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L'oasis Saint-Julien ou comment allier bâti ancien et écoconstruction


Vue aérienne de l'oasis Saint-Julien


Pour beaucoup d’oasis, concilier sobriété énergétique, éco-construction et bâti existant est un véritable casse-tête. Dans leur oasis Saint-Julien (Salvagnac, Tarn), Hélène et Jean René Funel ont développé un trésor d’imagination pour transformer leur bâtisse en un véritable habitat écologique. Le tout avec peu de moyens… Témoignage d’un parcours exigeant, parfois difficile, mais toujours joyeux.


 « Arrivés en 1980 dans le Tarn, nous sommes immédiatement tombés sous le charme du lieu : une surface de 3ha avec un bâtiment principal de trois étages datant du début du XIXe siècle. Superbe mais en assez mauvais état. Pour entretenir et rénover ce bâti, il a fallu composer avec le trio infernal habituel : nos souhaits, notre budget et les impossibilités techniques. 

"Peut-être faut-il préciser que la rénovation d'une bâtisse comme celle-là, sur plus de trente années, n'est pas qu'une simple affaire de mise aux normes ou d'engrenage des travaux. Si nous avons mis autant de temps, d'énergie, d'ardeur et d'argent, c'est parce que nous avons un attachement très particulier à cette maison. Sans entrer dans le détail d'une très longue histoire psychogénéalogique, nous pouvons dire qu'habiter, modeler, embellir ce lieu était une évidence, voire une nécessité pour nous. Pour ce qu'il a de symbolique et d'énergétique, nous ne pouvions pas ne pas nous dédier à ce lieu.

Une dégradation progressive

“ Les dix premières années – comptant les hivers 85 et 86, avec des pointes jusqu’à - 26 °C, les installations existantes se sont dégradées sous l’effet du gel : tuyaux encastrés cassés, radiateurs en fonte fendus... Nous étions alors hôtesse et steward dans l’aviation civile : en revenant d’un vol sur l’Alaska, pas de différence de température en hiver, par contre en venant de Rio… !

"Rénover une telle bâtisse, sur plus de trente années, n'est pas une simple affaire de mise aux normes mais bien l'effet d'un attachement viscéral au lieu, d'une nécessité vitale"

Des travaux pour faire de notre maison une oasis ressources

“Au début des années 90, Hélène a cessé de travailler pour se consacrer à notre enfant. Nous avons alors décidé de faire de notre maison de Salvagnac une sorte d'oasis ressources et, par là même, une source de revenus. Pour cela, il a fallu mener des travaux de rénovation, construire un camping et donc tout remettre aux normes énergétiques. 

Aujourd'hui, l'oasis Saint-Julien accueille des stages de yoga

"Pour notre projet de camping, nous avons posé une fosse biologique un peu particulière : le système Sanifutur, à savoir une tranchée drainante, un lit filtrant vertical et une fosse qu’il n’est jamais nécessaire de vider. Résultat : l’eau filtrée est presque potable !

"En 1994, grâce à des subventions et des crédits, nous avons fait construire un hangar entièrement en bois de 400 m² positionné par un géobiologue afin de respecter le design et les énergies du lieu ainsi qu’une piscine de 6 mètres par 12 fonctionnant à l’oxygène actif.

"Pour le système de chauffage, nous avons fait appel à des experts. Les racines des arbres et les canalisations rendaient un système de géothermie impossible. Le solaire, lui, aurait été positionné trop loin, à cause de l’ombre sur le toit portée par les arbres. Nous avons donc finalement opté pour une chaudière au bois avec 16 radiateurs pour un montant de 38 000 €.

"Hélène avait posé une condition aux travaux de toiture : “on ne commence pas sans 10 000€ devant nous.” La providence l’a entendue : Jean René, alors ostéopathe, a cessé de payer la TVA cette année là comme toute la profession. Ce qui a représenté en rentrée d’argent de 10 000€ tout pile !"

"La réfection du toit a été faite en partie par nous-même, aidés de quelques copains. Nous avons posé une isolation en laine de bois pour un coût total d’environ 6 000 € et des fenêtres en chêne à double vitrage pour un montant de 22 000 €. Pour la petite histoire, Hélène, gestionnaire hors paire, avait posé une condition aux travaux de toiture : “on ne commence pas sans 10 000 euros devant nous.” Eh bien, la providence l’a entendue : Jean René, alors ostéopathe, a cessé de payer la TVA cette année là comme toute la profession. Ce qui a représenté en rentrée d’argent de 10 000 euros tout pile !

La salle de 200m2

"Nous avons également installé des toilettes sèches (4 pour 3 toilettes en eau) fonctionnant avec deux seaux par toilette : un qui sèche après rinçage et un qu’il faut changer presque tous les jours.

"Pour entretenir et rénover ce bâti, il a fallu composer avec le trio infernal habituel : nos souhaits, notre budget et les impossibilités techniques"

"En 2012, le hangar, avec ses trois côtés ouverts, était menacé par des tempêtes de plus en plus violentes. Nous avons alors lancé les travaux de bardage avec renforcement des piliers. Dès le début des travaux, du fait d’un manquement de l’entreprise, le hangar s’est effondré sous les yeux d’Hélène... sans personne en-dessous, fort heureusement. Deux ans plus tard, les versements de l’assurance nous ont permis de reconstruire une salle fermée de 225m² entièrement en bois.





     Le hangar effondré en 2012 et tel qu'il existe aujourd'hui. 

"Aujourd’hui, nous terminons deux appartements complets au premier étage, ce qui fera trois en tout, et nous investissons dans un chauffe-eau thermodynamique à hauteur de 3 000 €.

La rénovation du bâti pensée avec un nouveau design du jardin

"Côté jardin enfin, nous nous sommes progressivement lancés dans la permaculture, avec l’aide de notre fils ayant fait des études en maraîchage bio. Buttes, compost, amendements, et une serre de 400m²… Quelle fierté, quel bonheur de faire ses graines, ses plants, c’est bien plus agréable que de négocier avec les murs de la maison et la poussière qui va avec ! 

"Là encore, la providence nous a entendus. En 1999, les vents d’Ouest soufflant de plus en plus fort, Jean-René a déclaré : “il va nous falloir une rangée d’arbres au fond à l’ouest pour nous protéger.” Aujourd’hui, 12 chênes ont poussé tout seuls, et bien alignés en plus !

 Le potager en permaculture mis en place avec l'aide de notre fils

Le tout en festival !

"Pour donner plus de vie encore à cette dynamique de réhabilitation, nous recevons régulièrement des groupes et organisons un Festival de la récup’ - les 12 et 13 août 2017 cette année - dont les bénéfices vont à l’ONG ETW. Au programme : ateliers, conférences, apéros concerts, vide grenier, manège, gratiferia…. 

"Plus généralement, notre oasis ressources se donne pour raison d'être d'incarner et d'accompagner aujourd’hui cette nouvelle société plus écologique et plus humaine, avec le soutien du Mouvement Colibris."


 En savoir plus sur le Festival de la Récup'


POUR ALLER + LOIN

- Agnès GALLETIER. Rénover une vieille bâtisse, Je passe à l'acte, Actes Sud, 2017. 

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