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Mode d'emploi

Portrait d'une Communicante Non Violente


Article paru dans le n°20 / été 2018 d'UP le Mag




Instaurer des relations harmonieuses et de confiance entre différentes personnes. Tel est le crédo de la communication non violente, pratiquée au quotidien par Nathalie Achard, responsable de la communication du Mouvement Colibris. Mode d’emploi.



" J’ai toujours été intéressée par la désobéissance et les mouvements non violents, confie Nathalie Achard, en charge de la communication de l'association Colibris. J’ai découvert la communication non violente (CNV) il y a cinq ans, lorsque je travaillais à Greenpeace, en lisant Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) du psychologue américain Marshall Rosenberg, qui l’a mise au point. » Nathalie, qui par son métier cherche des moyens de faire passer, au mieux, des messages, découvre alors une « posture » qui permet à des personnes de mieux communiquer entre elles. « Pour trouver des points de convergence, il faut de l’ouverture et mieux écouter les interlocuteurs. Les prendre en considération, se mettre à leur place. Être curieux et bienveillant à leur égard », explique Nathalie.

"Pour trouver des points de convergence, il faut être curieux et bienveillant avec ses interlocuteurs."

Après avoir découvert la CNV, elle partage à certains militants de Greenpeace ses trouvailles lors d’une formation. Et, pour mieux se faire comprendre, elle prend l’exemple d’une conversation imaginaire sur la sûreté nucléaire avec une personne pro-atome. Selon elle, l’assommer avec des chiffres pour lui indiquer qu’il a tort n’apporte rien. « Il croit vraiment que le nucléaire est sûr. Il vaut mieux lui dire qu’on comprend sa position et lui expliquer que l’on a d’autres données. En ajoutant : ‘J’ai confiance en des personnes qui disent le contraire.’ » Nathalie aime répéter une citation du psychologue américain à l’origine de la CNV : « À chaque instant, nous avons le choix entre vouloir avoir raison et vouloir être heureux. Avoir les deux à la fois est impossible. » 

« Au début, des tâtonnements »

Mais, au fait, pourquoi communication... non violente ? « La CNV est une méthode qui tente de limiter au mieux la tension entre deux parties, deux personnes. Les conflits sont nécessaires, mais on apprend à les gérer. » Et ce, grâce à la « colonne vertébrale de la CNV », à savoir ce que les adeptes de la communication non violente appelle « l’OSBD » pour « observation, sentiment, besoin, demande ». Comment procède Nathalie ? Elle démarre par une phase d’observation de l’autre puis de recherche des sensations, des sentiments ressentis. « J’essaye de comprendre comment je me sens. Exemple : je ressens de la tristesse, de la colère, précise Nathalie. La connaissance de l’état émotionnel est importante, et on peut le restituer à l’autre. » Et ce, avant de formuler ses propres besoins. « C’est une pratique de long cours, et, au début, c’est un nouveau territoire à explorer, donc il y a beaucoup de tâtonnements. » Enfin, dans l’échange entre deux personnes (ou entre des groupes), lors d’une situation de conflit notamment, il y a parfois des demandes, qu’il convient de transmettre « sans faire d’exigence », relève Nathalie. Pourquoi ? « Car, avec une demande, on peut entendre un ‘non’, ce qui permet d’ouvrir le dialogue et de trouver des solutions. Si on exige quelque chose, c’est plus compliqué, puisqu’on ne peut pas entendre de ‘non’. Quand on exige, on est dans l’incapacité de s’ouvrir à l’autre. » 

"Les conflits sont nécessaires, mais on apprend à les gérer."

La CNV, elle la « pratique au quotidien » dans les échanges avec les autres et avec elle-même. Et ce, tant dans sa vie personnelle que professionnelle – au bureau, au Mouvement Colibris, Nathalie et ses collègues mettent en place « une gouvernance libérée », dit-elle, et la CNV lui apporte des solutions. Et, ainsi, Nathalie assure « progresser » chaque semaine. « Je suis de plus en plus en capacité de voir au-delà de la violence, de la confrontation, les besoins non satisfaits, car j’ai déjà une meilleure connaissance de moi-même et parce que cela m’intéresse de découvrir l’autre, comme un humain qui a les mêmes besoins que moi, mais qui agit différemment pour les nourrir. Cela permet, ajoute-t-elle, d’éviter certains conflits, ou en tout cas de mieux les gérer pour les résoudre. »

"À chaque instant, nous avons le choix entre vouloir avoir raison et vouloir être heureux. Avoir les deux à la fois est impossible." Marshall Rosenberg



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