L’arbre de vie : vivre l’écologie en collectif et entre amis
Gaëlle Richardeau est graphiste et illustratrice. Loïck Kalioudjoglou est ingénieur-docteur en énergie. Ensemble, ils ont décidé de parcourir les routes des France en 2019 pour découvrir des Oasis qui répondent concrètement aux enjeux écologiques et sociétaux du 21ème siècle. C’est avec leur camion aménagé qu’ils se déplacent et livrent leur regard sur les lieux visités.
Dans le petit village de Maumusson (Loire Atlantique), les huit habitants de l’Arbre de Vie expérimentent mille et une manières de vivre autrement dans le respect de l’homme et l’environnement. Et la dynamique de ces trentenaires motivés crée la curiosité dans le pays d’Ancenis...
C’est en 2015 que naît l’Arbre de Vie, lorsqu'Aurélien et Alex achètent un ancien corps de ferme et un terrain de près de 600m2 pour près de 45 000€. En plus, ils décident rapidement de louer 8 000m2 à un voisin et voient un second voisin mettre à leur disposition gratuite 1,2ha. L’ambition initiale de ce couple et de leur bande d’amis : créer un jardin pédagogique cultivé en permaculture. Conscients des enjeux environnementaux, c’est donc par conviction que ces amis décident de construire un lieu de partage en s’appuyant sur le MOOC Oasis des Colibris.
Aujourd’hui, les 8 membres de l'Arbre de Vie souhaitent développer leurs activités tout en conservant une entraide et une mutualisation des espaces et des outils. Cette diversité se retrouve au point de vente présent à l’entrée de la ferme où sont proposées toutes les productions de la ferme : fruits et légumes du jardin, jeux en bois produits à l’atelier, savon et shampooing artisanaux, confiseries et gâteaux de la cuisine. Les habitués salivent d’avance en imaginant le fromage des brebis qui viennent d’arriver sur le lieu. Ici tout est à prix libre. Autrement dit, la caisse est gérée par les clients : chacun renseigne sur un carnet ses achats, paie le montant qu’il veut et prend ses produits !
La ferme est également un lieu de rencontre où de nombreux bénévoles et amis de l’association partagent les activités et les repas. Le lundi matin, un temps est pris pour faire la « météo » du groupe - un rituel d’échange et d’organisation du collectif. Chacun y exprime son état d’esprit du moment qui peut être «ensoleillé», «nuageux» ou encore «arc-en ciel» ! Ce moment permet également de répartir les tâches collectives et d’organiser les chantiers de la semaine.
Lors d’un atelier manuel, Jasmine Ghoundale et Mathilde Redaud ont recueilli les parcours de vie et les sensibilités de chacun des 8 membres
Actuellement, 5 habitants partagent la maison principale qui a été auto-rénovée. Une chambre supplémentaire et une cave, qui permettra de stocker les productions du collectif, sont également en cours de construction. Les méthodes d’éco-construction tels que l’utilisation de mélange terre-paille ou la construction en pierre sont utilisées par les habitants pour ces chantiers. Au jardin, l’autonomie est le maître-mot : des graines au terreau en passant par les outils de travail, des solutions pour l’atteindre sont imaginées par les habitants pour les cultures.
À l’occasion de ses portes ouvertes 2019, ce n’est pas moins de 1 100 personnes qui sont venues à l’Arbre de Vie découvrir comment ses habitants essaient de faire différemment dans le respect de l’humain et de l’environnement. Les curieux ont pu y voir une démonstration de forge où l’on travaille le métal, entendre un conte sous la structure du “zome”, un losange en bois, se promener dans le jardin Picasso et découvrir des applications concrètes des principes de la permaculture. Les allées de ce jardin pédagogique invitent à la balade et éclairent les interactions entre le compost de cuisine, le poulailler et les buttes de cultures.
Cette année, c’est une équipe de près de 20 personnes qui a permis d’organiser ce temps fort de l’association. Vivre ici quelques jours suffit pour sentir l’effervescence et l’envie de transmettre aux autres les pratiques écologiques. En 2019, le lieu s’est ouvert à la culture avec une résidence artistique organisée par Mathilde, une bénévole de longue durée à l'Arbre de Vie. L'artiste plasticienne Jasmine a pu s'installer plusieurs semaines sur place pour développer ses créations. En parallèle, le réalisateur Antoine Trichet est venu tourner un documentaire sur la vie du collectif. Il souhaite mettre en lumière les pratiques mises en place pour répondre aux enjeux sociétaux et écologiques.
Julie, membre du collectif, a accepté de nous livrer son regard sur le projet de l’Arbre de Vie.
- Si tu dois définir en quelques mots l’Arbre de Vie, quelles sont les idées qui te viennent en premier ?
Julie : "Je dirais l’entraide, la solidarité et la même conscience des enjeux sociétaux et environnementaux. On est tous assez éveillés sur le sujet et on essaye d’agir à notre toute petite échelle. Dans ce lieu, c’est impressionnant, l’entraide qu’il peut y avoir. Tu n’es jamais tout seul et c’est vraiment agréable. La solitude ne me convient pas et vivre avec autant de personne me fait me sentir toujours accompagnée et soutenue dans ce que je fais. Cette sensibilité à l’humain est toujours présente et toutes ces petites attentions sont hyper riches."
- Quel était le rêve que vous imaginiez en créant ce lieu ?
"On visait un lieu au maximum autonome au niveau alimentaire et énergétique. On voulait chacun vivre de notre activité et faire ce qui nous plaisait pour d’abord s’épanouir. Du coup, on s’est tous dirigés vers nos passions et on s’est donné les capacités de démarrer notre rêve. On voulait aussi un lieu polyvalent et pouvoir tous toucher à tout : tout construire nous-mêmes et être autonome tout en restant ouvert sur l’extérieur. Aujourd’hui tout n’est pas parfait mais on est sur le chemin de cette transition."
- Quelle est la principale réussite en termes d’organisation ?
"Ça fait quelques années qu’on a décidé de se retrouver tous les mardis. Le mardi soir, c’est notre soirée à nous. Ceux qui travaillent à l’extérieur rentrent du boulot et débarquent ici et on fait un grand repas tous ensemble pour discuter. Dès fois, on établit à l’avance si c’est un échange libre ou si c’est un moment de réunion autour d’un sujet bien précis. J’aime beaucoup ces soirs-là, autant quand on aborde un sujet vraiment très précis comme un chantier que quand on déconne et que la discussion part dans tous les sens. Le mardi est un jour de réunion au premier sens du terme : c’est d’abord un moment pour se réunir ensemble."
- Quelles sont les difficultés que vous avez pu traverser ?
"Les difficultés sont principalement liées à l'humain : on a pu manquer d’organisation et de communication à certaines périodes. Ce n’est pas évident la communication dans un groupe de gens qui ont chacun leur bagage personnel. On se remet en question et ça peut être compliqué à gérer car, en groupe, on vit ça puissance 10. La communication a été notre défaut par moment mais aussi notre force donc ça finit par s’équilibrer."
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