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Kaizen, le magazine qui rend sobre... et heureux !

Entretien avec Françoise Vernet

Yvan Saint-Jours, Cyril Dion et Pascal Greboval, trois des quatre fondateurs de Kaizen



Depuis 2012, année de son lancement, Kaizen partage de l’information positive. À travers son bimestriel et ses nombreuses autres activités (débats, cinés, radio…), le magazine donne inlassablement la parole à tous ceux qui portent des initiatives pionnières en faveur de la préservation de l’humain... et de la planète. 
Françoise Vernet, directrice, revient pour nous sur l’aventure d’une revue qui a l’audace de proposer un autre journalisme - joyeux et stimulant !



- Comment a commencé l’aventure Kaizen ?

En 2010, Yvan Saint-Jours, le fondateur de La Maison Écologique, est allé voir Pierre Rabhi, convaincu que l’action quotidienne des milliers de citoyens engagés, les colibris et les autres, devait être partagée et diffusée à travers un magazine. Et ainsi, inspirer des milliers d’autres personnes ! Mis en relation avec Cyril Dion, directeur de Colibris de l’époque, ils fondent en 2012 le magazine Kaizen à quatre, avec Pascal Greboval, actuel rédacteur en chef, et Patrick Baldassari.


- Ça n’est pas commun “Kaizen”.... Pourquoi avoir choisi ce titre ? Et qu’est-ce que ça veut dire ?

“Kaizen”, c’est un mot japonais qui veut littéralement dire “changement bon”. Mais c’est aussi une méthode, qui pour nous, est une philosophie : celle des petits pas. Nous ne voulons ni n’attendons la révolution ; en revanche nous croyons beaucoup à de petites actions qui, mises bout à bout, induisent de grands changements. Et ce sont justement ces petits pas que nous voulons rendre visibles ; ils sont le moyen et le signe d’une transformation en profondeur de notre société. Plus on les montrera, plus ils seront nombreux. 

On fait le pari en effet, qu’en donnant à voir une commune qui a trouvé un moyen de mettre en place un service de compost, on donnera l’envie et l’énergie à une autre d’en faire de même.


Question à CYRIL DION, l'un des quatre fondateurs : Ton souvenir le plus épique de l'aventure Kaizen ?

“ Le souvenir le plus marquant - et peut-être le plus épique - est forcément... le premier numéro.
          Nous n’avions pas de bureau, pas vraiment de rédaction, presque pas d’argent, je n’avais jamais dirigé de magazine, Pascal, notre rédacteur en chef, n’avait jamais fait ce métier lui non plus, Patrick notre gestionnaire venait de la banque… Nous placions tous nos espoirs sur Yvan (Saint-Jours) le seul a avoir une certaine expérience de la question (il avait fondé le magazine La Maison écologique). Mais, comme Yvan est avant tout créatif, cette expérience ne fut pas profitable à tous les postes...
          Pourtant, portés par notre enthousiasme, nous avons bâti ce premier numéro, passant de longues soirées pendus au téléphone pour ajuster les maquettes, les articles, combler les trous… Plein de culot, nous avions réussi à décrocher une interview et un portfolio du photographe et street artiste JR (dont une photo faisait la couv') et avions fait cohabiter ses clichés branchés avec des recettes à base de plantes sauvages, un reportage sur une cantine bio...
          Après deux mois de sueurs froides, de nuits courtes (je continuais à diriger Colibris et la collection Domaine du possible chez Actes Sud en même temps) ce premier numéro est enfin sorti, nous pouvions le tenir entre nos mains, tout plein de ses imperfections. Nous écumions les kiosques pour vérifier qu’il était bien en place, comme pour nous assurer que tout cela était bien réel. L’aventure venait de commencer…“


- Vous pratiquez un “journalisme des bonnes nouvelles“ finalement… Est-ce une revendication ?

Oui bien sûr ! Nous nous inscrivons clairement dans ce qu’on peut appeler aujourd’hui le “journalisme positif”, qui diffuse de l’information positive. Attention, il ne s’agit pas pour autant d’un discours bêtement naïf. Nous menons bien entendu un véritable travail d’investigation. Mais on trouve ça tellement dommage que les journaux télévisés ne parlent que de la succession de Johnny et de la dernière inondation alors qu’il y a un tas de gens qui font des choses géniales ! 


- Qui sont vos lecteurs ?

Majoritairement des gens sensibles et un peu sensibilisés. Ils connaissent souvent Pierre Rabhi, ont vu le film "Demain"… et se demandent pourquoi ils ne passeraient pas à l’action, eux aussi ! Pour eux, lire Kaizen, c’est découvrir comment ils pourraient concrètement, à leur tour, faire leur part. 

Toutefois, nous faisons tout pour élargir ce public et diffuser plus largement aux personnes plus éloignées des préoccupations environnementales. C’est d’ailleurs pour ça que, comme l’association Colibris, nous couvrons peu ou proue tous les piliers de la société : agriculture, éducation, alimentation, énergie… Chacun peut ainsi être touché par des actions dans le domaine qui est le sien.


Patrick Oudin au salon "Veggie World", octobre 2017


- Si l’on parle un peu de chiffres, que représente Kaizen aujourd’hui ? 

Nous diffusons plus de 20 000 exemplaires de notre magazine tous les deux mois. Mais nous ne ne faisons pas que ça ! Nous proposons également deux Hors-Séries par an, une collection de livres en coédition avec Actes Sud (la collection Je Passe À l’Acte), un cycle de conférences et de ciné-débats partout en France, des vacances en partenariat avec des acteurs du tourisme durable, et même des émissions de radio !

Tout cela, nous le faisons grâce à une petite équipe de 8 salariés et un financement indépendant, entièrement issu des abonnements et des ventes - en kiosque, sur la boutique en ligne, dans les salons - et d’un peu de soutien publicitaire. 


Une partie de l'équipe de Kaizen, octobre 2017


- En six années, vous avez réussi à devenir un acteur reconnu du paysage de la presse écrite. Comment expliquer ce succès ?

Je pense que c’est surtout parce qu’on propose des initiatives concrètes et accessibles. Par exemple, nous avons réalisé un reportage sur des personnes âgées qui louent leur chambre à des étudiants pour rendre service et sortir de la solitude. C’est un geste assez simple et qui donne des solutions à des enjeux de vivre ensemble, d’impact environnemental, d’autonomie financière... 

Et puis, Kaizen est aussi un magazine qui permet de susciter le débat, d’argumenter, de sensibiliser… C’est donc aussi un outil pour penser. D’ailleurs, chaque Kaizen passe à peu près entre 5 ou 6 paires de mains !


Question à PASCAL GREBOVAL, l'un des quatre fondateurs : Comment avez-vous trouvé le nom Kaizen ?

" Nous travaillions depuis plusieurs mois sur la maquette, le contenu, la diffusion, mais nous n’arrivions pas à trouver un nom de magazine.  Un jour on s'est fixé comme objectif pour la réunion suivante, de trouver un nom, avec comme consigne d’arriver chacun avec trois propositions.  Nous nous sommes retrouvés, Cyril Dion, Yvan Saint Jours, Patrick Baldassari et moi [les quatre fondateurs, ndlr]. « Colibris le mag »  est proposé,  puis d’autres noms qui ne déclenchent pas une vague d’enthousiasme... Et je vois Cyril chercher dans son smartphone, et prendre la parole pour dire : «  Kaizen ».  Il nous explique la philosophie. Le débat était clos. Ça faisait écho en chacun. Nous avions le nom !  
          Je ne le lui ai jamais demandé, mais j’ai toujours pensé qu’il avait trouvé ce nom pendant que les autres parlaient. Et j’ai trouvé ça génial de sa part."


- Votre engagement écologique se manifeste-t-il dans vos pratiques de journaliste ?

Bien entendu ! À commencer par l’humain ; dans un monde parfois compliqué, on est très soucieux de la qualité de la collaboration avec l’équipe de journalistes, pigistes, illustrateurs en appliquant les tarifs normaux de la presse écrite. Ce n’est pas parce qu’on est un "petit magazine" qu’on sous-paie. 

Par ailleurs, on fait attention aux déplacements lors de nos reportages, on présente des villes qui sont accessibles sans prendre l’avion, on imprime en France avec un papier issu de forêts gérées durablement, en utilisant des encres végétales … on essaie d’être le plus cohérent possible.


Les 5 ans de Kaizen, le 29 février 2017.
De gauche à droite : Pierre Rabhi, Françoise Vernet, Cyril Dion et Pascal Greboval


- En parlant de forêt, où en êtes-vous du fameux “passage au numérique” ?

On se pose plein de questions, comme tous les titres. Ce qui est certain, c’est que notre outil, avant tout, c’est le papier. On passe déjà tellement de temps sur nos écrans ! Le contact avec le magazine, c’est un contact physique, qui est important. L’écologie n’est pas une réalité virtuelle, l’écologie c’est respirer, manger, vivre au quotidien et comprendre que chacun de nos gestes a un impact.

Toutefois, nous souhaitons aussi toucher les jeunes, qui lisent davantage en ligne. Nous avons donc fait le choix d’un angle spécifique sur notre nouveau site internet : le “Do It Yourself” (DIY) pour inciter chacun à faire plutôt qu’acheter. Les visiteurs du site ont accès à de nouvelles possibilités, comme celle d’avoir leur propre “board” pour partager largement les informations, articles… qui leur ont permis de changer quelque chose dans leur quotidien. On choisit donc ce qu’internet offre de mieux : le participatif.


- Quel est le plus gros défi de Kaizen dans les années à venir ?

Rester créatif, innovant, continuer à surprendre nos lecteurs ; mission réussie avec notre dernier hors série sur le souffle quantique, par exemple… Mais ce qui est compliqué, c’est de continuer à intéresser les gens familiers avec ces problématiques tout en intéressant ceux qui les découvrent.

Matériellement, l’enjeu pour nous est de continuer à exister en tant que média indépendant. Ces dernières années ont été placées sous le signe d’investissements ; nous avons donc besoin d’abonnés et de lecteurs. C’est d’ailleurs aussi une façon de faire sa part que de s’abonner à Kaizen : on a besoin des colibris !


Complétement sobre, carrément heureux, le rédacteur en chef de Kaizen, Pascal Greboval, se dévoile après la sortie du Hors-Série 6.


- En regardant les six années passées, quelle serait ta plus belle satisfaction ?

Notre campagne de financement participatif réussie il y a deux ans sur KissKissBankBank ! On voulait financer une nouvelle maquette, une mise en avant en kiosque, de l’équipement pour travailler… et plus de 10 000 personnes ont donné près de 70 000€ !  Ça nous a tous fait chaud au cœur. Surtout quand on sait que tous les titres de presse qui font du crowdfunding n’arrivent pas à atteindre leurs objectifs…

Une autre satisfaction, c’est notre lien avec nos publics (abonnés, lecteurs occasionnels, …). En 2017, nous étions présents sur 20 salons, invités dans plus de 30 librairies, initiateurs de 15 cinés Kaizen et 15 conférences Kaizen un peu partout en France. On rencontre les gens, on échange, on se nourrit de leurs interrogations et de leurs préoccupations. Nos articles se font ainsi l’écho de ce qu’on entend auprès de milliers de personnes partout sur les territoires. En cela, on peut dire que Kaizen incarne véritablement ce que doit être un journal. 


Lancement de la campagne de crowdfunding le 22 Janvier 2015



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Colibris est une structure associative, qui intègre ses parties prenantes à sa gouvernance. La société propriétaire du magazine Kaizen, EKO Libris est une SARL, à priori une forme juridique plutôt adaptée pour une entreprise du monde ancien capitaliste, qui peut avoir pour but d'enrichir ceux qui la dirigent. Pourquoi ce choix pour Kaizen ? N'est-ce pas de nature à alimenter un discours de suspicion légitime sur les intentions de personnes fortement médiatisées comme Cyril Dion ? Cf les unes fréquentes des magazines alternatifs. Bref, donnez-nous des informations sur la structure financière du journal, qu'on puisse se faire une idée. Cordialement,

Bonjour, Je vous invite à demander à Kaizen la raison de ce choix de structure juridique ! https://www.kaizen-magazine.com/contact/ Cordialement, Gregory / Colibris