser. Nous nous sommes trouvés face à une impossibilité technique de servir plus de produits et légumes frais, de saison et locaux car la cuisine centrale n'est pas équipée d'une légumerie[1]. De plus, les légumes servis aujourd'hui ne proviennent certainement pas de la ceinture maraîchère de Toulouse. A partir de là, il fallait étudier la transformation de la cuisine centrale pour y intégrer une légumerie où seraient préparés des légumes 100% frais et locaux, et engager une remise en fonction de la ceinture maraîchère autour de la ville. Ainsi, le projet de (re)développement de la ceinture maraîchère autour de Toulouse est apparu au travers de mon travail à la délégation restauration scolaire.
Plusieurs obstacles se sont dressés au fur et à mesure du montage du projet. Il faut notamment faire face à la frilosité de certains acteurs à faire bouger les choses. Nous sommes par exemple confrontés aux grandes structures dont les intérêts économiques divergent. C'est une source d'inhibition pour les élus qui ne seraient pas convaincus à cent pour cent par le projet.
Pourtant, les avantages sont nombreux. La réhabilitation des terres autour de Toulouse en ceinture maraîchère aura des répercussions positives à plusieurs niveaux. Ce projet permettra de redynamiser l'économie toulousaine et d'aller au-delà en développant une autre économie, plus locale. En maintenant l'agriculture périurbaine, on encourage les filières courtes, sans intermédiaires superflus.
De plus, la remise en route de la ceinture maraîchère incitera des producteurs à se réinstaller. Ainsi on peut espérer réduire le taux de chômage, si on se laisse imaginer qu'une bonne partie des chômeurs d'aujourd'hui sont les agriculteurs d'hier. La mise en place de la ceinture maraîchère serait alors une réponse au chômage actuel.
Sur un autre plan, celui de la santé, environnementale mais aussi sociale, la construction d'une ceinture maraîchère contribuerait à revaloriser l'agriculture vivrière ; manger le fruit de son travail n'est-ce pas là une récompense estimable ?
A ce jour, le projet est finalisé, il n'a plus qu'à être validé.
La transformation de la cuisine centrale a été étudiée et la faisabilité de la création d'une légumerie a été conduite par un groupe d'étudiants de master 2 (Master Alimentation/ Parcours Management et Ingénierie en restauration collective, Université de Toulouse 2, CETHIA (Centre d’Etudes du Tourisme, de l’Hôtellerie et des Industries de l’Alimentation) puis certifiée par un bureau d'études. De plus, il a été confirmé que des personnes handicapés pourraient être employées à la cuisine centrale et que le travail à la légumerie constituerait une activité à la fois adaptée et suffisamment stimulante. »
Elisabeth BELAUBRE, Adjointe au Maire de TOULOUSE en charge de la restauration scolaire - Environnement/Santé.
[1] légumerie, de plus en plus employé et entre dans le langage courant, est l'endroit spécialement dédié à la découpe et la préparation des légumes.