2025 année de la mer : le groupe local Colibris agathois se mobilise pour un littoral propre

Comment vous est venue l'idée de l'initiative #StopMégots ?

Tout simplement, des personnes qui participent à nos opérations de ramassage de déchets et qui nous ont dit « c'est surtout des mégots qu’on ramasse ». Alors l’année dernière on a décidé de faire une action spécifique sur ce problème pour renforcer le discours de sensibilisation. C’est la première initiative que nous menons sur ce thème. L’idée, c’est d’amener les personnes à remplir des bouteilles pour créer une prise de conscience visuelle. Et on s’est dit qu’un ciné-débat serait un bon format pour réunir les parents et les enfants, afin de les sensibiliser.

Pour les inciter on avait proposé une place offerte pour une bouteille de mégots rapportée et cela a aussi parlé aux parents. En fait les enfants et les adolescents sont réceptifs. Ils sont déjà sensibilisés et ils ont envie de s'impliquer. Cette génération a grandi avec le tri sélectif, les messages sur les déchets, l'environnement...

Penses-tu pouvoir changer quelque chose avec cette action ? Si oui quoi ?

Oui et les choses bougent déjà ! On a rencontré la commune, le maire, l'élu à l'environnement. Ils ont été réceptifs à l’idée de prendre des mesures. D’abord avec l’installation de cendriers sur le port d’Agde. Ensuite avec la mise en place d'une plage non-fumeurs dans l’aire marine protégée qui est une zone de bio-diversité importante, à partir de l’été 2026.

Cela prend un peu plus de temps car le sujet est complexe. D’un côté, les mégots sont une pollution évidente, de l’autre, le tourisme est la principale ressource de la ville et les autorités ne veulent pas mettre trop de pression sur les personnes qui viennent ici en vacances.

Pour montrer et soutenir l’engagement des gens on a aussi créé une pétition.

Et puis aujourd’hui, c’est l'agglomération qui commence à faire appel à nous sur des AMI (Appel à Manifestation d'Intérêt) pour des défis liés à la nature, pour participer à des ateliers d'intelligence collective... L’idée est par exemple de réunir une diversité de participants de la commune sur la question : « comment sensibiliser les citoyens à la problématique du plastique ? Le tout, avec des moyens non encore utilisés, notamment en partant des types de personnes qui "polluent", selon leur rapport aux déchets. »

Quelles ont été les principales difficultés ?

Le plus difficile c’est de faire face à la démotivation de certaines personnes. Donc quand des gens nous disent « mon action individuelle ne changera rien », on utilise toute la force de la légende du colibri pour faire comprendre que notre action collective peut changer les choses. Avec les institutions et les entreprises on valorise une dynamique écologique positive qui est bonne pour l'image de la commune et pour ses habitants. Et puis il y a des difficultés pratiques. Avec la haute saison, il y a un flux de personnes vers le littoral agathois. Cela provoque une hausse de la quantité de déchets, dont les mégots, avec des infrastructures qui ne sont pas dimensionnées pour. Dès lors, les déchets s’accumulent rapidement.

Quels conseils pourrais-tu donner à d'autres personnes engagées avec Colibris pour développer des actions locales ?

C’est important d’identifier des partenaires locaux. Par exemple, notre partenariat avec le cinéma et le casino nous ont permis de mettre en place le ciné-débat, et eux faisaient une action positive pour la commune. Ainsi, ils répondent à leurs obligations RSE et à leur volonté de s'ancrer localement.

Travailler en synergie avec son territoire c’est la base et c’est ce qui marche avec le Printemps des Colibris. On s'aperçoit que plein de gens font plein de chose. Ça donne des idées, ça aide de se sentir entourés. Pour un groupe local qui se lancerait je conseillerais de commencer par de petits événements et d’écouter les thématiques favorites des personnes Colibris. Á Agde nous sommes sept et donc il y a une vraie dynamique. D’ailleurs, venez nous voir, pour le Printemps des Colibris le 18 mai, et puis à la fin de l'été, rejoignez-nous pour le nettoyage de la nature !

Comme le rappelle le CIEAU (Centre d’information sur l’eau) :

* En France, chaque année, 30 à 40 milliards de mégots sont jetés par terre.

* Les mégots représentent 40 % des déchets récupérés lors des campagnes internationales de nettoyage. C’est le détritus le plus répandu ramassé sur les plages du monde.

* Un mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau.

(c) Photo Samantha Klingelschmitt