Nicolas Thierry, vice-président à la Région Nouvelle Aquitaine
"Inventons une politique de l'eau, un bien commun précieux"
Nicolas Thierry, vice-président de la Région Nouvelle Aquitaine en charge de l’environnement et de la biodiversité, ainsi que la gestion qualitative de l’eau jusqu’en décembre 2018. Écologiste (membre d’EELV), il a quitté sa délégation sur l’eau à la suite d’un désaccord sur le soutien de la majorité régionale à la construction de retenues d’eau (bassines) à des fins agricoles. Il nous en explique les raisons, et trace plus globalement les ambitions et les défis en matière de protection de l’eau de la première région française en terme de surface et européenne en terme de productions agricoles.
– Première région agricole, avec des cultures, notamment céréalières, très consommatrices d’eau, 6 millions d’habitants et un climat qui se « méditerranéise », la Nouvelle-Aquitaine (NA) va devoir apprendre à consommer sa ressource avec parcimonie et à en restaurer la qualité. En 2018, la Région Nouvelle Aquitaine s’est dotée d’une Stratégie régionale de l’eau pour concilier les différents usages de l'eau et garantir sa qualité. Quelles en sont les grandes lignes ?
N.T. : Si les anciennes régions qui ont formé la Nouvelle Aquitaine ont pu agir dans ce domaine, leurs actions n’étaient pas toujours à la hauteur des enjeux en matière de préservation de la ressource en eau ni des connaissances scientifiques. En outre, cela fait des années que nous avons dans plusieurs territoires de la Région de sérieux conflits d’usage agricole de l’eau autour de la mise en œuvre de « bassines », qui sont des retenues d’eau destinées à l’agriculture. D’où la nécessité de construire une politique de l’eau à l’échelle de toute la nouvelle région NA, en concertation avec tous les acteurs, par seulement agriculteurs et pouvoirs publics, mais aussi avec les protecteurs de l’environnement, les industriels et les habitants-consommateurs.
Nous avons donc lancé une vaste concertation, en trois étapes : en premier lieu, nous avons mobilisé des chercheurs et des spécialistes du domaine afin de donner une base de discussion objective et rigoureuse sur la ressource, les nappes et les cours d’eau. À partir de cet état des lieux, nous avons organisé plusieurs ateliers dans différents territoires et sur plusieurs questions. Quelque 500 acteurs d’organismes divers y ont participé ; par ailleurs, des centaines de citoyens ont pu s’exprimer par voie numérique. Je veux d’ailleurs rendre hommage à tous ces acteurs, mais aussi aux associations qui assurent un travail de vigilance et de mobilisation précieux. Je pense notamment à “Bassines, Non Merci” en Poitou-Charentes, qui ont réussi à rassembler 3 000 personnes dans les territoires ruraux.
Cette concertation a débouché sur 220 propositions.
Quatre priorités d’action sont ressorties. La première, et ce n’était pas gagné d’avance, est d’accompagner les changements de pratiques en matière d’usage de l’eau de tous les acteurs privés (agriculteurs, consommateurs, entreprises…) et publiques (collectivités).
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Prenons l’exemple de l’agriculture, qui a un impact majeur pour la ressource en eau. Au-delà de cet objectif commun affiché, il y a diverses manières d'opérer ce changement, et finalement des objectifs différents, tant parmi les professionnels de l’agriculture que parmi les élus. Pour simplifier, certains élus au sein de l’exécutif de Nouvelle Aquitaine assurent que ce changement d’usage de l’eau en agriculture passe avant tout par des solutions technologiques (sondes dans les sols et capteurs sur les plantes, surveillance par drône et imageries aériennes, outils de gestion de l’arrosage, sélection génétique de variétés plus tolérantes à la sécheresse, etc.). C’est typiquement l’approche « solutionniste », en pensant que la technique et la science seules ou à peu près, vont nous sauver. Si l’on peut puiser dans la boite à outils des sciences et des techniques, je n’ai rien contre, l’essentiel des changements de pratiques doit, selon moi, s’opérer dans les itinéraires agricoles eux-mêmes. Et cela à tous les étages : par la mise en place de couverts végétaux et d’une protection des sols, ne serait-ce que pour mieux retenir l’humidité ; par l’arrêt des labours ; des arrosages intensifs en période de canicule ; par la modification des productions afin de mieux les adapter aux réalités de la ressource ; et par l’arrêt de la construction des fameuses bassines… Plus que jamais il faut s’adapter aux cycles de la nature.
Quant aux autres priorités inscrites dans notre Stratégie, même si nous n’avons pas la compétence du « petit cycle de l’eau » – qui relève des communes et de la gestion domestique de l’eau –, nous avons pu acter un certain nombre de règles en matière d’aménagement. Par exemple le fait que la question de la protection de la ressource en eau soit totalement intégrée à la planification de l’urbanisme. Ainsi, on ne pourra plus bétonner certains milieux comme les milieux tampons entre le littoral et la côte ou des zones humides, ou encore des zones forestières, qui jouent un rôle important dans le drainage des eaux de pluies en même temps que le maintien de l’humidité. Cela concerne aussi des règles permettant la protection des cours d’eau, des zones humides, les milieux aquatiques, etc.
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Troisième priorité, nous avons posé le principe que ces questions de protection de la ressource en eau et des milieux naturels ne soient plus débattues seulement à l’échelle locale mais à celle des territoires concernés, à savoir les bassins versants. Et on incite tous les territoires de la Région à mettre en œuvre des SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau), qui constituent la bonne structure de planification et de concertation entre acteurs et usagers de l’eau.
Enfin, nous avons une ambition claire d’acquisition de connaissances auprès d’organismes divers (agences de l’eau, universités, organismes de recherche, associations naturalistes…) afin de progresser en terme de connaissances régionales sur certains aspects du cycle de l’eau, sur le rôle des milieux aquatiques, etc. En outre, les deux programmes phares de recherches de la Région AcclimaTerra et Ecobiose intègrent bien évidemment cette question de la ressource en eau. Ne serait-ce que pour savoir comment les cycles de l’eau vont se comporter avec trois ou quatre semaines de canicules à 40°C ou avec des mois sans précipitations, et quelles seront les impacts pour les écosystèmes et les populations de Nouvelle Aquitaine.
La Garonne - ©wikipedia
– Dans la feuille de route baptisée Néo Terra, dédiée à la transition énergétique et écologique à l’horizon de 2030 et qui a été votée le 9 juillet dernier, les élus de Nouvelle-Aquitaine sont revenus sur « La préservation de la ressource en eau ». Trois mesures phares sont mises en avant : zéro pesticide de synthèse sur les zones de captages prioritaires ; 100 % de ressource hydrique et milieux aquatiques en bon état d'ici 2027 ; et réduire de 30 % la consommation d'eau dans l'agriculture en période d’étiage. Ces mesures sont-elles susceptibles de modifier les problèmes de qualité et de disponibilité de l’eau en NA ?
J’aimerais en être certain… Il faut prendre la mesure du problème. Cette question des pesticides – et notamment des nitrates – est très préoccupantes en NA : 45 % du territoire régional est classé par l’Europe en « zone vulnérable au nitrate » (du fait des concentrations relevées), et on a 54 % des masses d’eau des surfaces, en gros les rivières, qui sont dégradées, en état moyen ou critique.
L’origine essentielle de ces problèmes provient des pollutions agricoles, car si toutes les stations d’épuration urbaines ne sont pas toujours aux normes, le gros des rejets est maîtrisé – il demeure toutefois un sérieux problème sur les perturbateurs endocriniens très mal mesurés et traités par les stations d’épuration. Et en plus des problèmes de pollutions par les nitrates, on observe des modifications de berge problématique pour l’écoulement des eaux, la construction d’infrastructures qui coupent la continuité écologique des cours d’eau, et des niveaux de prélèvement dans les cours d’eau bien supérieur à la ressource disponible et qui mettent en péril la faune et la flore.
Cet objectif des 30 % de réduction de la consommation d'eau dans l'agriculture en période d’étiage est positif, mais je vais être honnête avec vous : je crains qu’à moyen terme il soit insuffisant du fait des projections de la ressource disponible liées aux bouleversements climatiques. Avec une projection d’accroissement de la température globale en France et en Région NA de + 2 °C – ce qui demeure très optimiste…–, on prévoit par exemple que le niveau de la Garonne sera, en période d’étiage (1), deux fois plus bas. Cette baisse des niveaux aura un impact en chaîne sur la flore et la faune, notamment pour les poissons migrateurs, mais aussi sur l’activité économique. Ainsi, cette ambition régionale n’est que le début des efforts nécessaires à consentir. À terme, si nous n’adaptons pas nos efforts aux réalités des changements climatiques, nous pourrions connaître un réel problème d’accès à l’eau potable dans plusieurs territoires de la Région.
– Par rapport à cette menace récurrente de la disponibilité de la ressource, qui pourrait bien s’aggraver en durée et en intensité dans les années à venir, il y a de plus en plus de construction de « bassines » en Nouvelle Aquitaine, et plus généralement dans les territoires de grandes cultures français. Tu a combattu cette mesure et après son adoption par la Région, tu as rendu ta délégation au président de Région concernant le volet de l’eau de ta vice-présidence à l’Environnement. Pourquoi t’opposes-tu à cette mesure réclamées par bon nombre d’agriculteurs ?
Parce qu’en construisant ces retenues on ne prend pas le problème des besoins en eau à des fins agricoles par le bon bout. Au préalable, il y a un travail qui n’est pas fait : s’interroger en premier lieu sur la compatibilité du système agricole dominant avec l’état de la ressource actuelle et à venir. Et mettre en œuvre un plan de transition agricole, à l’échelle régionale comme nationale, vers une voie durable et équitable – ce qui passe par changer les itinéraires de production, mais aussi les circuits et les marchés, les modes d’installation agricole, etc. Cela n’est pas réellement fait. Soyons précis : quel est le sens de cultiver des variétés de maïs très consommatrices en eau et de les envoyer en partie, via le port de La Rochelle, vers les Amériques du sud et du nord…? De ce point de vue, l’accord commercial du CETA adopté en France et en Europe risque fort d’aggraver les choses.
Au lieu de poser d’abord ces questions de fond, trop de responsables agricoles et d’élus répondent aux problèmes d’approvisionnement en eau en creusant des bassins gigantesques que l’on va remplir par des millions de mètres cubes, non pas, contrairement à ce que beaucoup croient, avec de l’eau de pluie mais essentiellement en pompant dans les nappes. Donc on a et on aura un impact sur l’ensemble du cycle de l’eau, parfois dans des zones déjà fragiles au niveau hydrique, comme le Marais Poitevin et globalement le nord de la Région. Une centaine de construction de bassine est prévue dans l’ancienne région Poitou-Charentes, où la pression agricole est particulièrement forte sur cette ressource. En tout, à la l’échelle de la Nouvelle Aquitaine, nous estimons qu’il pourrait s’en construire 200. Et lorsque j’entend le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume les encourager en France, il y a un sérieux risque d’essaimage dans de nouveaux sites de NA (lire notre encadré en fin d'article) !
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Pour autant, je ne suis pas opposé par principe, pas plus que les écologistes de la région, à toutes retenues d’eau. On l’a dit et fait croire, mais c’est faux ! Je pense juste qu’il faut y mettre des conditions, trois à mes yeux. Lesquelles ne sont pas réunies aujourd’hui, du moins la plupart du temps. La première des conditions est d’adapter ces retenues et ces prélèvements à la disponibilité réelle de l’eau dans chaque bassin versant, et ne plus répondre aux seuls besoins de certains professionnels.
Ensuite, nous devons encadrer cet usage de l’eau stockée : que celle-ci apporte une réelle plus-value à notre Région, en développant la production de maraîchage, et pourquoi pas de céréales, pour les marchés locaux. Nous devons construire autour de ces ouvrages un véritable projet pour la Région, comme favoriser l’autonomie alimentaire de notre territoire, des habitants comme des troupeaux. Il faut des garanties solides sur ce point ; D’autant plus que ces ouvrages sont financés à 70 % sur fond public…
Enfin, ces retenues doivent bénéficier à tous, pas seulement aux plus grands producteurs céréaliers – or, actuellement, elles profitent en gros à 10 % des agriculteurs. De même, il convient de régler des conflits d’usages entre agriculteurs, par exemple entre céréaliers et ostréiculteurs – les premiers, en captant beaucoup d’eau douce et polluant les cours favorisent des problèmes sanitaires et de développement des coquillages sur le littoral et les embouchures des fleuves. Et ce qui est vrai entre filières agricoles l’est également entre acteurs et usagers d’un même territoire (consommateurs, industriels, pêcheurs, etc) où les conflits se multiplient.
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La seule voie possible pour résoudre ces conflits et préserver ce bien commun est de mettre en place une gouvernance partagée multi acteurs, et plus seulement entre des coopératives agricoles et quelques élus, sur ces retenues et plus généralement sur la ressource à l’échelle des bassins versants. Il serait bon d’ailleurs de s’inspirer du travail de la prix Nobel d’économie Elinor Ostrom, qui a fait sa thèse en Californie dans les années 1970 justement sur les conflits d’usage de l’eau et sur la gouvernance des communs.
Une expertise collective menée par l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea) et l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), publiée en 2016, listait les effets néfastes d’une retenue sur la vie d’un cours d’eau. Celle-ci implique une perte d’eau en aval, modifie ainsi sa température, sa teneur en oxygène dissous, en nutriments. Elle constitue également un piège à sédiments et, parfois, un obstacle infranchissable pour les organismes aquatiques. Elle peut être enfin, ajoutent ces experts, un « lieu privilégié pour la constitution de stocks de phosphore, d’éléments-traces métalliques, de pesticides ».
– Certaines retenues posent en plus des problèmes de légalité. Je pense au barrage de Caussade situé au creux des collines de Saint-Pierre-de-Caubel, à 40 km au nord d’Agen (Lot-et-Garonne). Il a été construit illégalement. Et malgré le soutien de la chambre d’agriculture et de plusieurs élus locaux, la préfète du Lot-et-Garonne a « exclu » toute régularisation du barrage.
Là, on est dans un problème tout à fait extravagant ! Sa construction est un véritable scandale et un déni du droit, en plus d’impacter à terme l’écosystème. Malgré l’absence finale d’autorisation, la chambre d’agriculture (dominée par la Coordination Rurale) a décidé de poursuivre sa construction. Et le plus choquant est qu’effectivement elle ait reçu le soutien de plusieurs élus locaux. Cette situation de mise au pied du mur de l’État est très préoccupante pour l’avenir dans la Région car le risque évident est que cela fasse jurisprudence.
– Existe-t-il des exemples d’agriculture, notamment céréalière, en région Nouvelle Aquitaine, qui vous paraissent respectueux de cette ressource en eau ?
Oui, fort heureusement. Et le suivi effectué par l’équipe de recherche de Vincent Bretagnolle (CEBC-CNRS) au sud de Niort, sur 450 km2 en plaine céréalière (Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre) atteste que plusieurs itinéraires de cultures céréalières sont compatibles avec la préservation de la biodiversité et de la ressource en eau. Je sais aussi qu’il y a des essais avec de nouveaux cultivars de maïs, plus rustiques et adaptés à la sécheresse. Le plus souvent, ces variétés sont moins productives et s’insèrent dans un agrosystème diversifié et sans intrants chimiques. Et, au-delà de la représentation politique dans le monde agricole, lorsqu’on va sur le terrain, il est rassurant d’observer un peu partout des volontés de rejoindre ce chemin de la transition écologique et la conscience que le mode agricole dominant n’est plus viable. Néanmoins, il y a désormais des zones en Région où l’on ne devrait clairement plus cultiver de maïs tel qu’on le fait…
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– On le voit bien, cette question de la préservation de l’eau est étroitement liée à la vision que l’on a de l’agriculture et au projet alimentaire dans un territoire. En Nouvelle Aquitaine, est-ce que l’exécutif partage cette ambition d’une production alimentaire relocalisée, de qualité, écologique et accessible à tous ?
Je dirais qu’il y a un débat depuis plusieurs années sur le modèle agricole et alimentaire en Région. Et, s’il ne fait pas consensus, il progresse dans le bon sens. L’engagement de la région sur cette feuille de route pour 2030 (Néo Terra) l’atteste, avec une forte ambition sur la bio (20 % dans la restauration collective et 80 % des exploitations certifiées en bio « Haute Valeur Ajoutée », le tout en 2030) et les circuits courts (30 % des fermes commercialisant à cette échéance tout ou partie de leurs productions). De même, la Région s’engage-t-elle à fortement réduire ses déchets – avec même un objectif de « zéro plastique » en 2030 –, et d’arrêter tous les pesticides de synthèse en 2030. Au-delà, il persiste des divergences sur la question de savoir si l’agriculture est une activité économique comme une autre. Certains élus continuent à le penser et à considérer qu’elle doit être compétitive et un atout pour l’exportation. Ma vision est clairement différente : pour moi, l’agriculture est d’abord faite pour nourrir les populations ; elle ne doit pas être spéculative ni, comme on l’a vu sur l’eau, prédatrice des ressources naturelles, mais plutôt s’appuyer sur la nature.
– Est-ce à dire que la Nouvelle Aquitaine peut vraiment développer une agriculture à la fois adaptée aux défis climatiques, respectueuse des ressources naturelles et capable de répondre aux besoins alimentaires de sa population ?
Oui, je le crois en grande partie, et beaucoup d’études le démontrent pour la France et plus globalement pour le monde. Cela ne signifie pas que l’on arrête toute importation, ou exportation d’ailleurs, en Nouvelle Aquitaine. Ce serait absurde, nous ne serons certainement jamais autosuffisant en tout. Mais on doit tendre vers la souveraineté alimentaire dans de plus en plus de bassins de population, et adapter aussi nos modes alimentaires, autant que faire se peut, aux réalités climatiques et écologiques. Cela ne veut pas dire qu’il faille supprimer telle ou telle famille d’aliments, plutôt repenser nos besoins alimentaires en fonction des réalités biogéographiques et climatiques. Bien évidemment, cela passe par repenser le développement des territoires et l’occupation des sols. Par remettre, notamment, des ceintures de production vivrière autour des villes. Tout est lié !
Notre ambition est bien de construire une Région résiliente, capable de faire face aux défis écologiques et climatiques, d’une façon concertée et socialement équitable. Pour moi, on ne peut plus être la première région agricole d’Europe et n’avoir que quelques jours par an d’autonomie alimentaire ! On peut relever ce défi, mais c’est clair que cela demande un bouleversement politique réel.
Le gouvernement cède aux pressions du lobby agricole
Subissant la grogne conjuguée des organisations agricoles et d’autres acteurs privés face aux restrictions de pompage d’eau en période de sécheresse, le gouvernement va autoriser la mise en place d’une soixantaine de retenues d’eau en France entre 2019 et 2022. Et ce, a affirmé le 29 août le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, pour « mieux gérer l’irrigation des terres agricoles » en période de sécheresse. Ces constructions se feraient, assure-t-il, avec le plein accord du ministère de la Transition Écologique et Solidaire et verront le jour en coordination avec les écologistes locaux…
Rien n’est moins sûr ! 13 projets de « bassines » dans le département des Deux-Sèvres, 2 en Charente-Maritime et 1 dans la Vienne, sont déjà fortement contestés par des militants écologistes. France nature environnement (FNE) a d'ailleurs annoncé déposer une plainte auprès de la Commission européenne concernant la retenue de Caussade (lire ci-dessus).
Sans attendre, le gouvernement a publié un décret qui instaure une nouvelle dérogation à l'obligation de débit minimal des cours d'eau. Au grand dam des naturalistes et des fédérations de pêche. Or, le 19 août, le BRGM constatait des niveaux globalement très inférieurs des nappes phréatiques par rapport à ceux de 2018 à la même période. Et le site Propluvia recensait, trois jours avant, 85 départements faisant l'objet de restrictions d'eau.
En savoir +
– Présentation de la politique de l’eau en Nouvelle Aquitaine
– Présentation de la Feuille de route de Nouvelle Aquitaine Neo Terra
– Nicolas Thierry vient de publier Se réconcilier avec le vivant ? aux éditions Rue de l'Échiquier (2019).
(1) Période où l’on observe un débit minimum d'un cours d'eau calculé sur un pas de temps donné en période de basses eaux. Ainsi pour une année donnée on parlera de débit d'étiage journalier, débit d'étiage de tant de jours consécutifs, débit d'étiage mensuel, etc.
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Le jardin du Curé (Forêt-Jardin : Agrofo-resterie)
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Monsieur le Vice-Président, je suis en train d'expérimenter par mon mode de vie ce qu'on appelle la transition écologique. Mon association expérimente des travaux de gestion écologique de l'eau dans de une production agricole vivrière. Un projet d'avenir comme le mien pourrait-il jouir de subventions?https://www.laforetnourriciere.org/le-jardin-du-cure-en-charente/ , https://www.facebook.com/rtremeau/ merci , Cordialement Romain TREMEAU