À Lyon, deux “halles alimentaires” éphémères
Ouvert d’ordinaire six jours sur sept, le marché de la Croix-Rousse à Lyon accueille jusqu’à 95 commerçants, parmi lesquels 21 en bio. Autant dire que sa fermeture pour cause de confinement a constitué une lourde perte d’un lieu central de vente et d’approvisionnement pour le quartier. Malgré les efforts de la Maire du 1er arrondissement de Lyon, Nathalie Perrin-Gilbert, pour le faire rouvrir sous certaines conditions, ce marché demeure fermé...
Plutôt que de créer des plateformes de livraison mettant directement en contact consommateurs et producteurs, mais contraignant ces derniers à multiplier leurs déplacements, l’Association du marché de la Croix-Rousse (AMCR) et la Mairie locale ont préféré centraliser la confection et la distribution de paniers alimentaires. L’objectif a été d’offrir un site mutualisé où les producteurs peuvent s’organiser pour proposer une offre diversifiée au grand public.
L’école Aveyron, avec sa grande cour et sa verrière, est devenue le nouveau « marché » du quartier, offrant un espace plat pour le déchargement par hayons élévateurs des fourgonnettes des producteurs et une protection pour tout le monde en cas d’intempéries. Et en plus, celle-ci se situe à proximité du marché habituel. Ainsi, chaque mercredi depuis le 1er avril, quatre stands de distribution de paniers y sont installés. Afin de respecter les mesures de distanciation, les clients se voient communiquer un créneau de passage d’un quart d’heure par groupe d’environ 15 personnes, permettant une gestion très fine du flux.
Les paniers commandés sont confectionnés par des bénévoles, dans un contexte où très peu d’agents de mairie sont disponibles. De 250 paniers commandés le 1er avril, le chiffre a bondi à 380 deux semaines plus tard et avoisine aujourd’hui les 700 paniers, grâce à l’ouverture d’un deuxième point de collecte au sein du complexe sportif Généty-Duplat. La secrétaire de l’AMCR commence à prendre les commandes le vendredi midi et ne touche plus terre jusqu’au surlendemain.
Pour Andy Chiabrando, directeur de cabinet de la Maire du 1er arrondissement, « une telle réussite est tout à l’honneur du service public. Une fois sortis des jeux politiciens, de la culture institutionnelle imposée par certains élus et de l’auto-censure des agents, nous agissons tous ensemble dans le souci de l’intérêt général. » En effet, cette initiative n’aurait pas pu voir le jour sans la collaboration étroite de nombreux acteurs institutionnels, associatifs et individuels : mobilisation rapide de bénévoles par la Mairie du 1er arrondissement via le site gouvernemental afin de constituer une réserve citoyenne, mise à disposition par l’Institut régional d’administration de l’un de ses étudiants, réactivité de la Direction de l’économie, du commerce et de l’artisanat et des différents services de la Ville de Lyon, gestion des commandes par l’Association du marché de la Croix-Rousse, disponibilité du gardien de l’école Aveyron…
Voilà une coopération qui a de quoi nourrir la réflexion sur l’après confinement. La Maire Nathalie Perrin-Gilbert a plaidé le 23 avril 2020, au cours d’une séance publique de la Métropole de Lyon, pour que cet après soit « au service d’une pensée et d’une action politiques qui [fassent] du lien, du Vivant et des Communs les étalons des politiques publiques. »
Marseille, ayant eu vent de l’initiative lyonnaise du 1er arrondissement, l’a adaptée dans ses 11 arrondissements, en accueillant des producteurs proches au sein d’équipements de la Ville...
Aller plus loin :
- La crise du coronavirus : un accélérateur de transition alimentaire ? / Colibris le Mag
Commentaires
Cet article vous a donné envie de réagir ?
Laissez un commentaire !