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Pendant le confinement, les Restos du cœur sont plus importants que jamais

Au moment où le confinement a été décrété dans notre pays, le centre des Restos du cœur de Nice-Falicon, auquel j'appartiens depuis une dizaine d'années, était à l'arrêt pour deux semaines. Comme les quatre autres centres de la ville de Nice. En effet, la saison d'hiver venait de se terminer et la collecte nationale de denrées alimentaires non périssables avait été effectuée par les bénévoles dans les principaux supermarchés de la ville, ce qui avait heureusement reconstitué nos stocks. 


Inquiets des difficultés que le confinement pouvait rajouter pour les plus précaires,  s'est très vite posée la question de rouvrir les quatre centres de Nice pour la saison d'été. Pour celui de Nice-Falicon un sondage a d’abord eu lieu parmi les bénévoles concernant la faisabilité de cette réouverture dans les conditions habituelles, auxquelles nous sommes très attachés : la relation directe et personnalisée avec les familles accompagnées, le choix des aliments et l’attention apportée à un équilibre nutritionnel malgré le manque de livraisons depuis l’entrepôt. Et enfin l’ouverture habituelle de deux fois par semaine.

Alors que la plupart des bénévoles sont plutôt âgés – et davantage exposés au virus –, ce sont finalement 6 bénévoles relativement jeunes, dont l'animateur de notre centre, qui ont assuré début avril la réouverture du centre de Nice-Falicon, un mardi matin par semaine. Nous disposons de masques, de gants et de gel hydroalcoolique pour les bénévoles. 

Ainsi, la veille des mardis, des sacs ont été préparés en fonction du nombre de personnes prises en charge (1, 2 ou 4 par famille) comportant des produits secs (conserves, riz, couscous...). Les produits frais sont ajoutés au dernier moment au colis de dépannage, selon les goûts exprimés par les familles. Une dotation de yaourts de la part de l'association caritative locale Mir a même pu être apportée ponctuellement. 

Là où nous accueillons d’ordinaire quelques 340 inscrits (familles mono-parentales, retraités, chômeurs ou réfugiés), depuis la réouverture environ 69 familles sont venues. Mais le bouche à oreille ayant fonctionné, 382 adultes bénéficiaires et 22 bébés de moins de 18 mois ont finalement afflué la semaine dernière. En outre, 38 familles, venues d'un autre centre non ouvert en ville car la sécurité sanitaire y est impossible à assurer, ont grossi les rangs de nos bénéficiaires. Toutes les personnes ont accepté de se ranger en file indienne, afin de respecter les distances prescrites. Certains inscrits, toutefois, restent encore chez eux, car ils n'osent pas prendre le risque de circuler en tram ou en bus. Et beaucoup se déplacent à pied avec un caddy. 

Notre espoir à présent, pour pouvoir continuer à approvisionner notre centre, est que des livraisons de surgelés, de laitages et d’oeufs puissent être effectuées par camion depuis notre entrepôt de Grasse.

Confinement : des millions de Français plongés dans la précarité 

Avec la crise sanitaire liée au Covid-19, le nombre de personnes en demande d’aide alimentaire a explosé ! Aux 5,5 millions de personnes qui reçoivent ponctuellement ou régulièrement une aide alimentaire en France, viennent désormais s’ajouter les travailleurs précaires, saisonniers et non déclarés privés d’emploi pendant le confinement, les parents dont le budget nourriture explose avec la suspension des cantines scolaires, les salariés en chômage partiel, les travailleurs indépendants au chômage technique, les étudiants…

Pour faire face à ce basculement d’une partie de la population dans la grande précarité, le gouvernement vient de débloquer en urgence une enveloppe de 39 millions d’euros à destination des associations – à hauteur de 25 millions d’euros – et des territoires – 14 millions.

« Une respiration notable et bienvenue » salue Patrice Blanc, le président des Restos du cœur, qui réclamait, avec d’autres associations, ces aides depuis des semaines. Au-delà, « ce qui nous préoccupe, c’est le long terme », insiste-t-il. Car tous les indicateurs sociaux sont passés au rouge en quelques semaines : impossibilité de payer ses charges et son loyer pour un nombre croissant de Français, de s’alimenter ou se soigner correctement, précarité accrue des étudiants, des sans domicile fixe, etc.

Vincent Tardieu


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